S. m. (Histoire moderne) petite monnaie de cuivre qui a cours en Espagne, et qui vaut quelque chose de plus qu'un denier de France. Ce mot est arabe, et est dérivé de almoravides, l'une des dinasties des Mores, lesquels passant d'Afrique en Espagne, donnèrent à cette monnaie leur propre nom, qui par corruption se changea ensuite en maravedi ; il en est fait mention dans les decrétales aussi-bien que d'autres auteurs latins sous le nom de marabitini.

Les Espagnols comptent toujours par maravedis, soit dans le commerce, soit dans les finances, et quoique cette monnaie n'ait plus cours parmi eux. Il faut 63 maravedis pour faire un réal d'argent, en sorte que le piastre ou pièce de huit réaux contient 504 maravedis, et la pistole de quatre pièces de huit en contient 2016. Voyez MONNOIE.

Cette petitesse du maravedi produit de grands nombres dans les comptes et les calculs des Espagnols, de façon qu'un étranger ou un correspondant se croirait du premier coup d'oeil débiteur de plusieurs millions pour une marchandise qui se trouve à peine lui couter quelques louis.

Les lois d'Espagne font mention de plusieurs espèces de maravedis, les maravedis alphonsins, les maravedis blancs, les maravedis de bonne monnaie, les maravedis combrenos, les maravedis noirs, les vieux maravedis : quand on trouve maravedis tout court, cela doit s'entendre de ceux dont nous avons parlé plus haut ; les autres sont différents en valeur, en finance, en ancienneté, etc.

Mariana assure que cette monnaie est plus ancienne que les Maures, qu'elle était d'usage du temps des Goths ; qu'elle valait autrefois le tiers d'un réal, et par conséquent douze fois plus qu'aujourd'hui. Sous Alphonse XI. le maravedi valait dix-sept fois plus qu'aujourd'hui ; sous henri second, dix fois ; sous henri III. cinq fois ; et sous Jean II. deux fois et demie davantage.