S. f. (Histoire moderne) discours par lequel les Imants commençaient ordinairement leur prière du vendredi, à l'exemple de Mahomet. Mahomet, les jours d'assemblée, montait sur une estrade et entretenait le peuple de la grandeur de Dieu, puis il mettait les affaires en délibération. Les califes Rachidis qui lui succédèrent suivirent le même usage. Mais la domination mahométane s'étant très-étendue, et le gouvernement étant devenu à-peu-près despotique, le peuple ne fut plus consulté sur les affaires du gouvernement, et on laissa à des mustis le soin de faire la cotbet au nom du calife. A l'avênement d'un nouveau calife, le peuple pendant la cotbet levait les mains, les mettait l'une sur l'autre, et cette cérémonie lui tenait lieu du serment de fidélité. Ainsi celui au nom de qui la cotbet se faisait, était censé le souverain. Les familles puissantes qui se révoltèrent contre les califes de Bagdat, n'osèrent d'abord les priver de l'hommage de la cotbet. Il semble cependant qu'en s'y prenant si maladroitement, ils perpétuaient la mémoire de leur révolte. La cotbet se faisait au nom du calife par devoir, et du sultan par soumission, par-tout, excepté en Afrique et en Egypte, où les Fatimides l'ordonnèrent en leur nom seulement. Mais Nouraddin sultan de Syrie ne fut pas plutôt maître de l'Egypte, qu'il ordonna la cotbet au nom du califat de Bagdat. Cet exemple fut suivi généralement par tous les princes Mahométans, et dura presque jusqu'à l'extinction du califat dans la personne de Mostasem, que les Tartares conquérants de l'Orient jusqu'aux frontières de l'Egypte, enfermèrent dans un sac, et écrasèrent sous les pieds de leurs chevaux. Quatre ans après cet événement, Bibars quatrième des mamelins Turcs, revêtit de la dignité de calife un inconnu qui se disait de la famille d'Abbas ; et fit faire la cotbet en son nom. Ce calife prétendu fut assassiné au bout de cinq mois, et eut un nommé Hakem pour successeur à ce califat fictif, qui ne donnait de prérogatives que celle d'avoir son nom prononcé dans une prière. Le nom d'Hakem resta dans la cotbet parmi les mamelins Turcs et Circassiens, jusqu'à la mort de Tumambis dernier sultan Circassien, que Selim fit étrangler en 1515. Le califat imaginaire ayant alors cessé, la cotbet, cette prière aussi ancienne que le Mahométisme, ne se fit plus. Dans cet intervalle, lorsque les Fatimides ordonnèrent la cotbet en leur nom, les Abassides les traitèrent d'hérétiques : mais les Fatimides ne demeurèrent pas en reste avec leurs envieux ; ceux-ci faisant garnir d'un tapis noir l'estrade sur laquelle la cotbet se disait en leur nom, les Fatimides crièrent de leur côté à l'hérésie contre les Abassides, parce que le blanc était la couleur d'Hali.