S. f. (Histoire moderne) parmi les Mahométans, c'est un temple destiné aux exercices de leur religion, ce mot vient du mot turc meschit, qui signifie proprement un temple fait de charpente, comme étaient ceux que construisirent d'abord les Mahométans ; c'est de-là que les Espagnols ont fait meschita, les Italiens moscheta, et les François et les Anglais mosquée et mosques. Borel le dérive du grec , vitulus, à cause que dans l'alcoran il est beaucoup parlé de vache ; d'autres le tirent, avec plus de raison de masgiad, qui en langue arabe signifie lieu d'adoration.

Il y a des mosquées royales fondées par les empereurs, comme la Solimanie, la Muradie, etc. A Constantinople il y a des mosquées particulières fondées par des muphti, des vizirs, des bachas, etc.

Les mosquées royales ou jamis, bâties par les sultants, et qu'on appelle selatyn, d'un nom générique qui signifie royal, sont ordinairement accompagnées d'académies ou grandes écoles bâties dans leur enceinte ou dans leur voisinage, on y enseigne les lois et l'alcoran, et ceux qui sont préposés à ces académies se nomment muderis, et n'en sortent que pour remplir des places de mollaks ou de juges dans les provinces. Elles sont aussi accompagnées d'imarets ou hôpitaux pour recevoir les pauvres, les malades, les insensés. Les mosquées royales ont de grands revenus en fonds de terre, et les autres à proportion, selon la libéralité de leurs fondateurs.

On n'aperçoit dans les mosquées ni figures, ni images, parce que l'alcoran les défend expressément, mais plusieurs lampes suspendues, et plusieurs petits domes soutenus de colonnes de marbre ou de jaspe ; elles sont carrées et solidement bâties. A l'entrée est une grande cour plantée d'arbres touffus, au milieu de laquelle et souvent sous un vestibule est une fontaine avec plusieurs robinets et de petits bassins de marbre pour l'abdet ou ablution. Cette cour est environnée de cloitres où aboutissent des chambres pour les imants et autres ministres de la religion, et même pour les étudiants et les pauvres passants. Chaque mosquée a aussi ses minarets, d'où les muezins appellent le peuple à la prière. Quand les Musulmants s'y assemblent, avant que d'y entrer ils se lavent le visage, les mains et les pieds. Ils quittent leur chaussure et entrent ensuite avec modestie, saluent le mirob ou niche placé au fond du temple et tourné vers la Meque. Ils lèvent ensuite dévotement les yeux au ciel en se bouchant les oreilles avec les pouces, et s'inclinent profondément par respect pour le lieu d'oraison. Enfin ils se placent en silence, les hommes dans le bas de la Mosquée, les femmes dans les galeries d'en haut ou sous les portiques extérieurs : là ils sont tous à genoux sur un tapis ou sur la terre nue qu'ils baisent trois fois ; de temps-en-temps ils s'asseient sur leurs talons, et tournent la tête à droite et à gauche pour saluer le prophète, ainsi que les bons et mauvais anges. L'iman fait à haute voix la prière que le peuple répète mot pour mot. Les domes des mosquées et les minarets sont surmontés d'aiguilles qui portent un croissant : les Turcs ont changé en mosquées plusieurs églises.