Jetter l'ancre, c'est laisser tomber l'ancre lorsqu'on est dans une rade pour y arrêter le vaisseau.

Jetter le plomb ou la sonde, c'est laisser tomber la sonde pour connaître la hauteur de l'eau, et s'il y a du fond pour mouiller.

Jetter un vaisseau sur des roches ou à la côte, c'est aller donner exprès contre un rocher ou sur la côte pour s'y échouer ; ce que l'on peut faire lorsqu'on espère par ce moyen sauver l'équipage ou les marchandises, dont on voit la perte certaine sans cela.

Tout pilote qui échoue par ignorance est privé pour toujours des fonctions de son état, et même suivant le cas, condamné au fouet. A l'égard de celui qui aurait méchamment et de dessein prémédité, jeté un navire sur un banc ou à la côte, il est puni de mort, et on attache son cadavre à un mât planté près du lieu du naufrage.

JETTER LES SECONDES, en termes de Brasserie ; c'est après avoir tiré les premiers métiers, jeter de l'eau une seconde fois sur la drège.

JETTER EN SOIE, en terme de Boutonnier ; c'est l'action de couvrir un moule de bouton d'une soie tournée sur la bobine en plusieurs brins. Cette bobine est montée sur un rochet (voyez ROCHET), sur lequel elle est fixe, quoiqu'en levant la bobine sur la partie moins grosse du rochet, l'ouvrier la fasse tourner à mesure qu'il emploie sa soie ; pendant ce jetage, la bobine est fixe pour que l'ouvrier puisse serrer sa soie autour du bouton ; on jette ainsi tous les moules des boutons d'or ou d'argent façonnés, afin d'asseoir les cerceaux ou les autres ornements. Voyez CERCEAUX. On dit aussi jeter en cerceau, ce qui n'est autre chose que de les poser, de les arrêter avec de la soie ou de l'or, etc.

JETTER, en terme de Cirier, c'est verser la cire sur les meches imprimées, et attachées à un cerceau, ou pour m'exprimer plus clairement, c'est la seconde couche de cire dont on enduit les meches. Voyez IMPRIMER et CERCEAU, et nos Planches.

JETTER LES FIGURES DE PLOMB, (Fonderie) pour les figures que l'on jette en plomb, il faut bien moins de précaution que pour celles de bronze. L'on se contente de remplir les creux avec de la terre bien maniée, que l'on met de telle épaisseur que l'on veut ; puis on remplit tout le moule de plâtre, ou d'un mastic fait avec du tuileau bien pulvérisé, dont on fait l'âme ou noyau.

Lorsque l'âme est achevée, on désassemble toutes les pièces du moule pour en ôter toutes les épaisseurs de terre, et ensuite on remet le moule tout assemblé à l'entour de l'âme ou noyau ; mais en sorte pourtant qu'il en soit éloigné de quatre ou cinq pouces. On remplit cet intervalle de charbon depuis le bas jusqu'en haut. On bouche même les ouvertures qui se trouvent entre les pièces du moule, avec des briques, et mettant le feu au charbon, on l'allume par-tout. Cela sert à cuire l'âme, et à secher le plâtre que les épaisseurs de terre avaient humecté. Quand tout le charbon a été bien allumé, et qu'il s'est éteint de lui-même, on a un soufflet avec lequel on fait sortir toute la cendre qui peut être dans toutes les pièces du moule. On rejoint ces pièces autour de l'âme, comme on l'a dit ci-devant. On attache bien toutes les chapes avec des cordes, et on les couvre encore de plâtre ; ensuite on coule le plomb fondu dans le moule ; ce plomb remplit l'espace qu'occupait la terre sans qu'il soit nécessaire d'enterrer le moule comme pour le bronze, si ce n'est pour de grandes pièces.

JETTER LE PLOMB SUR TOILE, (Plombier) c'est se servir d'une forme ou moule couvert d'un drap de laine, et doublé par-dessus pour jeter le plomb en lames très-fines. Voyez PLOMBERIE.

Cette manière de jeter le plomb est défendue aux plombiers par leurs statuts ; cependant il y a de certains ouvrages pour lesquels ces sortes de tables de plomb jeté sur toîle sont nécessaires. Voyez l'article PLOMBIER, où on a décrit la manière de jeter le plomb sur toile.

Les facteurs d'orgue jettent ordinairement sur toîle l'étain dont ils font certains tuyaux pour cet instrument de musique. La pratique en est semblable à celle qu'on met en usage pour fondre les tables de plomb. Voyez comme ci-dessus et l'article ORGUE.

JETTER EN SABLE, se dit en termes de Fonderie, de ce qui est jeté dans de petits moules faits de sable ou de poudre d'ardoise, de pieds de mouton, d'os de seche, de cendres et autres choses semblables ; et on appelle pistole sablée, celle qu'on a moulée et jetée en sable, et qui n'a point été faite au moulin ni au marteau. Voyez les fig. du Fondeur en sable.

Jetter, on dit en Peinture et en Sculpture, jeter les draperies, pour en disposer les plis de façon qu'ils annoncent sans équivoque les objets qu'ils couvrent. Ces draperies sont bien jetées ; ce peintre jette bien une draperie. Ce mot de jeter, dit M. de Pile, est d'autant plus expressif, que les draperies ne doivent point être arrangées comme les habits dont on se sert dans le monde ; mais il faut que suivant le caractère de la pure nature, éloignée de toute affectation, les plis se trouvent comme par hazard, autour des membres.

JETTER SUR LA PIECE, terme de Potier d'étain : c'est jeter une anse en moule sur un pot à vin ou à l'eau, ou autre pièce à qui il faut en joindre une autre ; cela se fait par le moyen d'un moule en cuivre composé de plusieurs morceaux qui s'ajustent les uns aux autres ; les moules sont percés aux endroits où l'anse doit s'attacher à la pièce. Voyez la forme d'un moule d'anse et ses différents morceaux aux figures du métier.

Pour jeter sur la pièce, on remplit les pots de sable ou de son, excepté la gorge ; on le foule et on l'arrête avec un linge ou papier, ensuite on met à la bouche du pot en-dedans, le linge dans lequel il y a du sable mouillé qu'on nomme drapeau à sable, puis on prend le moule d'anse dont les pièces sont jointes ensemble, et tenues par une ou deux serres de fer ; on pose le moule sur la pièce qu'on tient devant soi sur les genoux ; ensuite on prend de l'étain fondu et chaud dans une cuillere qui est sur le fourneau avec une autre cuillere plus petite ; on jette de l'étain dans le moule qui se soude de lui-même à la pièce, entrefondant l'endroit où il touche, après quoi on le dépouille pièce à pièce, et on continue de même jusqu'à-ce que tout soit jeté.

Quand on n'a pas des moules convenables aux grandeurs des pièces, on a des moules séparés dont on rapporte les anses ou autres choses qu'on veut faire tenir pour finir un ouvrage, et cela s'appelle mouler (voyez MOULER LES ANSES), ou on les joint par le moyen de la soudure légère. Voyez SOUDER A LA SOUDURE LEGERE.

JETTER SUR LE PIE, chez les Vergettiers, c'est rouler en prenant sous le pied le chiendent pour le dépouiller de son écorce, et le rendre propre à être employé à toutes sortes d'ouvrages.

JETTER, terme de Fauconnerie : on dit jeter un oiseau du poing, ou le donner du poing après la proie qui suit. Jetter sa tête, c'est mettre bas en parlant du cerf.