ou TAFLIS, ou TIFLIS, (Géographie moderne) en latin Acropolis Iberica, ville d'Asie, dans le Gurgistan, que nous appelons la Géorgie, et sa capitale. Elle est située au pied d'une montagne sur la rive droite du Kur, le Cyre, ou un bras du Cyre des anciens, qui a sa source dans les montagnes de Géorgie, et se joint à l'Araxe, d'où ils se rendent conjointement dans la mer.

Téflis est une des belles villes de Perse, et la résidence du prince de Géorgie ; elle s'étend en longueur du midi au nord, et est peuplée de persans, de géorgiens, de grecs, d'arméniens, de juifs, de catholiques. Elle est défendue par une bonne forteresse que les Turcs y bâtirent l'an 1576, après qu'ils se furent rendus maîtres de la ville et de tout le pays d'alentour, sous la conduite du fameux Mustapha Pacha, leur généralissime.

Il s'y fait un grand commerce de soies, de fourrures, et de la racine appelée boia. Il y a dans Téflis des bains d'eaux chaudes, de grands bazars bâtis de pierres, et des caravanserais.

Les capucins y ont une mission avec une maison depuis plus d'un siècle. La congrégation ne leur accorde que dix-huit écus romains pour chaque missionnaire, mais ils exercent la médecine ; et quant au spirituel, ils ont la permission de dire la messe sans personne pour la servir, de la dire en toutes sortes d'habits, d'absoudre de tous péchés, de se déguiser, d'entretenir chevaux et valets, d'avoir des esclaves ; d'acheter et de vendre ; de donner et de prendre à intérêt. Malgré de si beaux privilèges, ces missionnaires ne font guère de prosélytes, car le peuple de Géorgie est si ignorant, qu'ils ne croient pas même que les capucins soient chrétiens, parce qu'ils ont appris qu'en Europe, ils ne jeunent pas comme à Téflis. Aussi les capucins n'ont que deux pauvres maisons dans toute la Géorgie.

On compte une quinzaine de mille âmes dans Téflis, dont il y en a environ deux cent de catholiques romains. Le patriarche des Géorgiens y demeure ; c'est une ville assez moderne. Long. 63. 45. lat. 43. 5. (D.J.)