Ces vaisseaux ont des tuniques si minces, qu'ils sont invisibles, excepté lorsqu'ils sont remplis de chyle ou de lymphe. Ils viennent de tous les endroits des intestins grêles, et à mesure qu'ils s'avancent de-là vers les glandes du mésentère, ils s'unissent et forment de plus grosses branches, appelées veines lactées du premier genre. Les orifices par lesquels ces vaisseaux s'ouvrent dans la cavité des intestins, d'où ils reçoivent le chyle, sont si petits qu'il est impossible de les apercevoir avec le meilleur microscope. Il était nécessaire qu'ils surpassassent en petitesse les plus petites artères, afin qu'il n'y entrât rien qui put arrêter la circulation du sang.

Cette extrémité des veines lactées communique avec les artères capillaires des intestins, et les veines lactées reçoivent par ce moyen une lymphe qui détrempe le chyle, en facilite le cours, les tiennent nettes elles-mêmes, et aussi les glandes, de peur que le chyle venant à s'y arrêter quand on jeune, ne les embarrasse et ne les bouche.

Les veines lactées par leur autre extrémité, déchargent le chyle dans les cellules vessiculaires des glandes répandues par tout le mésentère. De ces glandes viennent d'autres veines lactées plus grosses, qui portent le chyle immédiatement dans le réservoir de Pecquet ; et ces dernières sont appelées veines lactées secondaires.

Les veines lactées ont de distance en distance des valvules qui empêchent le chyle de retourner dans les intestins. Voyez VALVULE.

On doute encore si les gros intestins ont des veines lactées ou non. L'impossibilité de disséquer des corps humains comme il faudrait pour une telle recherche, ne permet pas de l'assurer ou de le nier. Les matières contenues dans les gros intestins ne sont pas propres à fournir beaucoup de chyle ; de sorte que s'ils ont des veines lactées, ils ne sauraient vraisemblablement en avoir que très-peu. Il est constant qu'on les a observées dans plusieurs animaux. Winslow, Bohne, Folius, Warcher, Higmor les ont vues dans l'homme. Santorini, Leprotti, Drelincourt, Brunner, prétendent qu'il n'y en a point dans les gros intestins ; mais, comme l'observe très-judicieusement M. Haller, les conclusions négatives doivent être soutenues par beaucoup d'expériences.

Dans les animaux, si on les ouvre, un temps raisonnable après qu'ils ont pris de la nourriture, comme au bout de deux ou trois heures, on aperçoit les veines lactées blanches et très-gonflées : et si on les blesse, le chyle en sort abondamment. Mais si on les examine lorsque l'estomac de l'animal a été quelque temps vide, elles paraissent comme des vaisseaux lymphatiques, étant visibles à la vérité, mais pleines d'une liqueur transparente.

Le chyle contenu dans les veines lactées, montre qu'elles communiquent avec la cavité des intestins. Mais on n'a pas encore découvert comment leurs orifices sont disposés pour le recevoir, et on ne connait aucun moyen d'injecter les veines lactées par la cavité des intestins. Ainsi leur entrée dans ce canal est probablement oblique, puisque ni l'air, ni les liqueurs n'y peuvent pénétrer de-là ; et comme les veines lactées ne reçoivent rien que pendant la vie de l'animal, il y a lieu de croire que c'est le mouvement péristaltique des intestins qui les met en état de recevoir le chyle. Ce qui peut s'exécuter par le moyen des fibres circulaires et longitudinales des intestins, qui appliquent sans-cesse leurs tuniques internes contre ce qu'ils contiennent ; en conséquence de quoi le chyle est séparé de la matière excrémentitielle, et se trouve forcé d'entrer par les orifices des veines lactées.