adj. (Théologie) signifie en général ce qui est au-dessus de la nature, ce qui surpasse les forces de la nature.

Les théologiens sont fort partagés pour fixer la véritable notion de ce terme : les uns définissent le surnaturel, tout ce qui surpasse les forces actives de la nature ; d'autres disent que c'est ce qui surpasse les forces tant actives que passives de la nature ; mais outre qu'on n'entend pas clairement ce que c'est que ces forces passives, il est certain que la création d'une âme ou d'un ange, surpasse les forces actives de la nature, et n'est pas cependant proprement un effet surnaturel.

D'autres disent que par surnaturel on doit entendre tout ce qui surpasse l'exigence et les forces tant physiques qu'intentionnelles des substances existentes et des modifications qui leur sont naturelles. Quelques-uns prétendent qu'un être ou un effet est surnaturel, dès qu'il se rapporte à Dieu comme auteur de la grâce ou de la gloire ; mais on sent assez combien ces définitions sont vagues et insuffisantes.

La plupart des théologiens entendent par surnaturel, tout ce qui surpasse les forces et l'exigence de toute nature créée ou à créer, ce qui a un rapport spécial à Dieu, comme auteur de la grâce ou de la gloire, et ce qui suppose une union avec Dieu ; soit que cette union soit réelle et physique, comme l'union hypostatique, soit qu'elle soit intentionnelle, immédiate et prochaine, comme la vision béatifique ; soit qu'elle soit intentionnelle, mais immédiate et moins prochaine, comme la grâce sanctifiante, les vertus infuses et théologiques, et les autres dons surnaturels qui sont comme autant de degrés pour arriver à la vision béatifique, ou qui ont rapport à l'union hypostatique. D'autres enfin entendent par surnaturel, ce qui est au-dessus de toutes les lois naturelles, ce qui surpasse le pouvoir de toutes les créatures existentes ou possibles, ou dans sa substance, ou dans la manière dont il est produit.

On distingue deux espèces de surnaturel, l'un par essence, et l'autre par participation : Dieu seul est surnaturel par essence ; l'union hypostatique, la vision béatifique, la grâce, la foi, l'espérance, la charité, etc. sont surnaturelles par participation, c'est-à-dire par le rapport immédiat ou médiat qu'elles ont avec Dieu considéré comme auteur de la grâce et de la gloire. C'est en ce sens qu'on appelle œuvres surnaturelles, ou dans l'ordre surnaturel, toutes les actions que l'homme fait avec le secours de la grâce, et qui peuvent être méritoires pour la vie éternelle, par opposition à celles qu'il produit par les seules forces de la nature et du libre arbitre.

Tout ce qui est surnaturel est proprement gratuit par rapport à l'homme, ses forces et sa nature ne l'exigent point. Tout ce qui est surnaturel n'est pas toujours miraculeux ; par exemple, la justification par les sacrements est surnaturelle, cependant elle n'est pas miraculeuse, parce qu'elle n'est pas hors des voies ordinaires de la grâce. Quelquefois un effet est en même temps miraculeux et surnaturel, telle fut la conversion de S. Paul ; et quelquefois aussi un effet est miraculeux, sans être proprement surnaturel, par un rapport essentiel à Dieu, comme auteur de la gloire, telle que la guérison subite d'un malade, qui n'a pas toujours un rapport direct à Dieu, comme auteur de la gloire, ni de la part de celui qui opère le miracle, ni de la part de celui sur lequel il est opéré : ainsi ces termes miraculeux et surnaturel ne sont pas exactement synonymes : cependant dans l'usage ordinaire on les emploie indifféremment. Il est vrai que tout miracle est surnaturel en ce qu'il surpasse le pouvoir des créatures, soit dans sa substance, soit dans la manière dont il est produit : mais tout ce qui est surnaturel, n'est pas pour cela un miracle : on peut consulter sur cette matière, Cajetan, Suarès, Médina, Ripalda, le cardinal d'Aguirre, Tournely, et les théologiens modernes.