S. m. (Histoire moderne) ce sont les prêtres ou chefs d'une secte établie parmi les negres des parties intérieures de l'Afrique, et que l'on nomme Belli. Cette secte se consacre à l'éducation de la jeunesse ; il faut que les jeunes gens aient passé par cette école pour pouvoir être admis aux emplois civils et aux dignités ecclésiastiques. Ce sont les rois qui sont les supérieurs de ces sortes de seminaires ; tout ce qu'on y apprend se borne à la danse, à la lutte, la pêche, la chasse, et surtout on y montre la manière de chanter une hymne en l'honneur du dieu Belli ; elle est remplie d'expressions obscènes, accompagnées de postures indécentes ; quand un jeune negre a acquis ces connaissances importantes, il a des privilèges considérables, et il peut aspirer à toutes les dignités de l'état. Les lieux où se tiennent ces écoles, sont dans le fond des bois ; il n'est point permis aux femmes d'en approcher, et les étudiants ne peuvent communiquer avec personne, si ce n'est avec leurs camarades, et les maîtres qui les enseignent ; pour les distinguer, on leur fait avec un fer chaud des cicatrices depuis l'oreille jusqu'à l'épaule. Lorsque le temps de cette singulière éducation est fini, chaque sagona remet son élève à ses parents, on célèbre des fêtes, pendant lesquelles on forme des danses qui ont été apprises dans l'école ; ceux qui s'en acquittent bien reçoivent les applaudissements du public, ceux au-contraire qui dansent mal sont hués surtout par les femmes.

Le dieu Belli, si respecté par ces negres, est une idole faite par le grand prêtre, qui lui donne telle forme qu'il juge convenable ; c'est suivant eux un mystère impénétrable que cette idole, aussi n'en parle-t-on qu'avec le plus profond respect ; cependant ce dieu ne dérive son pouvoir que du roi ; d'où l'on voit que le souverain est parvenu dans ce pays à soumettre la superstition à la politique.