S. f. (Histoire moderne) cérémonial écrit ou traditionnel, qui règle les devoirs extérieurs à l'égard des rangs, des places et des dignités.

Si la noblesse et les places n'étaient que la récompense du mérite, et si elles en suivaient toujours les degrés, on n'aurait jamais imaginé d'étiquette ; le respect pour la place se serait naturellement confondu avec le respect pour la personne. Mais comme la noblesse et plusieurs autres distinctions sont devenues héréditaires ; qu'il est arrivé que des enfants n'ont pas eu le mérite de leurs pères ; qu'il y a eu nécessairement dans la distribution des places, des abus qu'il n'est pas toujours possible de prévenir ou de réparer, il a été nécessaire de ne pas laisser les particuliers juges des égards qu'ils voudraient avoir, et des devoirs qu'ils auraient à rendre : le bon ordre, la philosophie même, et par conséquent la justice, ont obligé d'établir des règles de subordination. En effet, il serait très-dangereux dans un état, de laisser avilir les places et les rangs, par un mépris, même fondé, pour ceux qui les occupent ; sans quoi le caprice, l'envie, l'orgueil et l'injustice, attaqueraient également les hommes les plus dignes de leurs rangs. Ainsi l'étiquette étant un abri contre le mépris personnel, est aussi une sauve-garde pour le vrai mérite ; &, ce qui est encore plus important, elle est le maintien du bon ordre. Les particuliers sont maîtres de leurs sentiments, mais non pas de leurs devoirs.

Il faut convenir que, généralement parlant, la sévérité et les minuties de l'étiquette ne forment pas un préjugé favorable pour un peuple qui en est trop occupé. L'étiquette s'étend à mesure que le mérite diminue. Le despotisme fait de l'étiquette une sorte de culte. D'un autre côté, il y a des peuples assez libres (les Anglais, qui servent à genoux leur roi), qui conservent une étiquette fort cérémonieuse pour leur prince : il semble qu'ils veuillent l'avertir par-là qu'il n'est que la représentation de l'autorité. C'est à-peu-près dans le même sens qu'on appelle étiquettes certains petits écriteaux qui se mettent sur des sacs, des boites ou des vases, pour distinguer des choses qui y sont renfermées, et qui sans cela pourraient être confondues avec d'autres.

Il y avait une étiquette chez les empereurs du bas empire, c'est-à-dire lorsqu'il n'y avait plus de Romains, quoiqu'il y eut un gouvernement qui en portait le nom.

De tous temps il y a eu des distinctions de rangs et de fonctions dans un état ; mais l'étiquette proprement dite, n'est pas fort ancienne dans le système actuel de l'Europe : je ne crois pas qu'on en trouvât un détail en forme avant la seconde maison de Bourgogne. Philippe-le-Bon, aussi puissant qu'un roi, souffrait impatiemment de n'en pas porter le titre : ce fut peut-être ce qui lui fit former un état de maison qui put effacer celles des rais, par la magnificence, le nombre des officiers, et le détail de leurs fonctions. Cette étiquette passa dans la maison d'Autriche, par le mariage de Marie avec Maximilien. Les Mores avaient porté la galanterie et les fêtes en Espagne ; l'étiquette y porta la morgue et l'ennui.

L'étiquette n'est ni sévère ni régulière en France. Il y a peu d'occasions d'éclat où l'on ne soit obligé de rechercher ce qui s'est pratiqué à la cour en pareilles circonstances, on l'a oublié, et l'on tâche de se le rappeler, pour l'oublier encore. Le François est assez porté à estimer ce qu'il doit respecter, et à aimer ce qu'il estime : il n'est pas en lui de remplir froidement ni sérieusement certains devoirs ; il y manque avec légéreté, ou s'en acquitte avec chaleur. Ce qui pourrait être ailleurs une marque de servitude, n'est souvent en France qu'un effet de l'inclination et du caractère. Cet article est de M. DUCLOS, historiographe de France, et l'un des quarante de l'Académie française.

ETIQUETTE, (Jurisprudence) en style de palais, est un morceau de papier ou de parchemin que l'on attache sur les sacs des causes, instances ou procès : sur lequel on marque les noms des parties et de leurs procureurs. Celui auquel appartient le sac, met son nom à droite, et le nom des autres procureurs à gauche. Si c'est une cause, on met en tête de l'étiquette, cause à plaider dans un tel tribunal ; et au-dessous des noms des parties on met le nom de l'avocat qui doit plaider pour la partie pour laquelle est le sac. Si c'est une production de quelqu'instance ou procès, on met au haut de l'étiquette le titre de la production, et la date du jugement en conséquence duquel elle est faite. Au-dessus des noms des parties on met celui du rapporteur ; et s'il y a plusieurs chambres dans le tribunal, on marque de quelle chambre il est. On marque aussi l'enregistrement des productions, et le folio. L'origine de ce mot étiquette vient du temps que l'on rédigeait les procédures en latin ; on écrivait sur le sac, est hic quaestio inter N.... et N.... et souvent au lieu d'écrire quaestio tout au long, on mettait seulement quaest. ce qui faisait est hic quaest. d'où les praticiens ont fait par corruption étiquette. Voyez ci-devant ETIQUETTE, et ci-après ÉTIQUETER.

On appelle étiquette au grand-conseil, les placets et mémoires que l'on donne au premier huissier, pour appeler les causes à l'audience. (A)

Etiquettes de témoins, voyez ci-après ETIQUETER.

ETIQUETTE, terme de Pêche, sorte de petit couteau emmanché dont on se sert pour cueillir les moules : il est assez ressemblant à celui avec lequel les marchandes de cerneaux ouvrent et préparent ce fruit.