Le plus singulier de cette basilique, c'est qu'en y entrant on n'y trouve rien d'abord qui surprenne à un certain point : la symétrie et les proportions y sont si bien gardées, toutes les parties y sont placées avec tant de justesse, que cet arrangement laisse l'esprit tranquille ; mais quand on vient à détailler les beautés de cet admirable édifice, il parait alors dans toute sa magnificence. En voici seulement les principales dimensions.

Sa longueur est de 594 pieds, sans compter le portique ni l'épaisseur des murs. La longueur de la croix est de 438 pieds ; le dôme a 143 pieds de diamètre en-dedans ; la nef a 86 pieds 8 pouces de largeur, et 144 de hauteur perpendiculaire ; la façade a 400 pieds de profil : du pavé de l'église au haut de la croix qui surmonte la boule du dôme, on compte 432 pieds d'Angleterre. Le portail est digne de la majesté du temple.

Ce sont d'abord plusieurs gros piliers qui soutiennent une vaste tribune, ces piliers forment sept arcades, qui sont appuyées, de marbre violet d'ordre ionique : le devant de la tribune est aussi orné de colonnes, et d'une balustrade de marbre ; au - dessus sont des fenêtres carrées qui font un fort bel effet ; et le tout est terminé par une balustrade sur laquelle on a placé la statue de Notre-Seigneur et celles des douze apôtres, qui ont 18 pieds de haut.

La coupole est sans-doute l'objet de ce temple le plus digne de nos regards : il ne restait dans le monde que trois monuments antiques de ce genre ; une partie du dôme du temple de Minerve dans Athènes, celui du Panthéon à Rome, et celui de la grande mosquée à Constantinople, autrefois Sainte-Sophie, ouvrage de Justinien. Mais ces coupoles assez élevées dans l'intérieur, étaient trop écrasées au-dehors. Le Bruneleschi, qui rétablit l'Architecture en Italie au XIVe siècle, remédia à ce défaut par un coup de l'art, en établissant deux coupoles l'une sur l'autre dans la cathédrale de Florence ; mais ces coupoles tenaient encore un peu du gothique, et n'étaient pas dans les nobles proportions. Michel-Ange Buonaroti, donna le dessein des deux dômes de Saint-Pierre, et Sixte-Quint exécuta en vingt-deux mois cet ouvrage dont rien n'approche.

Toute la voute est peinte en mosaïque par les plus grands maîtres. Ce dôme est soutenu par quatre gros piliers, au bas desquels on a placé quatre statues de marbre blanc plus grandes que nature.

Urbain VIII. a fait construire pour sa part le grand autel de marbre de ce temple, dont les colonnes et les ornements paraitraient par-tout ailleurs des ouvrages immenses, et qui n'ont là qu'une juste proportion ; c'est le chef-d'œuvre du Bernini, digne compatriote de Michel-Ange.

Le grand autel dont nous parlons est directement sous le dôme ; quatre colonnes de bronze torses, ornées de festons, soutiennent un baldaquin de métal ; quatre anges de même matière plus grands que nature, posés sur chaque colonne ; et plusieurs petits anges distribués sur la corniche, donnent une majesté singulière à cet autel.

La confession de Saint-Pierre, qu'on suppose l'endroit où cet apôtre a été enterré, est directement dessous : ce lieu, qui est interdit aux femmes, est tout revêtu de marbre, et magnifiquement décoré.

Tout reluit d'or et d'azur dans Saint-Pierre de Rome ; tous les piliers sont revêtus du marbre le plus poli ; toutes les voutes sont de stuc à compartiments dorés.

On trouve dans ce lieu des morceaux de peinture des plus grands maîtres. Le cavalier Lanfranc a peint la voute de la première chapelle. On voit dans la seconde un saint Sébastien du Dominiquain. Dans la chapelle du saint Sacrement est un tableau de la Trinité de Pierre Cortone, etc.

Les morceaux de sculpture surpassent peut-être tout le reste : le plus considérable est la chaire de S. Pierre. Cette chaire, qui n'est que de bois, est enchâssée dans une autre chaire de bronze doré, environnée de rayons, et soutenue par les quatre docteurs cardinaux de l'Eglise, Saint Ambraise, saint Jérôme, saint Augustin, et saint Grégoire, dont les statues plus grandes que nature, sont posées sur des piédestaux de marbre. Le dessein de ce bel ouvrage est encore du cavalier Bernin. Aux deux côtés de la chaire de S. Pierre sont deux superbes mausolées, l'un d'Urbain VIII. et l'autre de Paul III. (D.J.)