S. m. (Histoire ancienne) grand bâtiment toujours plus long que large, où l'on donnait différents spectacles : un des bouts, le plus étroit, était terminé en ligne droite ; l'autre était arrondi en demi-cercle ; les deux côtés qui partaient des extrémités de la face droite, et qui allaient rencontrer les deux extrémités de la face circulaire, étaient les plus longs ; ils servaient de base à des sièges ou gradins placés en amphithéâtre pour les spectateurs ; la face droite et la plus étroite était composée de douze portiques pour les chevaux et pour les chars ; on les appelait carcères ; là il y avait une ligne blanche d'où les chevaux commençaient leurs courses. Aux quatre angles du cirque, sur le pourtour des faces, il y avait ordinairement quatre corps de bâtiments carrés, dont le haut était chargé de trophées ; quelquefois il y en avait trois autres dans le milieu de ce pourtour, qu'on appelait meniana. Le milieu de l'espace renfermé entre les quatre façades dont nous venons de parler, était occupé par un massif d'une maçonnerie très-forte, de douze pieds d'épaisseur sur six de haut ; on l'appelait spina circi. Il y avait sur la spina des autels, des obélisques, des pyramides, des statues, et des tours coniques : quelquefois les tours coniques étaient élevées aux deux extrémités sur des massifs de pierre carrés, et séparés par un petit intervalle de la spina, en sorte qu'elles partageaient chacun des espaces des extrémités de la spina aux façades intérieures du cirque en deux parties, dont la plus grande de beaucoup était entre la façade et les tours. Au dessous des gradins en amphithéâtre placés sur les façades du cirque, on avait creusé un large fossé rempli d'eau, et destiné à empêcher les bêtes de s'élancer sur les spectateurs ; ce fossé s'appelait euripe. Les jeux, les combats, les courses, etc. se faisaient dans l'espace compris de tout côté entre l'euripe et la spina circi ; cet espace s'appelait area. A l'extérieur le cirque était environné de colonnades, de galeries, d'édifices, de boutiques de toutes sortes de marchands, et de lieux publics.

Les bâtiments qu'on appelait cirques à Rome, s'appelaient en Grèce hippodromes. Voyez HIPPODROME. On en attribue l'institution à Rome à Romulus, qui les appela consualia, nom pris de Consus, dieu des conseils, que quelques-uns confondent avec Neptune l'équestre. Les jeux qui se célébraient dans les cirques se faisaient auparavant en plaine campagne, ensuite dans de grands enclos de bois, puis dans ces superbes bâtiments dont nous allons parler.

On célébrait dans les cirques des courses de chars, aurigatio (voyez CHARS et COURSES) ; des combats de gladiateurs à pied, pugna pedestris (voyez GLADIATEURS) ; des combats de gladiateurs à cheval, pugna equestris (voyez GLADIATEURS) ; la lutte, lucta (voyez LUTTE) ; les combats contre les bêtes, venatio (voyez BETES) ; les exercices du manège par de jeunes gens ; ludus Trojae, jeux de Troie ; les combats navals, naumachia. Voyez NAUMACHIES.

On comptait à Rome jusqu'à quinze cirques ; mais ils n'étaient pas tous de la même grandeur ni de la même magnificence. Il y avoit

Le cirque d'Adrien. Il était dans la quatorzième région, près de l'endroit où est aujourd'hui le château Saint-Ange. Il fut ainsi appelé de l'empereur Adrien qui le fit construire. Il n'était pas magnifique : les uns prétendent que ce ne fut qu'un enclos de bois ; d'autres, qu'il était de pierre noire. On croit encore en remarquer des vestiges.

Le cirque d'Alexandre. Il était dans la neuvième région, où est aujourd'hui la place Navonne. On en voit la figure sur quelques monnaies d'Alexandre Sévère. On l'appelait aussi le cirque agonal, parce qu'on y avait célébré les jeux de Janus Agonius. On prétend que c'est par corruption d'Agonius qu'on a fait le nom Navonne. On dit qu'on découvrit des restes de ce cirque en creusant les fondements de l'église de sainte Agnès.

Le cirque d'Antonin Caracalla, ou peut-être de Galien. Il était dans la première région, à l'endroit où est aujourd'hui la porte S. Sébastien, anciennement appelée la porte Capene. On croit en voir des restes entre l'église S. Sébastien et le capo di Bove. Le pape Innocent X. fit ériger son obélisque sur la magnifique fontaine de la place Navonne. L'aire en est actuellement une prairie de 223 cannes de long, sur 33 1/2 de large.

Le cirque d'Aurélien. Il était dans la cinquième région, mais il faut plutôt l'appeler cirque d'Eliogabale, parce qu'Aurélien ne fit que le réparer. Voyez plus bas le cirque d'Eliogabale.

Le cirque Castrensis. Il était devant la porte Lubicana ou de Preneste, aujourd'hui la porta Maggiore, non loin de l'amphithéâtre Castrensis, derrière sainte-Croix en Jérusalem. On prétend qu'il n'était qu'à l'usage des soldats, et que c'est aussi le même que celui d'Eliogabale.

Le cirque de Domitia. Il était dans la quatorzième région. Il y a lieu de conjecturer que c'était le même que celui d'Adrien.

Le cirque d'Eliogabale. Il était dans la quinzième région. Son obélisque est regretté des savants ; il était chargé d'hiéroglyphes ; on en voit les morceaux dans la cour du cardinal François Barbarin. Il restait encore il n'y a pas longtemps des vestiges du cirque.

Le cirque de Flaminius. Il était en la neuvième région, dans des prés appelés alors prata Flaminia. Il fut bâti l'an 530 par Cneius Flaminius censeur, le même qui fut défait par Annibal près du lac Trasimene. Il avait une double galerie de colonnes corinthiennes. Il était hors de la ville. C'était-là que commençait la marche des triomphes. On y donnait la paye aux soldats. On y célébrait les jeux Appollinaires et les nundines. Quand il était inondé du Tibre, la célébration des jeux se transférait au mont Quirinal. On croit qu'il fut ruiné dans la guerre des Goths et de l'empereur Justinien ; et l'on prétend qu'en 1500 on en voyait encore des vestiges à l'endroit où est aujourd'hui l'église de S. Nicolo alle Calcare.

Le cirque de Flore. Il était dans la sixième région, en un enfoncement, entre le Quirinal et le Pintius. C'était-là qu'on célébrait les jeux Floraux. On prétend que ce fut un théâtre. Il s'appelle aujourd'hui la piazza Grimana.

Le circus intimus. Il était dans la vallée Murcia ; mais comme le grand cirque s'y trouvait aussi, on les confond.

Le cirque de Jules-César. On prétend qu'il s'étendait depuis le mausolée d'Auguste jusqu'à la montagne voisine ; mais il y a du doute même sur son existence.

Le grand cirque. Il était dans l'onzième région. On l'appelait le grand, parce qu'on y célebrait les grands jeux, ou jeux consacrés diis magnis, ou parce qu'il était le plus grand des cirques. Il était dans la vallée Murcia, entre les monts Palatin et Aventin. Il fut commencé sous Tarquin le vieux. Les sénateurs et chevaliers s'y faisaient porter des banquettes de bois appelées fori, qu'on remportait à la fin des jeux. Il fut dans la suite orné, embelli et renouvellé sous plusieurs empereurs, mais surtout sous Jules-César. Sa longueur était de trois stades et demie, ou de 2180 pieds ou environ, et sa largeur de quatre arpens, ou de 960 pieds. Il pouvait contenir 150000 hommes, selon quelques-uns, 260000 ou même 380000, selon d'autres. Sa façade de dehors avait deux rangs d'architecture à colonnes, au dessus desquels il y avait un plus petit ordre. A son extrémité circulaire il y avait trois tours carrées, et deux à l'autre extrémité. Dans les derniers temps ces tours appartenaient à des sénateurs, et passaient à leurs enfants. Le bas de ce cirque en-dehors était un rang de boutiques ménagées dans les arcades les plus basses. Son euripe avait dix pieds de largeur, sur autant de profondeur. La première rangée des sièges était de pierre, les autres de bois. L'empereur Claude fit mettre en marbre les carcères ou endroits d'où partaient les chevaux et les chars, et dorer les bornes, et désigna une place sur la spina pour les sénateurs. Les carcères étaient à la petite façade du côté du Tybre, au nombre de douze. La première chose qu'on trouvait en s'approchant de la spina par ce côté, était le petit temple appelé aedes Murciae, ou autel dédié à Vénus. Vers ce temple était celui du dieu Consus ; il touchait presque les trois pyramides rangées en ligne droite qu'on appelait metae, les bornes. Il y en avait trois autres à l'autre bout, ce qui ne faisait que six, quoique le roi Théodoric en ait compté sept. La spina était contenue entre ces trois bornes d'un côté, et les trois autres bornes de l'autre. Il y avait d'abord sur la spina l'autel des Lares, puis l'ara potentium, l'autel des dieux puissants ; deux colonnes avec un fronton formant comme l'entrée du temple ; un autre morceau semblable dédié à Tuteline avec un autel ; une colonne portant la statue de la victoire ; quatre colonnes dont l'architrave, la frise, la corniche, étaient ornés et surmontés de dauphins : elles formaient une espèce de temple à Neptune ; la statue de Cybele assise sur un lion ; au pied du grand obélisque, vers le centre du cirque, un temple du Soleil ; un trepié à la porte de ce temple ; une statue de la Fortune sur une colonne ; un bâtiment à colonnes couronné de pierres rondes, oblongues et dorées, qu'on appelait les œufs des courses, ova curriculorum, et qu'on ôtait pour compter le nombre des courses ; des temples, des colonnes, des statues, etc. une statue de la Victoire sur une colonne ; l'autel des grands dieux ; un obélisque plus petit que le précédent, consacré à la Lune ; enfin les trois autres bornes, metae. Auguste fit substituer un obélisque à un grand mât qui était dressé au milieu du cirque, et qui lui donnait l'air d'un vaisseau. L'empereur Constance y en éleva un second plus haut que le premier : celui-ci est maintenant à la porta del Popolo ; l'autre est devant l'église Latéranne. Aux façades du cirque en-dedans, il y avait, comme aux amphithéâtres (voyez AMPHITHEATRE), le podium ou place des sénateurs ; au-dessus des sièges des chevaliers romains ; plus haut une grande galerie régnant tout-autour du cirque ; au-dessus de cette galerie de nouveaux gradins continués les uns par ordre au-dessus des autres jusqu'au haut de la façade, où les derniers gradins étaient adossés contre l'extrémité du petit ordre d'architecture dont nous avons parlé. Dans les jours de jeux on jonchait l'arene de sable blanc. Caligula et d'autres empereurs y firent répandre pour plus de magnificence du cinnabre, du succin, et du bleu. On y avait pratiqué un grand nombre de portes. Il fut brulé sous Néron, et il s'écroula sous Antonin le pieux ; mais on le releva toujours, jusqu'à ce qu'il fut rasé entièrement sans qu'on sache à quelle occasion. Il n'en reste plus que des vestiges à l'endroit appelé valle di cerchi.

Le cirque de Néron. Il était dans la quatorzième région de la ville, entre le Janicule et le Vatican, où est aujourd'hui l'église de S. Pierre de Rome, devant laquelle Sixte-quint fit placer son obélisque.

Le cirque de Salluste. Il était dans la sixième région, près de la porte Colline, vers le Quirinal et le Pintius. Il en reste des vestiges, quoique la plus grande partie en soit comprise dans les jardins Ludovisiens, où l'on en voit l'obélisque.

Le cirque Vatican. C'est le même que celui de Néron.

Quoiqu'il y eut six prisons, carcères, à chacun des côtés du cirque, les courses ne pouvaient commencer que de l'un des côtés. De ces six prisons il n'y en avait que quatre dont on ouvrit les portes, pour les quatre factions, jusqu'à ce que Domitien ajouta deux nouvelles factions, afin qu'il en put sortir six à-la-fais, et qu'il ne restât pas deux portes fermées. Ceux qui concouraient à la course, avaient toujours à gauche la spina en partant.

Les factions étaient distinguées par la couleur de leur habit : il n'y avait dans le commencement que la blanche et la rouge ; on y ajouta la verte et la bleue, ensuite la dorée et la pourprée, qui ne durèrent pas longtemps. Les factionnaires étaient ou des esclaves, ou des affranchis, ou des étrangers : cependant quelques enfants de famille, des sénateurs, et même des empereurs, ne rougirent pas dans la suite de faire la fonction vîle d'aurige. Ces factions divisaient le peuple ; les uns étaient pour une couleur, les autres pour une autre ; ce qui causa souvent des émeutes. Voyez HIPPODROMES, COURSES, LUTTE, etc. Voyez Antiq. exp. Hed. lex.