PORTE-ÉPÉE, (Histoire moderne) c'est un ordre de chevaliers en Pologne, appelés en latin ensiferi. Voyez CHEVALIER.

On les nomme ainsi, parce qu'Albert, évêque de Riga, entre les mains duquel les premiers d'entr'eux firent leurs vœux, leur ordonna de porter pour habit une robe de serge blanche avec la chape ou manteau noir, sur lequel ils portaient du côté de l'épaule gauche une épée rouge croisée de noir, et sur l'estomac deux pareilles épées passées en sautoir.

Cet ordre fut confirmé par le pape Innocent III. Il l'envoya en Livonie, pour défendre les prédicateurs de l'Evangîle contre les infidèles dans les commencements de la conversion de cette contrée. Mais n'étant pas assez forts pour exécuter ce dessein, ils s'unirent aux chevaliers teutoniques par l'autorité du pape ; et au lieu de chevaliers de l'épée, on les nomma chevaliers de la croix. Mais ils en furent séparés en 1541 sous Univivus leur grand-maître, ou selon d'autres en 1525, lorsqu'Albert de Brandebourg renonçant à la grande-maitrise de l'ordre teutonique embrassa le Luthéranisme.

Quand les chevaliers teutoniques furent dépossédés de la Prusse et que les porte-glaives eux-mêmes vinrent à donner dans les opinions de Luther, leur ordre tomba en décadence ; car en 1557 ils se brouillèrent avec l'évêque de Riga de la maison de Brandebourg, parce qu'il ne voulait pas embrasser leurs opinions ; et que, pour mettre son propre bien en sûreté, il livra la ville de Riga aux Polonais.

Ensuite les Moscovites ayant pris sur les chevaliers la plus grande partie de la Livonie, ceux-ci se mirent sous la protection de Sigismond-Auguste, roi de Pologne, en 1559. Mais Guillaume de Furstemberg leur grand-maître ayant été trahi par ses propres gens ou mercenaires, qui le livrèrent aux Moscovites, Gothard Ketler, son successeur, suivant l'exemple d'Albert grand-maître de Prusse, transigea pour tout l'ordre avec Sigismond : il fut arrêté que Sigismond pourrait disposer de l'ordre dans le château de Riga ; on lui remit la croix, le sceau de l'ordre, les chartes et les brefs des différents papes et empereurs qui le concernaient, comme aussi les clés de la ville et du château de Riga, la dignité de grand-maître, les droits de monnaie, et tous les pouvoirs et privilèges qui y étaient attachés ; et par retour, Radzivil, plénipotentiaire du roi, fit présent à Gothard Ketler du duché de Courlande, pour lui, pour ses hoirs, et à perpétuité.