Les maîtres de cette communauté sont qualifiés, maîtres jurés Fourbisseurs et Garnisseurs d'épées et autres bâtons au fait d'armes, de la ville de Paris.

Ils ont droit de fourbir, monter, garnir, et vendre des épées, des lances, des dagues, des halebardes, des épieux, des masses, des pertuisanes, des haches, et les armes qu'on a inventées de nouveau. et dont on se sert en place des anciennes.

Quatre jurés, dont deux sont élus tous les ans, veillent à l'observation des règlements, et doivent faire les visites deux fois le mois ; ils donnent le chef-d'œuvre aux aspirants à la maitrise, et appellent quatre bacheliers de ceux qui sont les derniers sortis de jurande, pour juger si le chef-d'œuvre est recevable.

Pour être reçu au chef-d'œuvre, il faut avoir fait apprentissage de cinq ans chez les maîtres de Paris. Les apprentis des autres villes y peuvent néanmoins être reçus, en justifiant de trois années de leur apprentissage, et en le continuant encore trois autres à Paris.

Les fils de maîtres, même des maîtres de lettres, ne sont point tenus au chef-d'œuvre.

Les veuves jouissent de tous les privilèges de leurs maris, à la réserve du droit de faire des apprentis : elles peuvent cependant achever celui qui est commencé.

Aucune marchandise foraine ne peut être achetée par les maîtres, qu'elle n'ait été visitée des Jurés ; et même après la visite, elle est sujette au lottissage.

Les maîtres Fourbisseurs peuvent seuls dorer, argenter, ciseler les montures et garnitures d'epées et autres armes ; comme aussi y faire mettre des fourreaux.

Le bois qui sert à la monture des fourreaux se tire de Villers-Coterets ; on n'y emploie guère que du hêtre qu'on achète en feuilles de quatre pouces de large, et de deux ou trois lignes d'épaisseur ; et qu'après avoir dressé avec des rapes, on coupe le long d'une règle avec un couteau, pour les réduire et partager en une largeur convenable à la lame qui doit y être enfermée : ces feuilles de hêtre se vendent ordinairement au cent.

On n'emploie point d'autre moule pour faire ces fourreaux, que la lame même de l'épée, sur laquelle on place d'abord le bois, qu'on couvre ensuite de toile, et enfin d'un cuir bien passé qu'on coud pardessus, après avoir collé le tout ensemble. On met un bout de métal à la pointe et un crochet au haut.

Il y a des maîtres Fourbisseurs qui ne s'appliquent qu'à la fabrique des fourreaux ; d'autres qui ne font que des montures ; et d'autres qui montent les épées, c'est-à-dire qui y mettent la garde et la poignée.

Les Fourbisseurs de Paris ne forgent point les lames qu'ils montent ; ils les tirent d'Allemagne, de Franche-Comté, de S. Etienne en Forez ; ces dernières ne servent que pour les troupes ; celles d'Allemagne sont les plus fines et les plus estimées, celles de Franche-Comté tiennent le milieu : elles se vendent toutes au cent, à la grosse, à la douzaine, et à la pièce. Voyez les dict. de Chambers, de Trévoux, et du Comm.