WURTENBERG ou WIRTENBERG, (Géographie moderne) duché souverain d'Allemagne, dans la Souabe. Il est borné au nord par la Franconie, l'archevêché de Mayence et le palatinat du Rhin : au midi, par la principauté de Hohenzollern et de Furstemberg : au levant, par le comté d'Oetingen, le marquisat de Burgaw, le territoire d'Ulm, etc. au couchant, par une partie du Palatinat du Rhin, du marquisat de Bade et de la forêt-noire. Il a 22 lieues de long et presque autant de large.

L'empereur Maximilien I. l'érigea en duché à la diete de Worms en 1495, en faveur d'Evérard le barbu. La maison de Wurtemberg qu'on dit descendre d'Evérard, grand - maître de la maison de Charlemagne, est réduite à deux branches, savoir la ducale et celle de Wurtemberg Oèls, établie dans la basse Silésie. La ducale est aujourd'hui catholique.

Ce duché est un pays des plus fertiles et des plus peuplés d'Allemagne. Les grains, les fruits et les pâturages y sont en abondance. Le Danube qui passe dans son voisinage, et le Necker qui les traverse, contribuent beaucoup à enrichir les habitants par la facilité qu'ils ont de transporter leurs denrées chez l'étranger. Le duc de Wurtemberg est grand veneur de l'empire, et il a droit de porter la cornette impériale, lorsque l'empereur commande les armées en personne.

Conrart, surnommé de Léonbergh, en latin Leontorius, moine de l'ordre de Citeaux, naquit en 1460 dans le duché de Wurtemberg, et publia divers écrits qui vous indiqueront les bibliographes ; c'est assez d'en citer ici deux ou trois, dont ils ne font aucune mention.

Le premier est une révision, correction et augmentation de la glose ordinaire de Walafridus Strabo, moine de l'abbaye de Fulde, sur toute l'Ecriture Ste. Cette glose ordinaire est une chaîne d'interprêtes de l'Ecriture composée dans des temps de barbarie, et qui à la honte des sciences, a eu plus de trente éditions. La première est de Nuremberg en 1496, six vol. in-fol. et la dernière est d'Anvers en 1634, en six volumes in-fol. Le second des ouvrages de Leonbergh est une édition des Postillae Hugonis de sancto Charo, in universâ bibliâ, à Bâle en 1504, en six vol. in-fol. C'est un commentaire sur la bible, encore plus barbare que le précédent.

Un troisième ouvrage de Leontorius est une édition des opera sancti Ambrosii, Basileae 1506, en deux vol. in -4°. L'auteur vivait encore en 1520.

André (Jacques), théologien luthérien du XVIe siècle, naquit aussi dans le duché de Wurtemberg en 1528. Il fit grand bruit par ses sermons et par ses livres de controverse que personne ne lit aujourd'hui. Il mourut en 1590, âgé d'environ 62 ans, après avoir été marié deux fais. Il eut de son premier mariage neuf garçons et neuf filles, et il était si pauvre en se mariant, que ses parents l'avaient destiné à être charpentier.

Frischlin (Nicodème) naquit dans le duché de Wurtemberg en 1547. Il a donné des ouvrages de littérature et de poésie, dont vous trouverez l'ennuyeux catalogue dans le P. Niceron. Il mourut en 1590, âgé de 43 ans.

Hunnius (Aegidius), autre théologien de la confession d'Augsbourg, naquit dans un village du pays de Wurtemberg l'an 1550. Il fut également fécond et en livres pleins d'invectives et en enfants. On a fait une édition de ses œuvres en cinq volumes in-folio. Dans ce recueil est son Calvinus judaïsans. Il y accuse Calvin de tant d'hérésies, et avec tant de violence, que ce réformateur aurait pu craindre le sort de Servet, si Hunnius eut pu le faire arrêter. Il mourut l'an 1603, au lit d'honneur, c'est-à-dire en combattant contre les Calvinistes, les Catholiques et les demi-Luthériens. (D.J.)