EPIGRAPHE, INSCRIPTION, (Grammaire) Il y a de la différence entre ces trois mots. L'écriteau n'est qu'un morceau de papier ou de carton sur lequel on écrit quelque chose en grosses lettres, pour donner un avis au public. L'inscription se grave sur la pierre, sur le marbre, sur des colonnes, sur un mausolée, sur une médaille, ou sur quelqu'autre monument public, pour conserver la mémoire d'une chose ou d'une personne. L'épigraphe est une courte inscription gravée d'ordinaire en onglet sur les bâtiments particuliers, ou au bas des estampes. Voyez EPIGRAPHE.

Les écriteaux sont faits pour étiqueter les boites des épiciers, ou pour servir d'enseigne aux maîtres d'écriture ; les inscriptions pour transmettre l'histoire à la postérité, et les épigraphes pour l'intelligence d'une estampe ou l'ornement d'un livre.

Les tableaux d'histoire auraient souvent besoin d'une épigraphe. La célèbre Phryné, qui sçut avec tant d'art découvrir et obtenir de Protogène son Satyre et son Cupidon, offrit de relever les murailles de Thebes, à condition qu'on gravât à sa gloire cette inscription : Alexander diruit, sed meretrix Phryne fecit ; Alexandre a démoli les murs de Thèbes, et la courtisanne Phryné les a rebâtis. Voilà où le mot inscription est à sa place : mais ce n'est pas bien parler que d'avoir employé ce terme dans une des bonnes traductions du nouveau Testament où l'on s'exprime ainsi : Ils marquèrent le sujet de la condamnation de J. C. dans cette inscription qu'ils mirent au-dessus de sa tête : Celui-ci est le roi des Juifs. Il fallait se servir dans cet endroit du mot écriteau au lieu d'inscription. La raison du terme préferé par les traducteurs, vient peut-être de ce qu'ils ont considéré l'objet plus que la nature de la chose. Ce n'était réellement qu'un écriteau ; les Juifs traitèrent en cette occasion l'innocence même comme le crime. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.