(Géographie ancienne) ancienne ville maritime de Sicile, sur la côte septentrionale : ses ruines s'appellent aujourd'hui Muro di Carini.

Plutarque nous apprend que, l'an 2 de la quatre-vingt-onzième olympiade, Nicias, général des Athéniens, ruina cette ville où nâquit la fameuse courtisanne Laïs, l'an 4 de la quatre-vingt-neuvième olympiade : elle avait donc sept ans lors de la destruction de sa patrie ; à cet âge tendre, elle fut vendue parmi les autres prisonniers, et transportée à Corinthe ; au bout de quelques années, sa beauté lui valut des hommages de toutes parts ; de grands seigneurs, des orateurs illustres et des philosophes sauvages en devinrent éperdument amoureux ; l'on compte au nombre de ses adorateurs, Démosthène, Diogène le cynique ; qu'elle souffrit, tout pauvre et mal-propre qu'il était, et le philosophe Aristippe, qui était la propreté et la politesse même. Elle n'eut pas cependant la gloire de triompher de la continence de Xénocrate, et elle devint à son tour passionnée d'Eubatès, vainqueur aux jeux olympiques ; elle lui fit même promettre qu'il l'épouserait, mais il trouva moyen d'éluder sa parole ; enfin Laïs s'étant rendue en Thessalie, pour y chercher un autre jeune homme dont elle était éprise, les Thessaliennes conçurent tant de jalousie contre cette belle créature, qu'elles s'en défirent cruellement, et l'assommèrent dans le temple de Vénus à coups de chaises qu'elles trouvèrent sous leurs mains ; mais on lui bâtit un tombeau magnifique sur la rivière de Pénée, et le temple où elle mourut, ne fut plus nommé que le temple de Vénus profané ; tous ces faits peignent les mœurs d'un temps et d'un pays célèbre. (D.J.)