S. m. pl. (Histoire moderne) secte de Mahométans, dont le nom vient de hairet, en turc étonnement, incertitude, parce que, à l'exemple des Pyrrhoniens, ils doutent de tout, et n'affirment jamais rien dans la dispute. Ils disent que le mensonge peut être si bien paré par l'esprit humain, qu'il est impossible de le distinguer de la vérité ; comme aussi qu'on peut obscurcir la vérité par tant de sophismes, qu'elle en devient méconnaissable. Sur ce principe, ils concluent que toutes les questions sont probables et nullement démonstratives ; et surtout ce qu'on leur propose, ils se contentent de répondre, cela nous est inconnu, mais Dieu le sait. Cette manière de penser, qui semblerait devoir les exclure des dignités de la religion, qui demande ordinairement des hommes décidés, ne les empêche pourtant pas de parvenir à celle de muphti ; et alors comme ils sont obligés de répondre aux consultations, ils mettent au bas leur fefta ou sentence, qui contient à la vérité une décision bien articulée ; mais ils ont soin d'y ajouter cette formule : Dieu sait bien ce qui est meilleur.

Quoiqu'exacts observateurs des pratiques de la religion et des lois civiles, les Hairetites n'affichent point une morale sévère ; ils boivent du vin en compagnie, pour ne point paraitre de mauvaise humeur ; mais entr'eux ils usent de liqueurs dans lesquelles il entre de l'opium ; et l'on prétend que cette drogue contribue beaucoup à les entretenir dans un état d'engourdissement qui s'accorde très-bien avec leur pyrrhonisme absolu, qu'on peut regarder comme une yvresse d'esprit. Ricaut, de l'empire ottom. (G)