2°. Il y a des pierres figurées qui sont réellement redevables de leurs figures à des corps étrangers au règne minéral, qui ont servi comme de moules, dans lesquels la matière lapidifique encore molle, ayant été reçue peu-à-peu, s'est durcie après avoir pris la figure du corps dans lequel elle a été moulée, tandis que le moule a été souvent entièrement détruit ; cependant on en trouve quelquefois encore une partie qui est restée attachée à la pierre à qui il a fait prendre sa figure. Ces pierres sont de différentes natures, suivant la matière lapidifique qui est venue remplir les moules qui lui étaient présentés. Dans ce cas il ne reste souvent du corps qui a servi de moule, que la figure. On doit regarder comme des pierres figurées de cette seconde espèce, un grand nombre de pierres qui ressemblent à des coquilles, des madrépores, du bois, des poissons, des animaux, etc. ou qui portent des empreintes de ces substances. Voyez l'article PETRIFICATION.

Il parait que les deux espèces de pierres dont nous venons de parler, méritent seules d'être appelées pierres figurées. Cependant quelques naturalistes n'ont point fait difficulté de donner ce nom à un grand nombre de substances qui n'ont rien de commun avec les pierres, que de se rencontrer dans le sein de la terre ; c'est ainsi qu'ils confondent mal-à-propos quelquefois avec les pierres figurées, des coquilles, des madrépores, des ossements de poissons et de quadrupedes, etc. qui n'ont souffert aucune altération dans l'intérieur de la terre. On sent aisément que ces corps n'appartiennent point au règne minéral, et qu'ils ne s'y trouvent qu'accidentellement. Voyez l'article FOSSILES.

C'est avec aussi peu de raison que l'on a placé parmi les pierres figurées des pierres qui ne sont redevables qu'à l'art des hommes de la figure qu'on y remarque : telles sont les prétendues pierres de foudre, qui ont ordinairement la forme d'un dard, celles qui sont taillées en coins ou en haches, celles qui sont trouées, etc. Il parait que ces pierres sont des armes et ustensiles dont anciennement les hommes, et surtout les sauvages, se servaient, soit à la guerre, soit pour d'autres usages, avant que de savoir traiter le fer.

On pourrait peut-être encore avec plus de raison, donner le nom de pierres figurées à celles qui affectent constamment une forme régulière et déterminée, telles que les différentes crystallisations, mais comme leur figure est de leur essence, et appartient au règne minéral, il parait qu'on ne doit point les placer ici, où il n'est question que des pierres qui se font remarquer par une figure extraordinaire et étrangère au règne minéral. Voyez CRYSTALLISATIONS. (-)

FIGURE, (sens) Théolog. se dit en parlant de l'Ecriture sainte. Le sens figuré est celui qui est caché sous l'écorce du sens littéral. Un passage a un sens figuré, quand son sens littéral cache une peinture mystérieuse et quelqu'évenement futur, ou ce qui revient au même, quand son sens littéral présente à l'esprit quelqu'autre chose que ce qu'il offre d'abord de lui-même. Ainsi le serpent d'airain, élevé dans le désert par Moyse pour guérir les Israèlites de la morsure des serpens, était une figure de Jesus-Christ, élevé en croix pour sauver les hommes de l'esclavage du péché et de la tyrannie du démon. Jesus-Christ était donc figuré par le serpent d'airain. V. FIGURE (G)

FIGURE, adj. (Littérature) exprimé en figure. On dit un ballet figuré, qui représente ou qu'on croit représenter une action, une passion, une saison, ou qui simplement forme des figures par l'arrangement des danseurs deux à deux, quatre à quatre : copie figurée, parce qu'elle exprime précisément l'ordre et la disposition de l'original : vérité figurée par une fable, par une parabole : l'Eglise figurée par la jeune épouse du cantique des cantiques : l'ancienne Rome figurée par Babylone : style figuré par les expressions métaphoriques qui figurent les choses dont on parle, et qui les défigurent quand les métaphores ne sont pas justes.

L'imagination ardente, la passion, le désir souvent trompé de plaire par des images surprenantes, produisent le style figuré. Nous ne l'admettons point dans l'histoire, car trop de métaphores nuisent à la clarté ; elles nuisent même à la vérité, en disant plus ou moins que la chose même. Les ouvrages didactiques reprouvent ce style. Il est bien moins à sa place dans un sermon, que dans une oraison funèbre ; parce que le sermon est une instruction dans laquelle on annonce la vérité, l'oraison funèbre une déclamation dans laquelle on exagère. La Poésie d'enthousiasme, comme l'épopée, l'ode, est le genre qui reçoit le plus ce style. On le prodigue moins dans la tragédie, où le dialogue doit être aussi naturel qu'élevé ; encore moins dans la comédie, dont le style doit être plus simple.

C'est le goût qui fixe les bornes qu'on doit donner au style figuré dans chaque genre. Balthasar Gratian dit, que les pensées partent des vastes côtes de la mémoire, s'embarquent sur la mer de l'imagination, arrivent au port de l'esprit pour être enregistrées à la douanne de l'entendement.

Un autre défaut du style figuré est l'entassement des figures incohérentes : un poète, en parlant de quelques philosophes, les a appelés d'ambitieux pigmées, qui sur leurs pieds vainement redressés, et sur des monts d'arguments entassés, etc. Quand on écrit contre les Philosophes, il faudrait mieux écrire. Les Orientaux emploient presque toujours le style figuré, même dans l'histoire : ces peuples connaissant peu la société, ont rarement eu le bon goût que la société donne, et que la critique éclairée épure.

L'allégorie dont ils ont été les inventeurs, n'est pas le style figuré. On peut dans une allégorie ne point employer les figures, les métaphores, et dire avec simplicité ce qu'on a inventé avec imagination. Platon a plus d'allégorie encore que de figures ; il les exprime élégamment, mais sans faste.

Presque toutes les maximes des anciens Orientaux et des Grecs, sont dans un style figuré. Toutes ces sentences sont des métaphores, de courtes allégories ; et c'est-là que le style figuré fait un très-grand effet en ébranlant l'imagination, et en se gravant dans la mémoire. Pythagore dit, dans la tempête adorez l'écho, pour signifier, dans les troubles civils retirez-vous à la campagne. N'attisez pas le feu avec l'épée, pour dire, n'irritez pas les esprits échauffés. Il y a dans toutes les langues beaucoup de proverbes communs qui sont dans le style figuré. Article de M. DE VOLTAIRE.

FIGURE, (Jurisprudence) se dit de ce qui représente la figure de quelque chose. On dit un plan figuré ou figuratif, voyez FIGURATIF et PLAN : une copie figurée. Voyez COPIE. (A)

FIGURE, se dit en Musique ou des notes, ou de l'harmonie : des notes, comme dans ce mot basse figurée, pour exprimer une basse dont les notes sont subdivisées en plusieurs autres de moindre valeur, pour animer le mouvement ou diversifier le chant ; voyez BASSE FIGUREE : de l'harmonie, quand on emploie par supposition et dans une marche diatonique, d'autres notes que celles qui forment l'accord. Voyez HARMONIE FIGUREE et SUPPOSITION. (S)

FIGURE, terme de Blason, se dit non-seulement du soleil sur lequel on exprime l'image du visage humain, mais encore des tourteaux, besans, et autres choses, sur lesquelles parait la même figure.

Gaucin, de gueules à trois besans d'or, figurés d'un visage humain d'or.