Le plus fameux averne était un lac proche de Baies, dans la Campanie ; les Italiens modernes l'ont appelé pago di Tripergola.

Les anciens disent que les vapeurs qu'il exhale sont si pernicieuses, que les oiseaux ne peuvent le passer en volant, et qu'ils y tombent morts. Cette circonstance jointe à la grande profondeur du lac, fit imaginer aux anciens, que c'était une entrée de l'enfer ; c'est pourquoi Virgile y fait descendre Enée par cet endroit.

Proche de Baïes, dit Strabon, est le golfe de Lucrine, où est le lac de l'averne. C'était-là que les anciens croyaient qu'Ulysse avait, suivant Homère, conversé avec les morts, et consulté les manes de Tirésias ; là était l'oracle consacré aux ombres, qu'Ulysse alla voir et consulter sur son retour. L'averne est un lac obscur et profond, dont l'entrée est fort étroite du côté de la baie ; il est entouré de rochers pendants en précipice, et n'est accessible qu'aux navires sans voîle ; ces rochers étaient autrefois couverts d'un bois impénétrable, dont la profonde obscurité imprimait une horreur superstitieuse, et l'on croyait que c'était le séjour des Cimmeriens, nation qui vivait en de perpétuelles ténèbres. Voyez CIMMERIEN.

Avant que de faire voîle vers cet endroit horrible, on sacrifiait aux dieux infernaux pour se les rendre propices ; dans ces actes de religion, l'on était assisté de prêtres, qui demeuraient et exerçaient leurs fonctions proche de l'averne. Au dedans était une fontaine d'eau pure, qui se déchargeait dans la mer ; on n'en buvait jamais, parce que l'on était persuadé que c'était un écoulement du Styx. En quelqu'endroit proche de cette fontaine était l'oracle ; les eaux chaudes qui sont communes dans ce pays, faisaient penser aux habitants qu'elles sortaient du Phlégéton. Recherches sur la vie d'Homère, sect. 11. (G)

AVERNE