S. m. pl. (Géographie ancienne) peuples qui avaient coutume d'envoyer à Délos chaque année les prémices de leurs fruits pour être consacrés à Apollon fils de Latone, qu'ils honoraient particuliérement.

Pausanias rapporte qu'ils faisaient passer leurs offrandes de main en main jusqu'à Délos ; qu'ils les donnaient d'abord aux Arimaspes, les Arimaspes aux Assédons, et les Assédons aux Scythes, qui les portaient à Sinope ; là des Grecs se chargeaient de les remettre à Prasies, bourgade de l'Attique, d'où les Athéniens les envoyaient à Délos.

Tous les auteurs de l'antiquité qui nous restent, Hérodote, Strabon, Pausanias, Pline, Pindare, Callimaque, Apollonius de Rhodes, mettent les peuples Hyperboréens sous le pôle, sous le nord, sous le vent du nord, au-delà du nord, au-delà de borée, ultra aquilonem, et c'est de-là que vient leur nom ; par ces expressions au-delà de Borée, le commun des hommes entendait un temple, un pays, qui était tellement sous le nord, que le vent du nord n'y pouvait souffler. Le poète Olen de Lycie débita le premier cette fable, qui fit fortune, et donna lieu à plusieurs autres fictions.

Les Grecs qui aimaient le merveilleux (& leurs philosophes le leur ont reproché), imaginèrent qu'un pays où le vent du nord ne se faisait jamais sentir, devait être admirable ; ils en firent comme nous dirions nous, un paradis terrestre. Si l'on veut les croire, les habitants de cette heureuse terre ne mouraient que quand ils étaient las de vivre ; ils coulaient leurs jours dans la paix et dans l'abondance, sans que jamais ils fussent troublés ni par la discorde, ni par les maladies, ni par les chagrins ; les danses continuelles, les concerts de musique composés de divers instruments, y faisaient les délices de tous les âges, et toute la vie se passait dans l'allégresse et dans les festins ; à peine la mort appelée au secours des vieillards, venait-elle délivrer d'un corps qui n'était plus propre au plaisir, des gens ennuyés d'une prison qui cessait de leur être agréable, et pour le dire dans les termes élégans de Pline, mors non nisi satietate vitae, epulatis, etc.

Cette idée était si généralement adoptée des Grecs, qu'ils disaient en proverbe, la fortune des Hyperboréens ; cependant les bons auteurs, bien loin de regarder ces peuples d'un oeil si favorable, nous les peignent sous un climat très-âpre, où l'éloignement du soleil, les frimats, la glace et la neige, n'inspiraient ni la gaieté, ni les plaisirs. Virgile nous représente ces peuples comme des gens farouches, et dont les mœurs se ressentaient de la froideur des vents qui les accablaient, et pecudum fulvis velantur corpora setis.

Mais la question importante est de désigner quel était en Géographie, le lieu de l'habitation des Hyperboréens ; plus on lit les écrits des anciens, plus on trouve qu'ils diffèrent de sentiments et d'idées pour fixer ce lieu.

Strabon donne pour contrée aux Hyperboréens les environs du Pont-Euxin. Pline et Pomponius Mela les placent derrière les Monts-Riphées, et par-delà la mer glaciale. Hécatée de Milet mettait leur pays à l'opposite de la Celtique, nom qui dans son opinion, comprenait une infinité de peuples et de pays de l'Europe, tant au septentrion qu'à l'occident ; en un mot, suivant les uns, ce peuple dont ils ne désignent point la résidence particulière, était en Europe, et suivant les autres, il était en Asie. Que tant d'écrivains s'accordent si mal sur la position des peuples Hyperboréens ; on n'en sera pas surpris si l'on considère que Strabon avoue que de son temps, on ne connaissait pas même les pays situés au-delà de l'Elbe, bien moins ceux qui sont plus au nord vers l'océan septentrional ; et cette ignorance, ajoute-t-il, est cause que l'on a écouté tous les conteurs de merveilles au sujet des monts Riphées et des Hyperboréens.

De savants Géographes modernes, qui ont bien Ve que les anciens ne pouvaient connaître les habitants du pôle, puisqu'on ne les connait guère encore, ont établi les Hyperboréens dans les extrémités de notre continent, dans les sombres demeures des Sibériens et des Samoyedes ; c'est ainsi qu'en parlent Hoffman et Cellarius ; selon eux, les nations hyperboréennes dans les écrits des anciens, ne sont autre chose que les nations septentrionales du nord, sans qu'ils aient fixé ce nom à aucun peuple particulier ; les montagnes hyperborées sont les montagnes septentrionales où Ptolomée met la source du Volga, ne connaissant rien au-delà de cette source. Les peuples Hyperboréens de nos jours, sont les Russes septentrionaux, entre le Volga et la mer blanche.

Cluvier a pris une autre route, il prétend que les Hyperboréens comprenaient les peuples qui s'étendaient du Pont-Euxin, jusqu'aux bords de l'océan, et selon lui, le nom de Celtes était synonyme avec celui d'Hyperboréens.

M. l'abbé Banier, qui a fait sur ce sujet un mémoire exprès dans le recueil de l'académie des Inscriptions, ayant grand égard au système des poètes grecs, qui font venir le vent borée de la Thrace, pense que les peuples du nord qui habitaient au-delà de cette province, sont les Hyperboréens de l'antiquité. Voyez sa dissertation, voyez aussi le discours de l'Abbé Gédoyn sur le même sujet et dans le même recueil.

On n'est pas sans-doute en peine de savoir quel a été le sentiment de Rudbeck sur les peuples que nous cherchons, et l'on se doute bien que cet auteur qui a regardé la Suède sa patrie, comme le grand théâtre de l'Histoire ancienne, qui en fait le séjour des descendants de Japhet, de Saturne, d'Atlas, qui y établit le délicieux jardin des Hespérides, et tous les héros de la Fable, Persée, les Gorgones et le reste, n'a pas manqué d'y placer aussi les Hyperboréens.

Caligine tectus

Orithyam amants, caris amplectitur alis. (D.J.)