(Géographie ancienne) Οὐεργίνεος ὠκεανός ; Ptolomée donne ce nom à la partie de l’Océan qui baigne la côte méridionale de l’Irlande, et les provinces de l’ouest de l’Angleterre. Il ne l’étend point entre la côte orientale de l’Irlande, et la côte occidentale de la grande-Bretagne ; ce détroit, selon lui, est l’Océan hibernique, ou la mer d’Irlande. Cependant presque tous les géographes modernes font deux synonymes de l’Océan virginien, et de la mer d’Irlande.

Cette mer de tout temps a passé pour fort orageuse, et cette réputation n'est pas absolument sans fondement ; car la mer d'Irlande sent deux marées opposées, dont l'une vient du sud, et l'autre vient du nord ; et elles se rencontrent à la hauteur de la baie de Carlingford. Ces deux marées contraires se choquant avec violence, doivent émouvoir considérablement la mer, et empêcher qu'elle ne soit tranquille dans le temps que le choc se fait ; et lorsqu'on navige d'un bout du détroit à l'autre, si dans la première partie on a eu une marée favorable, on en rencontre enfin une autre qui est opposée, et qui doit tout au moins retarder le cours du vaisseau.

Il est cependant certain que cette mer n'est ni aussi orageuse, ni par conséquent aussi périlleuse qu'on voudrait le persuader. On n'y remarque point de tempêtes qu'on ne sente en même temps les vents qui les causent ; et il ne s'y fait pas plus de naufrages qu'ailleurs. C'est l'ordinaire par tout pays que durant l'hiver la mer soit dangereuse près des côtes, parce qu'on y est exposé à de grands coups de vent, d'autant plus fâcheux que les nuits sont longues et obscures. Ainsi cela n'est pas particulier à la mer d'Irlande.

Le fonds de cette mer n'est que sable partout, excepté dans quelques endroits où il est limoneux, et dans la baie de Wicklo où il est rocher. La marée se fait sentir le long des terres au sud et au nord ; mais du côté de l'orient près des terres, elle se fait de l'ouest à l'est, et le reflux descend de l'est à l'ouest.

La mer d'Irlande, selon Ortelius, qui cite H. Lhuyd, est appelée Mor-weridh, dans la langue bretonne ; et canal de S. George par les Anglais. Cependant M. Delîle ne donne le nom de canal de S. George, qu'au golfe qui ferme l'embouchure de la Saverne. (D.J.)