La chemise des hommes ne descend guère au-delà des genoux ; elle est ouverte par les deux côtés, où l'on ajuste deux petites pointes ou coins pour assujettir la couture ; et sur la poitrine, pour empêcher la toîle de se déchirer et de s'ouvrir davantage, on la contient avec un petit cœur et une bride. Les manches en descendent jusqu'au-delà des mains ; mais elles s'attachent sur l'extrémité du bras par le moyen de poignets à boutonnières. Les côtés n'en sont pas confus jusqu'au bout, on en laisse une partie ouverte de la longueur d'un douzième, qu'on appelle la fourchette. Les manches ont aussi leurs goussets. Comme nos chemises fatiguent beaucoup sur les épaules, on couvre ces deux parties de morceaux de toîle qui les fortifient, et qu'on appelle écussons ; on fixe les écussons sur le corps de la chemise, par de petites bandes qui sont cousues depuis le cou jusqu'à l'endroit où les manches s'assemblent à la chemise, et qui partagent les écussons en deux parties égales : on appelle ces bandes épaulettes. Les côtés ouverts, les bords inférieurs, et l'ouverture du devant de la chemise sont ourlés : on ajuste ordinairement tant au bord des poignets et des fourchettes qu'à l'ouverture de dessus la poitrine, des morceaux d'une toîle plus fine, simple ou brodée, ou des dentelles ; ceux des poignets s'appellent manchettes, voyez MANCHETTES ; celui de l'ouverture du devant s'appelle jabot, voyez JABOT.

Pour une chemise d'homme, il faut trois aunes de toîle ; deux aunes pour le morceau du corps, et une aune pour les manches ; sur cette aune on fait une levée de la hauteur d'un demi-quart ou environ, qui sert pour le cou, l'épaulette, l'écusson, les goussets, les petits coins des côtés, et la petite pièce de devant. Il ne faut pas que la toîle ait plus de deux tiers de large, ni moins.

Pour une chemise de femme grande, il faut deux aunes et un quart de toîle ou environ pour le corps ; si la toîle n'a que deux tiers, on lève une pointe de chaque côté des épaules ; si elle a trois quarts, on fait une levée droite sur le côté de la lisière, qui servira pour les deux pointes. Vous donnerez de largeur à cette levée, le quart de la largeur de la toile. La manche a demi aune environ d'amplitude, et un quart ou un tiers tout au plus de longueur.

On appelle chemise en amadis, des chemises d'hommes faites pour la nuit, d'une toîle moins mince, et dont la façon ne diffère principalement des chemises de jour que par la largeur et l'extrémité des manches. Les manches sont plus étroites, et leur extrémité qui s'applique presqu'exactement sur le bras, depuis l'ouverture de la fourchette et même au-delà, est fortifiée par un morceau de toîle qui double la manche en-dessous. Les anciens n'ont point usé de chemises. On a transporté le nom de chemise dans les Arts, par l'analogie des usages, à un grand nombre d'objets différents. Voyez la suite de cet article.

CHEMISE, en terme de Fortification, se dit du revêtement du rampart. Voyez REVETEMENT.

Le mur dont la contrescarpe est revêtue, se nomme aussi la chemise de cette partie. (Q)

CHEMISES A FEU, (Art militaire) morceaux de toîle trempés dans une composition d'huîle de pétrole, de camphre, et autres matières combustibles. On s'en sert sur mer pour mettre le feu à un vaisseau ennemi. (Q)

CHEMISES DE MAILLES, c'est un corps de chemise fait de plusieurs mailles ou anneaux de fer, qu'on mettait autrefois sous l'habit pour servir d'arme défensive. (Q)

CHEMISE, (Ecriture) lettre en chemise ou à la duchesse, espèce d'écriture tracée tout au rebours de l'écriture ordinaire. Les pleins y tiennent la place des déliés, et les déliés la place des pleins. Il faut que la plume soit très-fendue et taillée à contre-sens, ou, comme disent les maîtres écrivains, en fausset.

CHEMISE, s. f. (Commerce) morceau de toîle qui enveloppe immédiatement les marchandises précieuses, telles que la soie, le lin, et autres, qu'on emballe pour des lieux éloignés. On met entre la chemise et la toîle d'emballage, de la paille, du papier, du coton, et autres choses peu couteuses, mais capables de garantir les marchandises.

CHEMISE, (Maçonnerie) est une espèce de maçonnerie faite de cailloutage, avec mortier de chaux et ciment, ou de chaux et sable seulement, pour entourer des tuyaux de grès.

On appelle encore chemise le massif de chaux et ciment qui sert à retenir les eaux, tant sur le côté que dans le fond des bassins de ciment. Voyez MASSIF. (K)

CHEMISE, s. f. (Métallurgie et Fonderie) c'est la partie inférieure du fourneau à manche dans lequel on fait fondre les mines, pour en séparer les métaux. Lorsque le fourneau a été une fois construit, on a soin de le revêtir par le dedans ; on se sert pour cela de briques séchées au soleil, ou de pierres non vitrifiables, et qui soient en état de résister à l'action du feu, afin que les scories et les fondants que l'on mêle à la mine ne puissent point les mettre en fusion. Cependant, malgré cette précaution, on ne laisse pas d'être très-souvent obligé de renouveller la chemise, surtout dans les fourneaux où l'on fait fondre du plomb, parce que ce métal est très-aisé à vitrifier, et qu'il est très-difficîle ou même impossible que le feu n'altère et ne détruise des pierres qui sont continuellement exposées à toute sa violence. Une des observations nécessaires, lorsqu'on met la chemise du fourneau, c'est de lier les pierres avec le moins de ciment qu'il est possible. (-)

* CHEMISE ou DEMI-CHEMISE, (Verrerie) c'est ainsi qu'on appelle le revêtement de la couronne. Il est de la même terre que celle qu'on a employée pour les briques de la couronne, et son épaisseur est de quatre pouces ou environ. Voyez les art. COURONNE et VERRERIE.