BARRE, en terme de Palais, dénote une enceinte de menuiserie, haute de trois ou quatre pieds, derrière laquelle les avocats sont placés pour y plaider des causes. Voyez COUR.

On l'appelle en quelques endroits barre d'audience, et dans d'autres auditoire ; elle répond à ce qui était appelé parmi les Romains causidica. On l'appelle barre parce qu'elle est formée par une barrière, appelée aussi par des auteurs cancelli, barreaux, et caulae, parc, par une métaphore prise d'un lieu où parquent les moutons.

La dénomination de barre ou barreau est aussi donnée aux bancs où les gens de loi ou les avocats sont assis, à cause de la barre ou barrière qui sépare les conseillers, des plaideurs, procureurs et autres.

En Angleterre les gens de loi qui sont appelés à la barre, c'est-à-dire qui ont leur licence pour plaider, appelés licentiati, ou licentiés, sont nommés barristers. Voyez ADVOCAT.

Barre s'est dit aussi d'une exception contre une demande ou plainte. Voyez EXCEPTION.

L'auteur des termes de Pratique définit barre un moyen rapporté par le défendeur dans un procès, par lequel l'action du demandeur est détruite pour toujours.

On distinguait la barre en perpétuelle et temporelle.

Barre perpétuelle, est celle qui éteint l'action pour toujours.

Barre temporelle, n'est qu'une exception dilatoire. Voyez DILATOIRE. (H)

* BARRE-SACREE. (Histoire ancienne, Mythologie) instrument de bois en forme de cassette, partagé par deux sceptres posés en sautoir, dont les Egyptiens se servaient dans leurs sacrifices et pour leurs divinations. Kirker, Obel. pamph. et Oedip. Aegypt.

BARRES, (Histoire moderne) mot dont on s'est autrefois servi pour exprimer un exercice d'hommes armés et combattant ensemble avec des courtes épées, dans un espace fermé de barreaux ou barrières qui les séparaient des spectateurs. Voyez LICE. (G)

BARRES, (Jeu) est encore le nom que les jeunes gens donnent à un jeu qui consiste à se séparer en deux troupes, à venir se provoquer réciproquement, à courir les uns contre les autres entre des limites marquées ; en sorte que si quelqu'un de l'un ou de l'autre parti est pris par ses adversaires, il demeure prisonnier jusqu'à ce que quelqu'un de son parti le délivre en l'emmenant malgré les poursuites du parti contraire. (G)

BARRES, en Musique, sont des traits tirés perpendiculairement à la fin de chaque mesure sur les lignes de la portée, pour séparer la mesure qui finit de celle qui recommence. Ainsi les notes contenues entre deux barres forment toujours une mesure complete , égale en valeur et en durée à chacune des autres mesures comprises entre deux autres barres, tant que le mouvement ne change pas. Mais comme il y a plusieurs sortes de mesures qui diffèrent considérablement en durée, les mêmes différences se trouvent dans les valeurs contenues entre les deux barres de chacune de ces espèces de mesures. Ainsi dans la mesure à 3 temps qui se marque par ce signe 3/2, et qui se bat lentement, la somme des notes comprises entre deux barres doit faire une ronde et demie : et dans cette autre mesure à trois temps 3/8, qui se bat vite, la même somme ne fait que trois croches ; de sorte que quatre fois la valeur contenue entre deux barres de cette dernière mesure, ne font qu'une fois la valeur contenue entre deux barres de l'autre.

Le principal usage des barres est de distinguer les mesures, et d'en indiquer le frappé qui se fait toujours sur la note qui suit immédiatement la barre. Elles servent aussi dans les partitions à montrer les mesures correspondantes dans chaque portée. Voyez PARTITION.

Il n'y a guère que cent ans qu'on s'est avisé de tirer des barres de mesure en mesure : auparavant la musique était simple ; on n'y voyait guère que des rondes, des blanches et des noires, peu de croches, presque jamais de doubles croches, avec des divisions moins inégales, la mesure en était plus aisée à suivre. Cependant j'ai Ve nos meilleurs Musiciens se trouver embarrassés à bien exécuter l'ancienne musique d'Orlande et de Goudimel : ils se perdaient dans la mesure, faute des barres auxquelles ils étaient accoutumés, et ne suivaient qu'à peine des parties chantées autrefois couramment par les Musiciens d'Henri III. (S)

BARRE, en terme de Blason, dénote une pièce honorable qui ressemble de près à la bande, dont elle ne diffère qu'en ce qu'elle est plus étroite, et en ce que la barre peut être placée dans telle partie du champ qu'on veut ; au lieu que la fasce ou bande est confinée à un seul endroit. Voyez FASCE. (V)

BARRE, en Fauconnerie, se dit des bandes noires qui traversent la queue de l'épervier.

BARRE, (Commerce) mesure de longueur dont on se sert en Espagne pour mesurer les étoffes, ainsi qu'on fait de l'aune en France.

Il y a trois sortes de barres ; celle de Valence, celle de Castille, et celle d'Aragon.

La barre de Valence contient deux pieds neuf pouces sept lignes, qui font dix treiziemes de l'aune de Paris ; de manière que treize barres de Valence font dix aunes de Paris.

La barre de Castille contient deux pieds sept pouces deux lignes et un peu plus, qui font cinq septiemes de l'aune de Paris : ainsi sept barres de Castille font cinq aunes de Paris.

La barre d'Aragon est à quelques lignes près semblable à celles de Valence et de Castille ; en sorte que trois barres d'Aragon font deux aunes de Paris. (G)

BARRE, (Marine) c'est un amas de sable ou de vase qui se forme à l'entrée des rivières et des ports, et qui la bouchent de façon qu'on n'y peut arriver que de haute mer, ou quelquefois par des ouvertures et des intervalles qu'on y trouve, et qui forment des passes qu'on appelle chenal. Ces sortes d'endroits s'appellent havre de barre, rivière de barre. Voyez HAVRE. (Z)

BARRE ; ce mot dans la Marine, se joint à plusieurs autres, et a des significations particulières dont on peut voir ci-dessous les principales.

Barres d'arcasse, c'est un terme commun à la grande barre d'arcasse, ou lisse de hourdi, et aux petites barres d'arcasse, ou barres de contr'arcasse ou contrelisses ; elles sont toutes à l'arcasse du vaisseau, et le soutiennent. La grande barre d'arcasse est la plus haute, et pose par son milieu sur le haut de l'étambord, et par ses bouts sur les estains : c'est le dernier des bouts de l'arrière qui affermit la poupe. Voyez la position de la grande barre d'arcasse. Pl. IV. fig. 2. et la forme de cette pièce, Planc. VI. fig. 39. Voyez LISSE DE HOURDI.

Barres d'arcasses, contrelisses, barres de contr'arcasse ; ce sont celles qui se posent au-dessous de la lisse de hourdi, elles sont assemblées à queue d'aronde dans les estains et avec l'étambord par une entaille qu'on leur fait. Voyez leur position, Planc. IV. fig. 1. n°. 11.

Barre de pont ; c'est une autre barre d'arcasse sur laquelle on pose le bout du pont du vaisseau ; elle est parallèle et presque semblable à la lisse de hourdi. Voyez la Pl. IV. fig. 1. n°. 10.

Barre d'arcasse de couronnement, c'est une longue pièce de bois qui lie le haut du vaisseau par son couronnement. Voyez Pl. III. fig. 1. le couronnement du vaisseau coté N N.

Barre de cabestan ; ce sont des pièces de bois carrés qui servent à faire virer le cabestan. Voyez CABESTAN.

Barre de virevaux ; voyez VIREVAUX.

Barres d'écoutilles : ce sont des traverses de bois, ou des pièces de bois étroites qui traversent les panneaux des écoutilles par-dessous, pour en tenir les planches jointes ; quelques-uns les appellent taquets de panneaux.

BARRE DE GOUVERNAIL, (Marine) c'est une longue pièce de bois qui d'un bout entre dans une mortaise qui est dans la tête du gouvernail pour le faire mouvoir, et l'autre bout est attaché avec une cheville de fer à une boucle de même métal à la barre nommée manuelle, que le timonier tient. Voyez Pl. IV. fig. 1. la barre du gouvernail cotée 177.

Ce terme de barre est équivoque ; on le prend quelquefois pour le timon, et quelquefois pour la manuelle ou la manivelle. Voyez TIMON et MANIVELLE.

Changer de barre du gouvernail, c'est la faire tourner d'un autre côté.

Barre à bord : barre de gouvernail toute à bord, c'est-à-dire poussée contre le côté du vaisseau, ou aussi loin qu'elle peut aller.

Pousse la barre à arriver ; c'est lorsqu'on veut ordonner au timonier de pousser la barre au vent ; en sorte que le vent donne à plein dans les voiles pour arriver.

Pousse la barre à venir au vent ou pousse la barre sous le vent ; c'est afin de faire venir le vaisseau au lof, c'est-à-dire mettre la barre sous le vent pour virer.

BARRES de hune, (Marine) barreaux, tesseaux ; ce sont quatre pièces de bois mises de travers l'une sur l'autre, qui font saillie autour de chaque mât, au-dessous de la hune, pour la soutenir, et même pour servir de hune aux mâts qui n'en ont point. Elles sont posées en croix au-dessous du ton des mâts, et servent à soutenir les haubans, les mâts de hune, les perroquets, les essais, et diverses manœuvres et poulies. Elles sont un peu arquées, le concave en-dedans ; voyez à la Planche I. aux articles des MATS, les chiffres 12. 13 et 14. le ton, le chouquet, et la hune ; au-dessous sont placés les barres, barreaux, ou tesseaux. Leur croix traverse le vaisseau par le milieu et de bord à bord ; aux angles de ces barres, il y a de petits corps de mouton, par où sont amarrés de petits haubans qui traversent aux grands haubans pour les affermir. Voyez à la Planche I. le chiffre 14. ces petits haubans.

Les barres des perroquets servent à tenir le bâton du pavillon. On donne autant de longueur aux barres de hunes, que le fond de la hune a de largeur.

Les grandes barres de hune d'un vaisseau de cent trente-quatre pieds de long de l'étrave à l'étambord, doivent avoir cinq pouces et demi d'épais et sept pouces et demi de large ; toutes les autres sont moins larges à proportion, et aussi plus plates et plus minces ; leur longueur doit être d'environ neuf pieds et demi.

Celles du mât de misene doivent avoir huit pieds et demi de long.

Celles du mât d'artimon, quatre pieds et demi.

Celles de beaupré : quatre pieds et demi, de même que celles du grand mât de hune.

Celles du mât de hune d'avant doivent avoir trois pieds et demi.

Celles du perroquet de fougue, deux pieds.

Celles du grand perroquet et du petit beaupré, deux pieds.

Celles du perroquet de misene, un pied et demi au moins.

Ces mesures ne sont pas invariables ; il y a des constructeurs qui prétendent que la longueur des barres de hune, qui sont placées dans la longueur de poupe à proue, doit être du tiers de la largeur du vaisseau, que chaque six pieds de leur longueur leur doit donner cinq pouces d'épaisseur de haut en bas, et que leur largeur doit être des quatre cinquiemes parties de leur épaisseur.

A l'égard de celles qui sont posées dans la largeur du vaisseau, ou qui le traversent d'un bout à l'autre, elles doivent être un peu plus courtes, quoiqu'égales en largeur ; mais en épaisseur de haut en-bas, elles doivent avoir aussi un quart moins que de largeur.

Les barres de hune du mât de misene doivent être d'une sixième partie plus courtes que celles du grand mât. Les barres du mât d'artimon à-peu-près la moitié de celles du grand mât, tant en longueur, largeur, qu'épaisseur. Celles de beaupré, qui doivent être posées tout à fait de niveau, ont les mêmes proportions que celles de l'artimon, aussi bien que celles du grand mât de hune ; et celles du mât de hune d'avant doivent être d'une dixième partie plus petites.

Les barres de hune du grand perroquet doivent être en toutes proportions de la moitié de celles du grand mât de hune ; il en doit être de même à l'égard des barres du mât de hune d'avant : celles du perroquet d'artimon doivent être un peu plus petites que celles du grand perroquet, et celles du perroquet de beaupré leur doivent être égales.

BARRES de cuisine ; ce sont des barres de fer qui servent à soutenir les chaudières qu'on met sur le feu ; elles sont posées de long et de travers dans les cuisines des vaisseaux.

BARRES ou BARRIERES des ports, (Marine) ce sont de longues poutres dont on ferme les entrées des ports ; mais plus souvent on se sert de chaines. (Z)

BARRE, terme de Rivière ; pièce de bois dans une écluse, qui soutient les aiguilles.

BARRE, terme de Rivière ; certain flot particulier à la rivière de Seine : ce flot est haut environ de deux pieds, et vient fort impétueusement avec le flux de la mer, ce qui le rend dangereux pour les bateaux mal fermés.

La barre n'est sensible que jusqu'au Pont-de-l'Arche.

BARRES, (Manège) ce sont les parties les plus hautes de la gencive du cheval, où il n'y a jamais de dents ; elles sont situées entre les dents mâchelières et les crochets de part et d'autre de la bouche ; c'est où se fait l'appui du mors de la bride, qui sert à conduire le cheval. C'est un défaut à cet animal d'avoir les barres rondes et peu sensibles ; car encore que le canon simple (voyez CANON) porte sur la langue, les barres ne laissent pas d'en ressentir l'effet au-travers, tant elles sont sensibles et délicates. Il faut aux chevaux qui ont les barres rondes et peu sensibles, un mors qui en réveille le sentiment, tel qu'un mors qui tient de l'entier, c'est-à-dire qui ne plie point dans le milieu de la liberté de la langue. Les barres tranchantes marquent une bouche extrêmement fine. On dit que la lèvre d'un cheval arme la barre, pour dire qu'elle la couvre.

BARRE, (Manège) c'est un morceau de bois gros comme la jambe, rond, et long de sept à huit pieds, percé d'un trou à chaque bout, pour y arrêter deux cordes, dont l'une s'attache à la mangeoire, et l'autre au poteau. Voyez MANGEOIRE, POTEAU. Ce sont ces morceaux de bois qui séparent les chevaux l'un de l'autre dans une écurie : ils sont ordinairement suspendus à un pied et demi de terre. Les chevaux s'embarrent quelquefois. Voyez EMBARRER. (V)

BARRE d'appui, (Architecture) les ouvriers l'appellent plate-bande d'appui ou plaque bande quarderonnée, parce qu'il y a deux quarts de ronds aux deux côtés pour adoucir les arêtes : c'est, dans une rampe d'escalier ou un balcon de fer, la barre de fer aplatie sur laquelle on s'appuye, et dont les arêtes sont rabattues. (P)

* BARRE de godet ; c'est une barre de fer plat en volute par sa partie saillante, et qui par l'autre bout qui porte sur les entablements est à harpon ou à patte, et qui a, à un pied de sa partie saillante, une bride pour soutenir les bords du godet de plomb, communément dit gouttière.

* BARRE de languettes ; c'est une barre de fer plat toute droite, qui se pose aux manteaux de cheminée, et sert à soutenir la languette de la cheminée, ou son devant ; elle est plus en usage pour les cheminées de brique, que dans les autres ; parce que la brique ne se soutenant pas par elle-même, comme le plâtre, elle a besoin de cet appui.

BARRE de lintot ou LINTOT ; c'est une barre de fer plat ou carré, qui se pose au lieu de lintots de bois aux portes et aux croisées ; on en met aussi aux croisées bandées en pierre, pour en empêcher l'écartement.

* BARRE de tremie ; c'est une barre de fer plat coudée à double équerre à chacune de ses extrémités, et dont l'usage est de soutenir les plâtres des foyers des cheminées ; elle se place dans les trémies observées dans les planchers, où elle pose sur les solives d'enchevêtrure.

BARRE, chez les Fontainiers ; on appelle barre de soudure, une pièce étendue en long, composée de plomb et d'étain, pesant environ 18 à 20 livres. Voyez SOUDURE. (K)

BARRE fendue ou fondue, verge de barre fondue ; petite barre de dessous, barre de derrière, barre à aiguilles, etc. parties du métier à faire des bas. Voyez l'article BAS.

BARRE, outil de Charron ; c'est une espèce d'essieu de fer de la longueur de quatre pieds, de trois pouces d'épaisseur, carré au milieu, et arrondi par les deux bouts ; il sert aux Charrons à conduire deux grandes roues à la fais.

BARRE, (Menuiserie) s'entend des pièces de bois qu'on met aux contrevents, aux portes, etc. pour entretenir les planches ensemble, Voyez 1. 2. Pl. IV. de Menuiserie, fig. 3.

BARRES à queues, (Menuiserie) ce sont celles qui entrent dans les montants, comme celles des portes de granges qui sont à bâtis, et dont les barres sont emmanchées à queue d'aronde dans les montants.

BARRE, chez les Tonneliers, est une pièce de bois que ces ouvriers appliquent en travers sur chacun des fonds d'une futaille, et qu'ils y assujettissent avec des chevilles qui appuient par un bout sur cette traverse, et de l'autre entrent dans des trous pratiqués avec le barroir, dans ce qu'on appelle le peigne du jable. La barre sert à maintenir les douves des fonds, et empêche qu'elles ne se déplacent de dedans le jable. Voyez PEIGNE de jable et BARROIR.

BARRE, terme de Tourneur, est un long morceau de bois qu'on appelle aussi appui et support, que l'ouvrier a devant lui en tournant, et sur lequel il appuye ses outils. Voyez TOUR.

BARRE à dégager, (Verrerie) il y a deux barres à dégager ; l'une grande, l'autre petite : elles ont l'une et l'autre le même usage. Les tiseurs s'en servent pour dégager la grille, et mettre le four en fonte. La grande a onze pieds de longueur sur quatorze lignes d'épaisseur, dans la partie où elle est carrée ; cette partie équarrie a vingt-deux pouces de long ; le reste est arrondi. La petite n'a que sept pieds de long.

BARRE à porter ; c'est ainsi qu'on appele, dans les Verreries, un instrument, ou barre, qui sert à transporter le pot de l'anse dans la tonnelle. Voyez VERRERIE, POT, TONNELLE.

BARRE à repasser (Verrerie) instrument de fer ou de bois, dont on se sert dans la préparation des briques, pour la construction des fourneaux de Verreries ou autres. Cette barre est carrée ; elle a neuf à dix lignes d'épaisseur ; l'ouvrier la tient entre ses mains ; et quand il a placé les briques seches dans la boite qui en détermine les dimensions, il applique la barre sur les bords de la boite, il la tire fortement à lui en suivant toujours les bords, et enlève dans ce mouvement l'excédant de brique.

* BARRE (Géographie) petite ville de France, dans le Gévaudan, au diocese de Mende.