DRESSER UN INVENTAIRE, voyez INVENTAIRE.

DRESSER UN COMPTE, voyez COMPTE.

DRESSER UN CHEVAL, (Maréchalerie) c'est lui apprendre tous les exercices qu'on exige de lui.

Se dresser ; un cheval qui se dresse, est celui qui se lève tout droit sur les pieds de derrière.

DRESSER, Ve act. (Jardinage) se dit d'un terrain, d'un parterre, d'une allée, d'une planche, que l'on unit ou de niveau, ou en pente douce, ou en la coupant par différentes chutes qui forment des terrasses, suivant sa situation naturelle.

On commence par labourer tout le terrain à la charrue, pour couper les mauvaises herbes : on y passe ensuite la herse, pour araser les butes et remplir les cavités. Cette terre ainsi ameublie, est plus facîle à transporter. On fait ensuite, suivant l'alignement, des rigoles, des rayons, des repaires en cette manière : choisissez, à l'une des extrémités du terrain, l'endroit le plus uni ; vous y poserez deux jalons à cinq ou six pieds l'un de l'autre, et dont les têtes soient bien aplaties, pour y placer une règle de maçon de 8 à 10 pieds de long, et vous poserez dessus un niveau de maçon, qui établira vos deux jalons de niveau ; ensuite à l'extrémité opposée du terrain, vous mesurerez le jalon qui a été posé dans l'alignement, et qui sera de quelques pouces plus haut ou plus bas que celui qui soutient votre niveau, en faisant buter ou décharger ce jalon à la hauteur de l'autre, vous aurez le moyen de faire apporter des terres suivant le cordeau, et de dresser avec le rateau une rigole d'un pied ou deux de large, qui vous servira de repaire pour tout le reste ; vous enfoncerez rez-terre au pied des jalons, des piquets que l'on appelle taquets, multipliant ensuite ces rigoles en plusieurs endroits du terrain, et posant la règle et le niveau en-travers de l'un à l'autre, elles serviront à le dresser entièrement, en faisant apporter des terres de tous côtés, et ôtant ce qui est de trop dans certains endroits.

Les rigoles qu'on suppose à demi dressées, demandent d'être plombées en marchant dessus pour affermir la terre ; ensuite on y passe le rateau fin jusqu'à ce que le cordeau touche et effleure également la superficie de la terre sans être forcé.

Quelquefois ces rigoles se coupent en terre ferme, quand le terrain est en pente, tel que serait celui d'un talud ; alors au lieu de faire apporter des terres, on les ôte et on les enlève suivant les repaires tracés.

Quand il s'agira de dresser un terrain en pente douce, il ne faudra point poser de règle, ni de niveau, il suffira de mettre plusieurs jalons à même hauteur sur un alignement pris sur les jalons des extrémités qui sont les points de sujétion qui règlent la ligne de pente ; et en les examinant l'un après l'autre avec votre jalon d'emprunt (Voyez JALON), vous les ferez buter ou décharger suivant le besoin : vous dresserez ensuite des rigoles de pente dans toute l'étendue de votre terrain, ainsi qu'il vient d'être dit.

Si l'on coupe un terrain en terrasse, la manière de le dresser reviendra à l'une des deux précédentes. On dresse un petit talud, soit d'une terrasse ou d'un boulingrin, dont les terres sont ou en masse, ou rapportées et plombées grossièrement, en alignant des piquets de deux taises en deux taises, et en mettant en pareil nombre et à même distance, des piquets sur la ligne d'en-bas qui termine le pied du talud. Tendez un cordeau de haut en-bas d'un jalon à son opposé, et faites une rigole ou repaire d'un pied de large, suivant le cordeau ; coupez la terre aussi par rigoles, en tendant le cordeau de piquet en piquet ; pour achever de dresser ce talud qui est entrecoupé par des rigoles, passez la boucle du cordeau dans un piquet, il n'importe lequel ; trainez et promenez ce cordeau de tous sens, et d'une rigole à une autre ; faites suivre un homme qui coupera et arasera à la bêche les endroits où il y aura trop de terre, en suivant exactement le cordeau sans le forcer, où bien en faisant rapporter de la terre dans les endroits où il en manquera : ainsi donnant communication d'une rigole à une autre, on unira et applanira tout le talud avec le rateau.

On ne donnera point ici la manière de dresser un coteau en amphithéâtre ; comme ces morceaux sont composés de terrasses, de taluds, et de glacis de gason, on n'aura qu'à suivre ce qui a été enseigné à ce sujet.

S'il s'agit de dresser un potager, on le coupera en différentes planches par le moyen du cordeau et de la taise, bien entendu que ces planches seront élevées un peu au-dessus des sentiers qui les entourent.

Quand la place du parterre a été dressée comme le reste du jardin, il convient de la passer au rateau fin ; et s'il s'y trouve des pierres, on passera la terre à la claie pour la mettre en état d'être maillée, et qu'on y puisse aisément planter le buis.

On observera surtout de tenir le milieu des allées en dos-d'âne, afin de donner l'écoulement aux eaux, Voyez ALLEES, BLERBLER. (K)

DRESSER, en Architecture, c'est élever à plomb quelque corps, comme une colonne, un obélisque, une statue, etc. Dresser d'alignement, c'est lever un mur au cordeau. Dresser de niveau, c'est applanir un terrain. Dresser une pierre, c'est l'équarrir, rendre ses parements et ses faces opposées parallèles, et la disposer à recevoir le trait. (P)

DRESSER DE LIME, terme d'Aiguillier, c'est limer l'aiguille après que l'ouvrier en a formé la pointe avec la lime, et qu'il l'a marquée de son poinçon. La dresser de marteau, c'est la faire passer sous le marteau pour la redresser, après qu'elle a été recuite ; car il arrive souvent que la fraicheur de l'eau la fait déjeter ou tortuer. Voyez AIGUILLE.

DRESSER, chez les Bijoutiers, Orfèvres, Metteurs-en-œuvre, c'est rendre à la lime ou à l'échope des pièces de Bijouterie, assemblées ou non assemblées, exactement droites et plates sur toutes leurs faces.

DRESSER, chez les Bottiers, c'est polir la tige d'une botte encore en blanc, pour la cirer et la rendre plus claire, ce qui se fait en y passant la main à plusieurs reprises, après qu'elle a été rapée.

DRESSER, en terme de Cardier, c'est rendre les pointes égales et les renverser les unes autant que les autres, et toutes de même côté. On se sert pour cela d'un outil qui s'appelle dresseur. Voyez les art. DRESSEUR et CARDES.

DRESSER, chez les Chapeliers, c'est donner au feutre la figure d'un chapeau, après qu'il a été foulé. Cette opération se fait en le mettant sur une forme de bois pour en faire la tête. On se sert pour cette manœuvre de la pièce, voyez PIECE ; du choc, voyez CHOC ; et de l'avaloire, voyez AVALOIRE. C'est avec ces instruments qu'on fait descendre jusqu'au bas de la forme une ficelle qu'on avait attachée enhaut, et qui entraîne avec elle en descendant le feutre, et l'oblige à s'appliquer exactement sur la forme.

DRESSER, chez les mêmes ouvriers, c'est encore en unir et aplatir les bords et le haut de la tête, en les tournant et passant souvent sur une plaque de fer ou de cuivre, qui est échauffée par un fourneau placé dessous.

Mais pour empêcher que la chaleur de la plaque ne brule le chapeau, et le rendre plus ferme, on prend la précaution d'étendre sur la plaque une feuille de papier, et de la couvrir d'une toîle qu'on arrose de temps en temps avec le goupillon. V. l'art. CHAPEAU.

DRESSER, en terme de Cloutier d'épingle, c'est rendre le fil droit en le faisant passer sur l'engin entre plusieurs pointes de fer de côté et d'autre. Voyez ENGIN, et les fig. de la Pl. du Cloutier d'épingle.

DRESSER, se dit dans les cuisines, d'un potage et autre mets semblable. C'est verser le bouillon, le coulis, la sauce, sur le pain, ou plus généralement sur ce qui doit en être arrosé, trempé, humecté.

DRESSER, c'est en terme d'Epinglier, tirer le fil de laiton de dessus le tourniquet et le faire passer entre les clous de l'engin, pour détruire les sortes de cercles ou orbes qu'il avait pris sur la bobille, au tirage, et le réduire en brins parfaitement droits. La longueur de ces brins n'est ordinairement déterminée que par celle de la chambre où on les dresse. On les coupe avec des tenailles tranchantes fort près de l'engin, et ils tombent au-dessous sur une planche qui est placée de sorte qu'elle leur fait faire un coude. Voyez TOURNIQUET, ENGIN, BILLEILLE, et les Planches de l'Epinglier ; d l'engin fortement attaché sur une table dont les pieds sont scellés en terre ; e les tenailles avec lesquelles l'ouvrier tient le bout du fil de laiton pour le tirer ; ff dressées déjà tirées et étendues de leur long par terre ou sur une planche. La fig. 17. de la même Planche représente l'engin en particulier ; H l'engin, K I les pointes ou clous entre lesquels on fait passer le fil de laiton, en sorte qu'il forme plusieurs angles ; G le tourniquet sur lequel est monté le fil que l'on veut redresser ; t le pied du tourniquet posé et cloué sur une partie de l'établi. Voyez l'article EPINGLIER.

DRESSER, en terme de Charpentier, Menuisier, Tabletier, et ouvriers en bois, c'est unir les planches par les côtés, pour les rapprocher et les pouvoir mieux assembler.

DRESSER, se dit proprement chez les Layetiers, de la manœuvre par laquelle ils redressent les douves de tonneau, ce qu'ils exécutent par le moyen d'un feu sombre devant lequel ils les exposent.

DRESSER, en terme de Graveur en pierres fines, c'est polir le caillou sur une plaque de fer, de manière que tous les traits de la scie en soient effacés, et qu'il soit en état d'être ou gravé ou monté tout uni.

DRESSER, chez les Serruriers, Taillandiers, Couteliers, et presque tous les ouvriers en fer, c'est rendre droit, applanir, mettre toutes les faces de niveau, etc. ce qui se fait au feu ou à chaud, et à la forge et au marteau, ou à froid et à l'étau, et à la lime et au marteau, comme dans les cas où une pièce s'est déjetée à la trempe ; ou à l'eau et à la meule, lorsqu'on commence l'ouvrage.

DRESSER, Ve act. en terme de Masson-Paveur, c'est enfoncer le pavé également, en le battant avec la demoiselle, lorsqu'il est placé, et que les joints en sont garnis de sable.

DRESSER, chez les Orfèvres en grosserie, c'est unir au marteau de bois et achever de bien profiler, en applanissant les pièces à bouges et à contour.

DRESSER, chez les Plumassiers, c'est la première façon qu'on donne aux plumes, en les recevant de la première main. Cela se fait en pressant la plume de haut en bas entre les doigts, et en redressant la côte, pour estimer sa largeur et sa longueur, et pouvoir lui donner telle forme et tel usage que l'ouvrier jugera à propos.

DRESSER, en terme de Tabletier-Cornetier, c'est donner la largeur, la grandeur et l'épaisseur à toutes les parties d'une pièce, avant de la mettre sur l'âne pour l'évuider. Voyez ANE et EVUIDER. Ce qui se fait avec différents outils du tabletier, surtout avec l'écouanne. Voyez ECOUANE.

DRESSER, en terme de Vergettier, c'est restituer des soies tortues et mal tournées dans leur état naturel, en les laissant dans l'eau pendant quelque temps, en les peignant et les faisant sécher.

* DRESSER LES CANNES, (Verr.) c'est un préliminaire dont les garçons qui servent dans les verreries doivent s'occuper, avant que les maîtres se mettent à l'ouvrage. Voici en quoi il consiste. Si les cannes sont nouvellement raccommodées par le maréchal, le garçon les met dans l'ouvroir, et les laisse exposées au feu jusqu'à ce qu'elles soient presque blanches. Alors il plonge le bout blanc dans de l'eau ; et quand il est refroidi, il ratisse et enlève les pailles de fer qui se sont formées à sa surface. Cela fait, il cueille à verre. Voyez l'article CUEILLER. Il souffle afin que le vent n'entre pas dans la canne et n'en bouche pas le trou ; il laisse refroidir la canne et la serre en cet état dans la cassette. Si les cannes ont servi, il les réchauffe aussi dans le four, puis il ôte le bouchon de verre qui est dans le bout de la canne ; il se sert pour cela de la pincette, des bequettes ou du marteau. Si les cannes sont crochues, il les redresse, il cueille ensuite, il souffle, il laisse refroidir, et serre les cannes dans la cassette. Alors elles sont dressées et prêtes à servir.