S. m. pl. (Histoire ancienne) nom qu'on donnait autrefois à des prêtres de Mars qui étaient au nombre de douze, institués par Numa. Ils portaient des robes de différentes couleurs avec la toge bordée de pourpre, et des bonnets très-hauts faits en cône, à quoi quelques-uns ajoutent un plastron d'acier sur la poitrine.

On les appelait Salii, du mot saltare, danser, parce que ces prêtres lorsqu'ils avaient fait leurs sacrifices, allaient par les rues en dansant ; ils tenaient à leur main gauche de petits boucliers, nommés ancilia, et à la droite une lance ou bâton, avec lequel ils frappaient en cadence sur les boucliers les uns des autres, en chantant des hymnes en l'honneur des dieux.

Il y avait deux compagnies ou collèges de Saliens. Les anciens Saliens établis par Numa, s'appelaient Palatini : les autres institués par Tullus Hostilius, se nommaient Collini ou Agonales. Servius dit cependant qu'il y avait deux collèges de prêtres Saliens, institués par Numa, savoir les Collini et les Quirinales : et deux autres classes instituées par Tullus, savoir les Pavorii et les Pallorii, c'est-à-dire prêtres de la peur et de la pâleur, que les Romains adoraient aussi-bien que la fièvre. Il est assez douteux que ces derniers fussent véritablement du collège des Saliens, puisque Plutarque assure que les véritables Saliens étaient les prêtres des dieux belliqueux, et la peur et la pâleur ne sont rien moins que des divinités guerrières : à moins qu'on ne dise que dans les combats elles sont connues des vaincus, et en ce cas l'office des Pavoriens et des Palloriens aurait été de les détourner des armées romaines.

Les Saliens avaient coutume de chanter principalement une chanson ancienne, appelée saliare carmen ; et après la cérémonie, ils faisaient entr'eux un grand festin, delà vint le mot de saliares epulae, ou saliares dapes, pour signifier un bon repas.

Ces prêtres avaient un chef de leur corps, qu'on appelait praesul ou magister saliorum. Il marchait à la tête, et commençait la danse : les autres imitaient tous ses pas et toutes ses attitudes. Le corps entier de ces prêtres était appelé collegium saliorum.

Festus Pompeius fait mention de filles Saliennes, virgines saliares ; qui étaient gagées par les Saliens pour se joindre avec eux dans leurs cérémonies. Ces filles avaient une espèce d'habillement militaire, appelé paludamentum. Elles portaient de grands bonnets ronds comme les Saliens, et faisaient comme eux des sacrifices avec des pontifes dans le palais des rois : mais Rosin, l. III. des antiquités romaines, remarque que Festus est le seul auteur qui parle de ces prêtresses, et ne parait pas adopter ce sentiment comme quelque chose de certain.

M. Patin, prétend qu'on voit la figure d'un prêtre Salien sur une médaille de la famille Saquinia. Cette figure porte un bouclier d'une main, et un caducée de l'autre. Mais elle parait avoir le regard trop grave et trop tranquille pour un personnage aussi impétueux qu'étaient les Saliens dans leurs cérémonies, de plus le bouclier qu'elle porte, ne parait point être le même que celui qu'on appelait ancyle : car le bouclier de la figure est entiérement rond, et n'est échancré nulle part. Enfin peut - on supposer qu'un prêtre de Mars qui est le dieu de la guerre, eut été représenté ayant en main un caducée qui est le symbole de la paix ? Il y a donc apparence que cette figure dont M. Patin parle, n'est point celle d'un prêtre salien.

Au reste les Saliens avaient été en usage en d'autres villes d'Italie, avant que d'être établis à Rome, et Hercule avait eu ses Saliens plus anciennement que Mars. Ceux de ce dernier devaient être de famille patricienne, et ils étaient reçus fort jeunes dans ce collège, puisque Marc Aurele y fut admis à l'âge de huit ans. On dit que leurs filles ne pouvaient être du nombre des vestales. Outre les anciens Saliens, fondés par les rois de Rome, on en trouve d'autres, nommés Augustales, Hadrianales, Antonini, qu'on croit avoir été des prêtres consacrés au culte de ces empereurs après leur apothéose.