(Géographie moderne) ville d'Italie, capitale du Piémont, dans une agréable plaine au confluent du Pô et de la Doria-Riparia, à 36 lieues au sud-est de Chamberi, à 27 au nord-est de Gènes, à 30 au sud-est de Milan, et à 157 au sud-est de Paris. On compte dans Turin dix églises paroissiales, et un grand nombre de couvens de l'un et de l'autre sexe. L'église du couvent des capucins est peut-être la plus magnifique que ces religieux aient en Europe.

Cette ville était évêché dès l'an 380, et fut érigée en métropole par Sixte IV, ce qui fut confirmé par LÉon X. l'an 1215. Ses suffragans sont, Yvrée, Salusses, Trossano et Mondovi ; le chapitre est composé de vingt-cinq chanoines, dont cinq sont les premières dignités.

L'académie de Turin a été fondée en 1505. On y enseigne la Théologie, le Droit, les Mathématiques et la Médecine. Les jésuites y ont un collège, mais ils ne peuvent enseigner publiquement. Long. suivant Cassini, 25. 11. 30. latit. 44. 50.

Turin prit le nom de ses peuples appelés Taurini par Pline, l. III. c. 17. Ils descendaient des Liguriens, et pouvaient avoir tiré eux-mêmes leur nom du taureau qui était dans leurs enseignes. Annibal ruina cette ville parce qu'elle avait refusé de s'allier avec lui ; et comme c'était la place la plus forte de ce quartier, sa ruine jeta une telle crainte dans l'esprit des peuples voisins, qu'ils se soumirent d'abord que ce général parut. Jules-César y établit une colonie romaine, et l'appela Colonia Julia. Auguste par vanité changea ce nom en celui de Taurinorum Augusta, nom sous lequel Ptolémée, Pline et autres l'ont connue. On a d'anciennes inscriptions où il est parlé de cette ville sous deux noms : Julia Augusta Taurinorum. Jupiter custos Augustae Taurinorum. P. Rutilius Aug. Taurinorum proconsul. On peut consulter sur les antiquités de Turin Marmora taurinensia, Taurini 2 vol. in -4°.

Après que Turin eut été longtemps soumise aux Romains, elle tomba dans la décadence de l'empire sous la puissance des Barbares, qui ravagèrent l'Italie. Les Goths, les Huns, les Erules et les Bourguignons, la possédèrent successivement. Elle appartint aux Lombards, lorsque ceux-ci s'emparèrent de la Gaule-cisalpine ; et elle fut la capitale d'un des quatre duchés qui composèrent le royaume de Lombardie. Quelques-uns de ces ducs devinrent rois d'Italie, entre autres le duc Agilulphe, qui conjointement avec sa femme Théodélinde, fit bâtir l'église cathédrale sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, et la dota richement.

Lorsque Charlemagne eut détruit le royaume des Lombards en Italie, il parait qu'il établit le marquis de Suze à Turin, pour y garder le passage des Alpes, et pour contenir les peuples voisins dans l'obéissance. Les successeurs de Charlemagne leur ayant continué la même charge, les marquis de Suze se la rendirent héréditaire, et devinrent maîtres dans Turin, en qualité de feudataires de l'Empire. Ce pouvoir subsista jusqu'à ce que Ulric Mainfroi, le dernier des marquis de Suze, étant mort vers l'an 1032, la ville de Turin passa sous la puissance des comtes de Savoye, par le mariage d'Adélaïde, fille d'Ulric Mainfroi, avec Oddon, comte de Maurienne et de Savoye : leurs descendants en ont toujours joui depuis, excepté durant quelques temps de troubles.

Les François prirent Turin en 1536, sous Charles-le-Bon, et ne la rendirent qu'à la paix de 1562, au duc Philibert, qui la choisit pour sa résidence, et qui en fit la capitale de ses états. Le comte d'Harcourt la prit encore en 1640 ; on vit à ce siège une chose fort extraordinaire, savoir la citadelle assiégée par le prince Thomas, maître de la ville, la ville assiégée par le comte d'Harcourt, et le comte d'Harcourt assiégé lui-même dans son camp par le marquis de Leganez. Dans la guerre du commencement de ce siècle, le duc de la Feuillade ouvrit la tranchée devant cette ville le 3 Juin 1706 ; mais le prince Eugène, après une longue et pénible marche, força les lignes des Français, s'empara de leur artillerie, et fit lever le siège.

Le duc Philibert avait fortifié Turin ; mais le duc Charles Emanuel I. rendit sa capitale digne du nom d'Auguste qu'elle porte ; il en agrandit l'enceinte, et prit soin de l'orner au-dedans d'édifices magnifiques, et d'ouvrages au-dehors propres à sa défense : le palais ayant été brulé en grande partie l'an 1659, Charles Emanuel II. le répara, l'embellit, et l'augmenta considérablement.

Rien n'est plus riant que les avenues et la situation de Turin. Elle l'emporte à ces deux égards sur presque toutes les villes d'Italie, aussi bien que par la beauté de ses bâtiments uniformes, de ses places, et de ses rues tirées au cordeau ; il est vrai que son pavé est mauvais, mais par le moyen d'une rivière qui coule dans le plus haut quartier de la ville, on peut jeter un petit ruisseau dans toutes les rues, et balayer toutes les ordures : le directeur ouvre l'écluse toutes les nuits, et distribue l'eau à volonté dans tous les quartiers de la ville. (D.J.)

TURIN, province de, (Géographie moderne) en latin Taurinensis ager ; province particulière du Piémont ; c'était un duché du temps des Lombards, qui avait son duc particulier qui résidait à Turin, selon Paul Diacre. (D.J.)