Avant que de planter vos arbres sauvages, habillez-les, voyez HABILLER ; examinez ensuite la qualité de la terre qui se trouve dans vos trous : c'est suivant cet examen que vous devez choisir les plantes. Nec verò terrae ferre omnes omnia possunt, dit Virgile, Géographie lib. II. Ve 109.

Si la terre ne vous presente qu'un tuf, faites creuser de quatre à cinq pieds de bas : videz ensuite toute cette terre, et mettez au fond du trou un lit de feuilles d'arbres, de grande litière ou de gason retourné, couvert d'un demi-pié de bonne terre, ensuite rachevez de remplir le trou de la meilleure terre du pays.

Cet amandement procurera à l'arbre une plus sure reprise, et le conservera jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour gagner le fond naturel de la terre.

Si elle est bonne, on ne fera le trou qu'à deux ou trois pieds de bas ; on jettera au fond les terres de dessus comme les meilleures, et on remplira le trou de celles qui étaient dans le fond.

Chaisissez un temps sec, afin que la terre se glisse mieux autour des racines, sans y laisser aucun vide appelé caves, et qu'il ne s'y fasse point de mortier qui en se durcissant, nuirait aux nouvelles racines ; prenez un levier pour faire entrer la terre sous les racines, secouez un peu les arbres pour qu'elle descende, et marchez dessus pour la plomber.

Dans les terres seches il faut planter avant l'hiver, au lieu qu'on attend le mois de Mars dans les terrains humides, crainte que la trop grande humidité ou les pluies fréquentes en hiver, ne pourrissent les racines.

La profondeur où l'on doit mettre les arbres dans les trous, sera réglée suivant leur nature : un pied ordinairement leur suffit ; s'ils tracent sur la superficie de la terre, il faudra les planter peu avant. A l'égard de leur distance, elle se donne suivant leur force et la qualité de la terre ; les arbres isolés auront deux taises de distance dans les jardins, et trois ou quatre dans la campagne.

Les arbres sauvages se plantent à toute exposition, suivant l'alignement de deux ou trois jalons posés sur la même ligne.

Les portiques et décorations champêtres se plantent avec beaucoup plus de mesures, et demandent des arbres choisis dans les pépinières. Les arcades veulent des charmilles un peu fortes, et des ormes dans les trumeaux pour former plutôt la corniche et les vases d'enhaut : on soutient le tout avec des treillages grossiers, sur lesquels on palisse les jeunes branches.

Quand à ce qui regarde les arbres fruitiers, le midi est l'exposition la plus favorable, ainsi que celle du levant pour le pêcher ; dans les terres légères, l'exposition du couchant est bonne pour les pruniers et les poiriers : le chasselas et le muscat demandent le midi ; le nord est la plus mauvaise de toutes les expositions, cependant on y plante des pruniers.

Les arbres de demi-tige se plantent en espalier à douze pieds l'un de l'autre, avec un nain entre deux, en observant de ne point tourner les bonnes racines du côté du mur : quand ces arbres sont de haute tige, ils seront espacés à quatre taises l'un de l'autre, ainsi que dans un verger. Pour les buissons, neuf pieds de distance suffisent ; ces derniers ont l'avantage de n'être point sujets aux tignes, et de fructifier plus que les espaliers ; on tiendra leur tête un peu panchée, afin que leurs racines ne pivotent point, et ne courent que dans la bonne terre.

Les orangers, les mirthes et les arbres de fleurs qu'on élève dans des caisses et des pots, se peuvent mettre à toute exposition ; on les plante en motte dans le milieu de la caisse, et on a soin de plomber les terres ; la plus grande attention est de les plomber bien d'aplomb, et dans les terres préparées.

Les parterres après avoir été dressés et maillés, suivant ce qui a été dit ci-dessus, seront plantés en buis nain bien habillé et coupé court par en haut ; on se servira pour la broderie, d'un plantoir serré, en l'enfonçant d'un demi-pié, de manière qu'une des berges du trou suive toujours la face sur laquelle on accotera le buis de la main gauche, et on le garnira de terre avec la droite, en sorte qu'on ne voie sortir que ses feuilles.

Les buis, les plates-bandes et plusieurs plantes potageres se plantent encore en rigoles couvertes à la bêche, suivant la trace, et quelques-unes au plantoir.

La charmille, l'érable, et toutes les palissades se plantent dans des rigoles ouvertes, suivant un cordeau tendu sur la trace, en les soutenant d'une main, et les couvrant de terre avec l'autre. Ne choisissez point ces plants si forts, surtout dans les terres légères.

Les bois et les pepinières se plantent aussi en rigoles de deux pieds en deux pieds, en piquant des fruits de six pieds en six pieds ou en répandant des graines dans une terre bien préparée : ne craignez point de les planter un peu dru, afin qu'en grossissant, ils s'élèvent plus droits et se conduisent l'un l'autre.

Si on avait coupé des bois de haute-futaie qu'on voulut rétablir promptement en taillis ; pour les faire pousser sur souche, il faudrait garantir les troncs des arbres de la pluie qui en pénètre la moèlle et les pourrit, en les couvrant de bouse de vache mêlée de gazon, ou de poix préparée, alors ces troncs repousseront vigoureusement par le bas.

Les allées des bosquets se plantent en alignement avec des arbres un peu forts, et de la charmille au pied : on peut encore faire des allées dont les arbres soient isolés, et à six ou neuf pieds de distance, tondre les taillis et brossailles, ce qui est fort agréable, et forme deux espèces de contr' allées : ces sortes de palissades se conservent plus longtemps que les charmilles qui s'offusquent à la longue, et périssent sous une futaie.

Ne mettez jamais de fumier dans les trous de vos arbres ; les vers qu'il attire les font surement mourir : jetez seulement sur la superficie de la terre, de la litière peu consommée pour les garantir des grandes chaleurs de l'été ; ce fumier étant rempli de sels et d'esprits végétaux fondra par le moyen des arrosements sur les racines des arbres.

PLANTER un bâtiment, Ve act. (Architecture) c'est disposer les premières assises des pierres dures d'un bâtiment sur la maçonnerie des fondements dressée de niveau suivant les cotes et mesures.

PLANTER des pieux, (Architecture hydraulique) c'est enfoncer des pieux avec la sonnette ou l'engin, jusqu'au refus du mouton ou de la hie.

PLANTER les formes, en terme de Raffineur, est l'action de les arranger dans l'emploi sur trois files et de les appuyer les unes contre les autres, et de soutenir le dernier rang par de mauvaises formes de deux en deux, pour les empêcher de tomber : elles sont plantées la pointe en-embas, et d'aplomb.

PLANTER le sucre, en terme de Raffinerie, c'est l'action de dresser les formes sur les pots dans les greniers, toutes à même hauteur, et le plus d'aplomb qu'il est possible, afin que l'eau de la terre dont on couvre ces formes, filtre également à-travers tout le pain. Il semble que les formes et les pots étant faits dans le même moule propre à chacun, cette grande attention de planter à la même hauteur surtout, serait inutile, puisque les uns et les autres devraient être également grands. On répond à cela que malgré la justesse des moules, et les soins de l'ouvrier qui les fait, la terre se cuit et travaille plus ou moins, selon le degré de chaleur qu'elle trouve dans le four qu'il est impossible de chauffer également dans tous ses coins. On ne peut donc remédier à cette inégalité de hauteur et de grandeur qui se trouve dans les pots et dans les formes, qu'en plantant les plus grands sur des petits, et les moindres sur de plus grands, afin de donner à l'un ce que l'autre a de trop, le seul moyen de les rendre égaux. On évite par là les malheurs qui pourraient s'ensuivre de la maladresse des ouvriers qui sont obligés de travailler sans cesse au-dessus de ces formes, et même souvent de pousser en avant sur elles des sceaux pleins de terre, quand il est question de couvrir. Voyez TERRE et COUVRIR.