Hanc veniam petimusque damusque vicissim. Horat.

Qu'est-ce donc proprement qu'un plagiaire ? C'est un homme, qui voulant à quelque prix que ce soit s'ériger en auteur, et n'ayant pour cela ni le génie, ni les talents nécessaires, copie non-seulement des phrases, mais encore des pages et des morceaux entiers d'autres auteurs, et a la mauvaise foi de ne les pas citer ; ou qui, à l'aide de quelques légers changements dans l'expression ou de quelques additions, donne les productions des autres pour choses qu'il a imaginées et inventées, ou qui s'attribue l'honneur d'une découverte faite par un autre. Rien n'est plus commun dans la république des lettres ; les vrais savants n'y sont pas trompés ; ces vols déguisés n'échappent guère à leurs yeux clairvoyans. Cependant le mépris que méritent les plagiaires ne diminue pas beaucoup le nombre.

M. Bayle à l'article de Boccalin, pense qu'on ne doit point appeler plagiaire un auteur qui prête son nom à un autre, qui pour certaines raisons ne veut pas être connu pour auteur de tel ou tel ouvrage, parce que, dit-il, le premier ne dérobe pas le travail d'autrui, et que le second peut se dépouiller de son droit et le transporter à qui bon lui semble. Dictionnaire critiq. tom. 2, lett. B, au mot Boccalin. Il ajoute ailleurs que le défaut ordinaire des plagiaires n'est pas de choisir toujours ce qu'il y a de meilleur dans les écrivains qu'ils pillent. Tout leur est bon. " Ils enlèvent, dit-il, les meubles de la maison et les balayures aussi ; ils prennent le grain, la paille, la balle, la poussière en même temps " ; rem auferunt cum pulviculo. Plaut. in prolog. truculenti.