S. m. (Histoire ancienne) officier public chez les anciens, dont la fonction était de déclarer la guerre. Les Grecs, les Romains, et la plupart des autres peuples policés ont eu de tels officiers sous des noms différents, et qui jouissaient de droits et de privilèges plus ou moins étendus. Leurs personnes, dans l'exercice de leur charge, étaient réputées sacrées par le droit des gens ; car alors les nations civilisées avaient coutume de dénoncer la guerre à leurs ennemis, par un héraut public. On lit dans le Deutéronome, ch. 20. Ve 10. 11. 12. que la loi défendait aux Hébreux, d'attaquer une ville sans lui avoir premiérement offert la paix, et cette offre ne pouvait être faite que par des personnes qui eussent un caractère de représentation. Les Grecs les nommaient par cette raison, , conservateurs de la paix ; et c'était un crime de lése-majesté, que de les insulter dans leur ministère. L'enlévement du héraut de Philippe, fut une des raisons qu'il allégua pour rompre la paix qu'il avait jurée. Homère nous parle souvent dans l'Iliade et l'Odyssée, des hérauts grecs, et de leurs fonctions. Achille, ce guerrier jeune, bouillant, emporté, traita avec le plus grand respect les hérauts que le despote, l'injuste Agamemnon envoya dans sa tente, pour lui enlever Briséïs qu'il aimait et que les Grecs lui avaient accordée comme la récompense de ses travaux guerriers. Les hérauts tremblaient à mesure qu'ils approchaient du moment de la commission dangereuse qu'on leur avait donnée. Achille s'en aperçut et leur dit : " Venez sans crainte, envoyés des dieux ; ce n'est pas vous qui m'offensez, mais l'homme injuste à qui vous obeissez ". Ce trait et beaucoup d'autres prouvent assez qu'on ne peut pas dire d'Achille, jura negat si nata. Les hérauts portaient le nom de féciaux chez les Romains, étaient tirés des meilleures familles, et formaient un collège également illustre et considérable. Voyez FECIAL.

HERAUT, (Gymnastique) officier qui servait dans les jeux athlétiques, à proclamer les statuts, le nom des combattants, des vainqueurs, et généralement les ordres des Hellanodices.

Ces sortes de hérauts étaient consacrés à Mercure, et faisaient une partie de leurs proclamations en vers, dans la solennité des jeux publics de la Grèce. La voix forte les rendait recommandables, et l'on les éprouvait à cet égard, de manière qu'il y avait entr'eux une espèce de combat, à qui remporterait le prix en ce genre, comme il parait par des passages de Lucien et de Démosthène. Homère n'a point oublié de célébrer Stentor, dont la voix plus éclatante que l'airain, pouvait servir de trompette, et se faisait entendre plus loin, que celle de cinquante hommes des plus robustes. Tout était considéré chez les Grecs ; tous les avantages du corps comme ceux de l'esprit, avaient part aux honneurs et aux récompenses. (D.J.)

HERAUT, (Histoire moderne) un héraut, ou héraut d'armes, était anciennement un officier de guerre et de cérémonie, qui avait plusieurs belles fonctions, droits et privilèges.

Ducange tire ce mot de l'Allemand Heere-ald, qui signifie gendarme, sergent d'armes, ou de camp ; d'autres le dérivent de heer-houd, fidèle à son seigneur ; ce sont là les deux étymologies les plus vraisemblables.

On divisait ces officiers de guerre et de cérémonie, en roi d'armes, hérauts, et poursuivants. Le premier et le plus ancien s'appelait roi d'armes. Voyez ROI D'ARMES. Les autres étaient simplement hérauts, et l'on donnait le nom de poursuivants aux surnuméraires.

Les hérauts, y compris le roi d'armes, étaient au nombre de trente, qui avaient tous des noms particuliers qui les distinguaient. Montjoie Saint Denis était le titre affecté au roi d'armes ; les autres portaient le nom des provinces de France, comme de Guienne, Bourgogne, Normandie, Dauphiné, Bretagne, etc.

Ils étaient revêtus aux cérémonies, de leurs cotte-d'armes de velours violet cramoisi, chargée devant et derrière de trois fleurs-de-lis d'or ; de brodequins pour les cérémonies de paix, et de bottes pour celles de la guerre. Aux pompes funèbres, ils portaient une longue robe de deuil trainante, et tenaient à la main un bâton, qu'on appelait caducée, couvert de velours violet, et semé de fleurs-de-lis d'or en broderie.

Plusieurs auteurs ont décrit fort au long, les fonctions, droits et privilèges de nos anciens hérauts d'armes, en paix et en guerre ; mais nous ne rapporterons ici que quelques-unes des particularités sur lesquelles ils s'accordent.

Le principal emploi des hérauts était de dresser des armoiries, des généalogies, des preuves de noblesse, de corriger les abus et usurpations des couronnes, casques, timbres, et supports ; de faire dans leurs provinces les enquêtes nécessaires sur la noblesse, et d'avoir la communication de tous les vieux titres qui pouvaient leur servir à cet égard.

Il était de leur charge de publier les joutes et tournois, de convier à y venir, de signifier les cartels, de marquer le champ, les lices, ou le lieu du duel, d'appeler tant l'assaillant que le tenant, et de partager également Ie soleil aux combattants à outrance. Ils publiaient aussi la fête de la célébration des ordres de chevalerie ; et s'y trouvaient en habit de leur corps.

Ils assistaient aux mariages des rais, et aux festins royaux qui se faisaient aux grandes fêtes de l'année, quand le roi tenait cour pleinière, où ils appelaient le grand-maître, le grand pannetier, le grand bouteillier, pour venir remplir leur charge. Aux cérémonies des obseques des rais, ils enfermaient dans le tombeau les marques d'honneur, comme sceptre, couronne, main de justice, etc.

Ils étaient chargés d'annoncer dans les cours des princes étrangers, la guerre ou la paix, en faisant connaître leurs qualités et leurs pouvoirs ; leurs personnes alors étaient sacrées, comme celles des ambassadeurs.

Le jour d'une bataille, ils assistaient devant l'étendard, faisaient le dénombrement des morts, redemandaient les prisonniers, sommaient les places de se rendre, et marchaient dans les capitulations devant le gouverneur de la ville. Ils publiaient les victoires, et en portaient les nouvelles dans les cours étrangères alliées.

Les premiers commencements des hérauts d'armes ne furent pas brillans ; nous voyons par les anciens livres de Romancerie, et par l'histoire des rois qui ont précédé S. Louis, qu'on ne regardait les hérauts que comme de vils messagers, dont on se servait en toutes sortes d'occasions. Ils eurent un démêlé avec les trouvères et chanterres sur la préséance. Pour établir contr'eux leur dignité, ils produisirent un titre, par lequel Charlemagne leur accordait des droits excessifs, et c'était un faux titre ; cependant ils parvinrent insensiblement à s'accréditer, à obtenir des privilèges, et à composer leur corps de gens nobles ; mais, dit Fauchet, " ce corps s'est abattardi par aucuns qui y sont entrés, indignes de telle charge, et par le peu de compte que les rois et princes en ont fait, principalement depuis la mort d'Henri II. quant à l'occasion des troubles, les cérémonies anciennes furent méprisées, faute d'en entendre les origines ". Depuis il n'a plus été question du corps des hérauts.

Il arriva seulement que lorsque Louis XIII. vint en 1621 dans les provinces méridionales de son royaume, pour contenir les chefs de parti, il fit renouveller l'ancienne formalité suivante, qui est aujourd'hui entiérement abolie.

Lorsqu'on s'approchait d'une ville où commandait un homme suspect, un héraut d'armes se présentait aux portes ; le commandant de la ville l'écoutait chapeau bas, et le héraut criait : " A toi Isaac ou Jacob tel, le roi ton souverain seigneur et le mien, t'ordonne de lui ouvrir, et de le recevoir comme tu le dais, lui et son armée ; à faute de quoi, je te déclare criminel de lése-majesté au premier chef, et roturier toi, et ta postérité ; tes biens seront confisqués, tes maisons rasées, et celles de tes assistants.

Le même Louis XIII. en 1634, envoya déclarer la guerre à Bruxelles par un héraut d'armes ; ce héraut devait présenter un cartel au cardinal infant, fils de Philippe III. gouverneur des pays-bas. C'est-là la dernière déclaration de guerre qui se soit faite par un héraut d'armes ; depuis ce temps on s'est contenté de publier la guerre chez soi, sans l'aller signifier à ses ennemis. Et pour ce qui regarde les fonctions des hérauts à l'armée, c'est en partie les trompettes et les tambours qui les remplissent aujourd'hui.

Si quelqu'un est curieux de plus grands détails, il peut consulter Ducange au mot Heraldus ; le Glossar. Archaeolog. de Spelman ; Jacob. Spencer de Art. heraldicâ, Francof. 2. vol. in-fol. la Science héraldique de Vulson de la Colombière ; Fauchet, Traité des Chevaliers ; André Favin, Théâtre d'honneur ; et finalement le livre intitulé, Traité du héraut d'armes, Paris 1610, in-12. (D.J.)

HERAUT D'ARMES, (Histoire moderne) Leur collège qu'on appelle en anglais the herald's-office, dépend du grand maréchal d'Angleterre.

Les hérauts d'armes anglais sont assez instruits des généalogies du royaume ; ils tiennent registre des armoiries des familles, règlent les formalités des couronnements, des mariages, des baptêmes, des funérailles, etc. On les distingue en trois classes, les kings of arms, les heralds et les pursevants at arms.

Il y a trois kings of arms ; le premier qui s'appelle le Garter, fut institué par Henri V. pour assister aux solennités des chevaliers de la Jarretière, pour leur donner avis de leur élection, pour les inviter de se rendre à Windsor afin d'y être installés, et pour poser les armes au-dessus de la place où ils s'asseyent dans la chapelle : c'est encore lui qui a le droit de porter la jarretière aux rois et princes étrangers, qui sont choisis membres de cet ordre ; enfin c'est lui qui règle les funérailles solennelles de la grande noblesse : sa création était autrefois une espèce de couronnement accompagné des formalités du règne de la chevalerie : il est obligé, par son serment, d'obéir au souverain de l'ordre de la Jarretière en tout ce qui regarde sa charge ; il doit informer le roi et les chevaliers de la mort des membres de l'ordre, avoir une connaissance exacte de la noblesse, et instruire les hérauts de tous les points douteux qui regardent le blason ; mais il doit être toujours plutôt prêt à excuser qu'à blâmer aucun noble, à moins qu'il ne soit contraint en justice à déposer contre lui.

Clarencieux et Norroy, les deux autres hérauts d'armes, sont appelés hérauts provinciaux, parce que la juridiction de l'un est bornée aux provinces qui sont au nord de la Trent, et l'autre a dans son district celles qui se trouvent au midi ; ils ordonnent des funérailles de la petite noblesse, savoir des baronnets, chevaliers et écuyers : ils sont tous deux créés à peu près comme le Garter, avec le pouvoir par patentes, de blasonner les armes des nobles.

Ceux qu'on nomme simplement héralds sont au nombre de six, distingués par les noms de Richemont, de Lancaster, de Chester, de Windsor, de Sommerset et d'Yorck. Leur office est d'aller à la cour du grand maréchal pour y recevoir ses ordres, d'assister aux solennités publiques, de proclamer la paix et la guerre.

Les poursuivants, au nombre de quatre, s'appellent blue-mantles, ou manteaux bleus, rouge-croix, rouge-dragon et port-cullice ; en français, portecoulisse, probablement des marques de décoration, dont chacun d'eux jouissait autrefois. Outre ces quatre poursuivants, il y en a deux autres qu'on appelle poursuivants extraordinaires.

Le collège des hérauts a pour objet tout ce qui regarde les honneurs, parce qu'ils sont considérés tanquam sacrorum custodes, et templi honoris aeditui. Ils assistent le grand maréchal dans sa cour de chevalerie, qui se tient ordinairement dans la salle des hérauts, où ils prenaient place autrefois vêtus de leur cotte-d'armes. Il faut qu'ils soient, à l'exception des poursuivants, gentlemen de naissance, et les six hérauts sont faits écuyers, squiers, lors de leur création. Ils ont tous des gages du Roi ; mais le Garter a double salaire, outre certains droits à l'installation des chevaliers de l'ordre, et quelques émoluments annuels de chacun d'eux. (D.J.)

HERBACE, adj. (Grammaire) qui est de la nature de l'herbe, ou des plantes herbacées.