Au reste, la peau ou le corps de cet instrument n'est arrondi, comme on voit dans la figure, que lorsqu'il est rempli de vent ; on l'habille toujours, et pareillement le porte-vent, d'une espèce de robe que l'on nomme couverture ; on couvre de même le soufflet, et ce qui en dépend. Le velours ou le damas sont ce qui convient le mieux pour faire ces couvertures ; parce que ces étoffes sont moins glissantes que les autres étoffes de soie, d'or ou d'argent, et par conséquent que la musette en est bien plus ferme sous le bras et la ceinture autour du corps. On peut enrichir cette couverture, autant que l'on veut, soit de galons ou point d'Espagne, ou de broderie, etc. car la parure convient fort à cet instrument. On peut mettre aussi une espèce de chemise entre la peau et la couverture, ce qui entretient la propreté de celle-ci.

Il reste à parler des chalumeaux, du bourdon et des anches. Les chalumeaux sont des tuyaux d'ivoire D E, d e, voyez les fig. Pl. de Lutherie, perforés d'un trou cylindrique dans toute leur longueur, et percés de plusieurs trous comme les flutes, qui communiquent à celui qui règne dans toute la longueur du chalumeau. L'extrémité inférieure appelée la patte, est ornée de différentes moulures, ce qui est assez indifférent. On ménage en tournant le chalumeau par-dehors des éminences dont on forme les tenons S S S S, que l'on fend en deux S S avec un entailloir droit ou courbe, qui sont de petites écoines représentées en C D, voyez les fig. C'est entre deux de ces tenons qu'on ajuste les clés d'argent ou de cuivre qui ferment les trous des feintes ou demi-tons, lesquelles sont au nombre de sept au grand chalumeau, et au nombre de six au petit. Les clés sont retenues dans leur place par une goupille qui les traverse et les deux tenons entre lesquels elles sont placées. Le petit chalumeau qui n'a environ qu'un pouce de longueur, a une patte G E g e, sur le collet G g, de laquelle sont montées les six clés, trois de chaque côté, qui ouvrent et ferment tous les trous. Voyez les figures.

Les chalumeaux entrent par leurs parties supérieures e e dans les boites D B, d b qui leur distribuent le vent. Les deux boites D B, d b communiquent l'une à l'autre par le canal e qui se trouve dans les grosseurs B B, pour que le vent qui vient par C puisse se distribuer aux deux anches f f qui sont entées à la partie supérieure e e des chalumeaux. Ces parties e e des chalumeaux, et qu'on appelle tenons, et qui entrent dans les boites, sont garnies de filasse pour bien étancher le vent. Les anches f e sont composées de deux petites lames de roseau liées l'une contre l'autre sur une petite verge de fer cylindrique, en sorte qu'elles font un petit tuyau par le côté de la ligature, lequel aboutit au tuyau du chalumeau ; et de l'autre côté f elles sont aplaties, comme on peut voir dans les figures. L'anche du grand chalumeau est vue en face ou sur le plat, et celle du petit sur le côté ou le profil. Voyez l'explication de la formation du son dans les tuyaux à anches, à l'article TROMPETTE, jeu d'orgue. La partie C entre, comme les tenons e, dans la boite D B, dans une autre boite, autour de laquelle la peau de la musette est liée avec un gros fil ciré. Cette ligature entre dans une gravure qui entoure cette seconde boite, en sorte que le vent dont on remplit la peau, ne peut trouver à s'échapper que par l'ouverture de cette boite. Il y en a trois attachées ainsi au corps de la musette : une pour les chalumeaux, laquelle est attachée à l'extrémité du gouleau B D voyez les fig. une autre F pour recevoir le bourdon, et une troisième G g, voyez les fig. qui est aussi attachée au porte-vent, et par le moyen de laquelle il communique au corps de la musette. Cette dernière boite a une soupape g qui laisse passer le vent du soufflet par le porte-vent I G dans le corps de l'instrument, et ne l'en laisse point ressortir.

Le bourdon dont il reste maintenant à expliquer la construction, est un cylindre d'ivoire, de 5 ou 6 pouces de long sur environ 1 pouce ou 15 lignes de diamètre, percé de plusieurs trous dans toute sa longueur lesquels sont parallèles à son axe, en sorte que le bourdon ne différe de plusieurs tuyaux mis à côté les uns des autres, qu'en ce qu'ils tiennent tous ensemble et sont percés dans la même pièce ; comme la longueur de 5 ou 6 pouces du bourdon n'est pas suffisante pour faire rendre aux anches un son assez grave, on fait communiquer un tuyau avec un autre du côté D qu'on appelle le dôme du bourdon, et on bouche les trous du tuyau que l'on fait communiquer, en sorte que deux ou trois ne font qu'un seul tuyau, qui est recourbé en cette manière, et autant de fois qu'il est nécessaire pour lui faire rendre le son désiré. La circonférence des bourdons est occupée par plusieurs rainures qui sont parallèles à l'axe du bourdon, lesquelles on appelle coulisses ; ces coulisses sont plus larges dans le fond qu'à la partie extérieure, et cela afin de pouvoir retenir les layettes qui sont de petits verroux d'ivoire a b, qui ont une tête A B par laquelle on les peut pousser et tirer de côté et d'autre pour accorder. Les layettes ont leur palette en queue d'aronde, dont les biseaux se logent sous les parties d d qu'on appelle guides, et qu'on a épargnées lorsqu'on a creusé les coulisses. On creuse les coulisses avec les coulissoirs, qui sont de petites équoines réprésentées dans nos Planc. on en a de droites et de gauches, c'est-à-dire dont les onglets sont tournés à droite ou à gauche pour travailler les différents côtés des coulisses : on fait ensuite communiquer les tuyaux par leur extrémité opposée à celle où est l'anche avec une coulisse, en laissant une fente e e b d dans le milieu de la coulisse, laquelle pénètre dans le tuyau qui correspond derrière ; les layettes régissent le son de ces tuyaux en fermant ou en ouvrant plus ou moins l'ouverture par où il sort ; on peut rapporter leur fonction à celle du tourniquet avec lequel on accorde les pédales de flute des orgues. Voyez TOURNIQUET.

Les bourdons n'ont pour l'ordinaire que cinq layettes et quatre anches ; de ces cinq layettes il y en a deux qui forment les basses d'ut et de sol, une des trois autres forme un sol qui est la quinte de la basse d'ut, et l'octave de celle de sol, on l'appelle taille par un ancien usage ; une autre forme ut qui est à l'octave du premier : on peut aussi l'accorder en re, on la nomme haute-contre ; la troisième forme un sol, qui est à l'octave du premier et à la douzième de la basse d'ut, on la nomme dessus, ou le petit sol.

Les basses sont pour l'ordinaire contiguès à un espace un peu large où il n'y a point de coulisses ; on remarquera que cet espace doit toujours être tourné en-dedans du côté du corps, en sorte que lorsque l'on pose la main droite sur le bourdon pour l'accorder, les layettes des basses se trouvent directement sous le pouce.