Pierre Gnaphée ou le Foulon, patriarche d'Antioche dans le Ve siècle, y fit ajouter ces paroles qui crucifixus est propter nos ; attribuant ainsi la passion non-seulement au fils, mais aussi aux deux autres personnes de la sainte Trinité, et prononça anathème contre ceux qui refuseraient de dire la même chose ; mais le pape Félix III. et les Catholiques rejettèrent cette addition qui autorisait manifestement les erreurs des Patripassiens. Voyez PATRIPASSIENS et THEOPASCHITES.

Ce dernier trisagion exclusivement aux paroles que Pierre le Foulon y voulait ajouter, commença à être en usage dans l'église de Constantinople, d'où il passa dans les autres églises d'orient, et ensuite dans celles d'occident.

S. Jean Damascène, Codin, Balsamon, et d'autres disent que le trisagion fut introduit à Constantinople à l'occasion d'un terrible tremblement de terre, arrivé la trente - cinquième année de l'empire de Théodose le jeune, et du temps du patriarche Proclus ; que celui-ci ayant ordonné une procession solennelle, où l'on chanta pendant plusieurs heures de suite le kyrie eleison, Seigneur, ayez pitié de nous, un enfant fut élevé en l'air, où il crut avoir entendu les anges chanter le trisagion ; que cet enfant à son retour, ayant raconté la chose, le peuple commença aussi-tôt à chanter cette hymne, avec d'autant plus d'ardeur, qu'il attribuait la calamité présente aux blasphèmes que les hérétiques de Constantinople vomissaient contre le fils de Dieu, et qu'incontinent après ce fléau cessa. Asclépiade, Cedrenus, le pape Félix III. et Nicéphore, racontent la même chose.

Quelques efforts que fit Pierre le Foulon pour introduire dans le trisagion l'addition dont nous avons parlé, cet hymne subsista toujours dans sa pureté primitive, et est demeuré tel dans les offices latins, grecs, éthiopiques, mozarabiques, ou autres qui l'ont adopté.