(Géographie moderne) grande île de l'Océan indien, à l'occident de la presqu'île du Malaca et de l'île de Bornéo, et séparée de celle de Java par le détroit de la Sonde.

Cette île s'étend depuis la pointe d'Achem qui est par les 5 deg. 30'. nord, jusqu'au détroit de la Sonde, par les 5 deg. 30'. sud, qui font onze degrés. Ainsi cette île aurait 300 lieues de longueur, et environ 70 de large.

Elle est arrosée d'un grand nombre de rivières, grandes, moyennes et petites. Elle ne manque pas de mines d'étain, de fer et de cuivre. Elle est semée çà et là de montagnes très-hautes ; mais l'air de ce pays est fort mal-sain, à cause de la ligne équinoxiale qui le coupe par le milieu, et des pluies qui y règnent une partie de l'année, et qui sont ensuite suivies de calmes qui surviennent après ces tempêtes. Cependant les côtes de cette île offrent à la vue des plaines couvertes d'orangers, de cocotiers et d'autres arbres fruitiers ; des forêts toujours verdoyantes, des collines ornées de bocages, et des hameaux où brillent toutes les beautés champêtres.

Les terres produisent une quantité prodigieuse de riz, d'orge, de miel, de cire et surtout de poivre. Les lieux incultes et sauvages nourrissent des éléphans, des sangliers, des cerfs, des singes et des serpens. Les rivières ne manquent pas de crocodiles qu'on nomme caymants. Les prairies nourrissent quantité de bufles, de bœufs et de chevaux.

L'île de Sumatra est divisée en plusieurs royaumes, dont le plus puissant est celui d'Achem, qui occupe le côté septentrional de l'ile. Le côté méridional dépend en partie du royaume de Bantam, et en partie du Mataram de Java.

On parle la langue malaye dans toute l'ile, et la plupart des habitants ont embrassé le Mahométisme, à l'exemple des Maures. En général ils sont noirs, de la taille des Javanais, fiers, audacieux, perfides et sanguinaires. Ils craignent leurs rois qui sont absolus, et qui pour des fautes légères, leur font couper inhumainement les pieds et les mains.

Ils sont presque tout nus, depuis la ceinture enhaut. Les plus magnifiques ont une légère cabaie, qui est de toîle de coton. Leurs édifices, pagodes et maisons, sont élevés sur des piliers de bois, et bâtis de légers matériaux, à la manière des Maures.

Leurs vivres ordinaires sont du riz, du poisson, des noix de cocos, et des herbages. On trouve chez eux d'assez bons ouvriers pour la construction des navires, pour la fonte des vaisseaux de cuivre, et pour forger des couteaux, des poignards, des javelines.

Les Hollandais ont plusieurs forteresses dans cette ile, où ils ont acquis une grande autorité par leur puissance et leur commerce. Ils se sont fait respecter des rois d'Achem, de Bantam et de Java. Ils enlèvent tout le poivre du pays, qui est le plus estimé des Indes après celui de Cochin.

Selon Maffaei l'île de Sumatra est la Chersonese d'or des anciens ; du-moins n'est-ce point la presqu'île de Malaca, car il n'y a point du tout d'or dans tout le pays autour de Malaca, et l'on trouva beaucoup d'or dans l'île de Sumatra lorsque les Portugais s'en emparèrent. (D.J.)