ou SOPHÉES, s. m. (Histoire moderne) espèce d'ordre de religieux mahométants en Perse, qui répond à celui qu'on appelle dervis, chez les Turcs et les Arabes ; et fakirs, chez les Indiens. Voyez DERVIS et FAKIRS.

Quelques-uns prétendent qu'on les nomme sophis, à cause d'une espèce d'étoffe qu'ils portent qu'on appelle souf, parce qu'elle se fabrique dans la ville de Souf, en Syrie ; d'autres, parce qu'ils ne portent par humilité à leur turban, qu'une étoffe de laine qu'on nomme en arabe, sophi ; d'autres enfin veulent que ce soit du mot arabe sophie, qui signifie pur et simple, parce qu'ils professent la pure religion de Mahomet, qui est selon eux celle de la secte d'Aly.

Le plus éminent de ces sophis est toujours décoré du titre de scheik, c'est-à-dire révérend. Scheik sophi qui jeta les premiers fondements de la grandeur de la maison royale de Perse, éteinte par les dernières révolutions, fut le fondateur ou plutôt le restaurateur de cet ordre. Ismael qui conquit la Perse, était lui-même sophi, et se faisait gloire de l'être. Il choisit tous ses gardes parmi les membres de cet ordre, et voulut que tous les grands seigneurs de sa cour fussent sophis. Le roi de Perse et les seigneurs continuent à y entrer, quoiqu'il soit à-présent tombé dans un grand mépris ; car les sophis du commun sont employés ordinairement en qualités d'huissiers ou de domestiques de la cour, et même d'exécuteurs de la justice ; et les derniers rois de Perse ne voulaient pas leur permettre de porter l'épée en leur présence. Ce mépris dans lequel sont les sophis, a été cause que les rois de Perse ont quitté ce titre pour prendre celui de scheik, qui signifie roi ou empereur. Mais M. de la Croix s'est trompé, en prétendant qu'ils n'avaient jamais porté le nom de sophi.