S. m. (Histoire ecclésiastique) Homme dévot, qui s'est retiré dans la solitude, pour mieux vaquer à la prière et à la contemplation, et vivre éloigné des soins et des affaires du monde. Voyez ANACHORETE.

Un Hermite n'est point censé religieux, s'il n'a point fait de vœux. Voyez MOINE, VOEU.

Saint Paul, surnommé l'Hermite, passe communément pour le premier qui ait embrassé ce genre de vie ; quoique saint Jérôme dise au commencement de la vie de ce saint, que l'on ignore quel est celui qui a été le premier Hermite. Quelques-uns remontent à saint Jean-Baptiste, d'autres à Elie.

Les uns assurent que saint Antoine est l'instituteur de la vie hérémitique ; mais d'autres veulent qu'il n'ait fait qu'augmenter l'ardeur de cet état ; et que des disciples de ce saint disaient que c'était Paul de Thebes qui l'avait le premier embrassée. On croit que ce fut la persécution de Déce et de Valerien qui donna lieu à ce genre de vie.

Quoique les anciens Hermites, comme saint Antoine, vecussent dans le désert, ils ne laissaient pas d'avoir plusieurs religieux avec eux. Voyez SOLITAIRE.

On les nommait aussi Cénobites, parce qu'ils ne possédaient rien en propre : Claustraux, parce qu'ils étaient renfermés dans une étroite clôture, et séparés du reste du monde : Asectes, parce qu'ils s'exerçaient dans la pratique de la piété : Clercs, parce qu'ils étaient considérés comme l'héritage du Seigneur ; et Philosophes, parce qu'ils s'appliquaient à acquérir la vraie sagesse qui est la science du salut. Les femmes, à l'imitation des hommes, s'enfoncèrent dans les déserts, et prirent, comme eux, la résolution de vivre en commun, et de s'enfermer dans des cloitres ou dans leurs maisons. On les nomma Moniales, à cause de leur vie solitaire ; et Sanctimoniales, à cause de la sainteté de leur vie, qui était d'ailleurs extremement austère.

Hermites de saint Augustin, nom d'un ordre de religieux, qu'on appelle plus communément Augustins. Voyez AUGUSTIN.

On croit communément que saint Augustin, évêque d'Hyppone et docteur de l'Eglise, a été l'instituteur de cet ordre ; mais ce sentiment n'a aucune solidité. Il est vrai qu'il jeta les fondements d'un ordre monastique vers l'an 388, qu'il se retira dans sa maison de campagne près de Tagaste avec quelques-uns de ses compagnons, pour y mener une vie religieuse ; mais il ne parait pas que cet ordre ait toujours subsisté, et que les hermites de saint Augustin en descendent sans interruption.

Cet ordre ne commença proprement que sous Alexandre IV. dans le milieu du XIIIe siècle, et fut formé par la réunion de plusieurs congrégations d'hermites, qui n'avaient point de régle ou qui n'avaient point celle de saint Augustin. Ces congrégations ont celle de Jean Bonifas, la plus ancienne de toutes, celle des hermites de Toscane, celle des Sachets ou frères du Sac, celle de Vallerfusa, de saint Blaise, de saint Benait de Monte-Tabalo, de la Tour des Calmes, de sainte Marie de Murcette, de saint Jacques de Molinio, et de Loupsavo près de Lucques.

Ce n'est point Innocent IV. qui fit cette union, comme la plupart des historiens de cet ordre le prétendent ; il avait seulement uni ensemble quelques hermites en Toscane, auxquels il avait donné la règle de saint Augustin, qui faisaient une congrégation séparée de celles dont nous venons de parler. Ce fut Alexandre IV. qui fit cette union, comme il parait par sa bulle rapportée dans le Mare magnum des Augustins.

Ce pontife travailla à cette union dès la première année de son pontificat, c'est-à-dire l'an 1254. Les supérieurs de toutes les congrégations nommées ci-dessus, ne purent s'assembler qu'en 1256. L'union se fit dans ce chapitre général. Lancfranc Syctala, milanais, fut élu général, et l'ordre fut divisé en quatre provinces ; savoir, de France, d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie.

Dans la suite, on a encore uni d'autres ordres à celui de saint Augustin, comme des pauvres catholiques, et maintenant cet ordre comprend quarante-deux provinces.

Après toutes ces réunions, cet ordre s'est divisé en plusieurs congrégations, auxquelles les relâchements qui s'y introduisirent donnèrent lieu. Telles sont celle des hermites déchaussés de saint Augustin, celle de Centorbi ou la réforme de Sicile, celle des Coloristes dans la Calabre.

Il y a aussi plusieurs congrégations de religieuses, sous le nom d'hermites de saint Augustin, et un tiers-ordre qui porte le nom. Voyez TIERS-ORDRE.

Hermites de Brittini, est une congrégation formée sous Gregoire IX. qui lui donna la règle de saint Augustin.

Ces religieux établirent leur première demeure dans un lieu solitaire appelé Brittini, dans la Marche d'Ancone, d'où on les appela Brittiniens. Ils menaient une vie très-austère, ne mangeaient jamais de viande, et jeunaient souvent.

Hermite de Camaldoli. Voyez CAMALDULE.

Hermite de saint-Jérôme. Voyez JERONIMITE.

Hermite de saint Jean-Baptiste de la pénitence ; ordre religieux en Navarre, dont le principal couvent ou hermitage était à sept lieues de Pampelune.

Jusqu'à Grégoire XIII. ils vécurent sous l'obéissance de l'évêque de cette ville ; mais le pape confirma cet ordre, approuva leurs constitutions, et leur permit de faire des vœux solennels. Leur manière de vivre était très-austère ; ils marchaient nuds pieds sans sandales, ne portaient point de linge, couchaient sur des planches, ayant pour chevet une pierre, et portant jour et nuit une grande croix de bois sur la poitrine.

Ils habitaient une espèce de laure plutôt qu'un couvent, demeurant seuls dans des cellules séparées au milieu d'un bois. Voyez LAURE.

Hermites de saint Paul, premier hermite, est un ordre qui se forma dans le XIIIe siècle de l'union de deux corps d'hermites ; savoir, de ceux de saint Jacques de Patache, et de ceux de Pisilie près de Zante.

Après cette réunion, ils choisirent pour patron et pour protecteur de leur ordre saint Paul premier hermite, et en prirent le nom. Cet ordre se multiplia beaucoup dans la suite en Hongrie, en Allemagne, en Pologne, et en d'autres provinces ; car il y avait autrefois soixante et dix monastères en Hongrie seulement ; mais ce nombre diminua beaucoup à l'occasion des révolutions et des guerres dont ce royaume fut affligé. Voyez le Dict. de Trév. (G)