Ces endroits ne sont point les seuls où ces sortes d'ossements se rencontrent, on trouve en France aux environs de Dax au pied des pyrénées un amas très-considérable d'ossements de poissons, de vertèbres d'une grosseur prodigieuse, et depuis quelque-temps M. de Borda qui cultive l'histoire naturelle dans ce pays, a envoyé à l'académie des Sciences la mâchoire d'un crocodile, trouvée dans ce même canton, et que M. Bernard de Jussieu regarde comme de la même espèce que le crocodile, appelé garial, qui se trouve dans le Gange. On voit au même endroit des palais de poissons, des glossopetres d'une grosseur prodigieuse, et une infinité de dépouilles de poissons. Le même M. Bernard de Jussieu a Ve près de Montpellier en Languedoc des ossements de poissons cétacés d'une grandeur demesurée, qui étaient mêlés avec des coquilles. On a trouvé près de Mary, village des environs de Meaux, un os de la tête de l'hippopotame. Toutes ces choses semblent prouver d'une manière incontestable des révolutions, par lesquelles la mer qui couvrait le continent que nous habitons, s'en est retirée pour aller occuper d'autres lieux. Voyez l'article FOSSILES.

Parmi le grand nombre d'ossements d'animaux que l'on rencontre dans le sein de la terre, il n'y en a guère de plus singuliers, et dont l'origine soit plus difficîle à expliquer que ceux que l'on trouve à Canstadt, à une lieue de Stutgard, dans le duché de Wirtemberg. Il y a en cet endroit une colline composée d'une pierre à chaux, sur laquelle on trouve les restes d'un bâtiment antique de forme hexagone, que quelques-uns craient avoir été un temple, et d'autres un fort des Romains. Le duc de Wirtemberg ayant fait fouiller dans cette colline en 1700, on y trouva un amas prodigieux d'ossements de différentes grandeurs ; on y trouva d'abord dans une espèce de limon plus de soixante cornes ou dents courbées, depuis un pied jusqu'à dix pieds de longueur ; ces dents se trouvaient confondues 1° avec des mâchoires, des dents molaires encore dans leurs alvéoles et d'autres détachées, des omoplates, des os fémur, des crânes, des vertèbres d'animaux de la taille des éléphans ; 2° des dents, des mâchoires, des vertèbres et d'autres os d'animaux d'une moindre grandeur, tels que sont des bêtes sauvages, des chiens, etc. 3° enfin des os de petits animaux, tels que des souris, des mulots, etc. Tous ces ossements étaient comme calcinés ou comme ayant un commencement de pétrification, la plupart étaient en fragments, cependant quelques-uns étaient restés dans leur état naturel. On a aussi trouvé dans la roche des environs que l'on fit sauter avec de la poudre des ossements qui y étaient renfermés, ainsi que des petites coquilles. Voyez une dissertation latine qui a pour titre : Oedipus Osteolithologicus, seu dissertatio de cornibus et ossibus fossilibus Canstadiensibus, par David Spleiss.

Quelques auteurs ont eu la simplicité de croire que ces ossements avaient appartenu à des géants : d'autres ont conjecturé que les Romains avaient amené autrefois des éléphans en Germanie, et que ces ossements en étaient les débris : d'autres enfin ont imaginé que ces os étaient les restes des animaux qui avaient été immolés dans les sacrifices des anciens Celtes. Mais tous ces sentiments n'ont guère de probabilité ; et il y a lieu de croire que les animaux à qui ces ossements ont appartenu, ont été ensevelis en terre par quelque révolution arrivée à cette partie du continent.

Près d'Etampes il se trouve un amas d'ossements de différentes grandeurs, très-semblable à celui de Canstadt qui vient d'être décrit.

Les ouvrages des Naturalistes sont remplis d'exemples de pareils ossements qui se sont trouvés enfouis dans la terre à différentes profondeurs, et dans différents pays. En 1672 on trouva à Cambourg en Thuringe, et en 1685, près de Hildbourghausen, quelques dents d'éléphans ; et même en 1695 on déterra près de Tonna en Thuringe, un squelete entier d'éléphant, avec quatre dents molaires, et deux défenses chacune de huit pieds de longueur. Les Miscellanea Berolinensia parlent du squelete d'un crocodîle qui fut trouvé dans les mines de la Thuringe. Dans la grotte de Baumann, et dans celle de Schartzfeld, près du Hartz, on rencontre des vertèbres, des côtes, des omoplates, et une grande quantité d'ossements de toute espèce. A l'égard des os de mammoth, nous en avons parlé assez au long à l'article Ivoire fossile.

On voit dans l'Histoire de l'Académie des Sciences de l'année 1719, qu'on trouva en Gascogne un amas considérable d'ossements de différentes grandeurs, qui furent mis à découvert par la chute d'un rocher ; il y avait des dents, des os de cuisses et de jambes, et même un fragment de bois de cerf ou d'élan. On verra une énumération assez longue des différents ossements d'éléphans et d'autres animaux, trouvés en Angleterre et dans beaucoup d'autres pays, dans un mémoire du célèbre chevalier Hans Sloane, inséré dans les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1727.

En Angleterre, dans la province de Derbyshire, en fouillant pour découvrir une mine de plomb, on trouva en 1744 un squelete humain, ainsi que des bois de cerf. Ces ossements étaient recouverts d'une pierre très-dure, au point de faire feu contre les outils des ouvriers ; de sorte qu'ils paraissaient avoir été logés dans une cavité qui était dans cette pierre. Voyez les Transactions philosoph. n. 475. On voit aussi à Rome, dans la villa Ludovisia un amas d'ossements humains, qui sont recouverts d'une incrustation pierreuse, sans être eux-mêmes changés en pierre. Voyez les Transactions philosoph. n. 477.

On a trouvé en Champagne, dans une carrière qui est auprès du village de Lieucoton, distant de trois lieues de Langres, un squelete humain entier, d'une grandeur extraordinaire, dont le femur ou l'os de la cuisse avait près de deux pieds de longueur ; ce squelete se trouva pris entre deux bancs de pierre dont il était enveloppé. (-)