FORET D', (Géographie ancienne) La forêt et la montagne d'Hercynie, Hercynius saltus, Hercynium jugum, sont, selon les historiens grecs, une forêt et une montagne de la Germanie, où ils mettent la source du Danube et celle de la plupart des rivières qui coulent vers le nord ; ils regardaient les montagnes d'Hercynie comme les plus hautes de toute l'Europe, les avançaient jusqu'à l'océan, et les bodaient de plusieurs iles, dont la plus considérable était la grande Bretagne ; voilà du-moins l'idée qu'en avait Diodore de Sicile.

Les Grecs ayant oui dire aux Germains que la Germanie avait quantité de montagnes et de vastes forêts, et remarquant qu'ils se servaient du mot hartzen pour les exprimer, se figurèrent que ce n'était qu'une seule forêt continuée dans toute la Germanie, et une seule chaîne de montagnes répandue dans tout le pays ; pour désigner cette forêt et cette chaîne de montagnes, ils firent le mot .

Pline dit que la grosseur des arbres de cette forêt, aussi anciens que le monde, et que les siècles ont épargnés, surpasse toutes les merveilles par leur destinée immortelle. Jules-César, qui en parle fort en détail, et qui l'appelle Orcynia, lui donne 60 journées de longueur ; mais sa mesure est bien éloignée d'être exacte. M. d'Ablancourt traduit l'Hercynia sylva de César, par la forêt noire, qui n'y convient en aucune manière ; la forêt noire n'a point cette étendue, et répond seulement à la Martiana sylva des anciens. Nos traducteurs français tombent souvent dans ces sortes de fautes.

A l'égard des montagnes d'Hercynie répandues dans toute la Germanie, suivant l'opinion des anciens, c'est une chimère qui a la même erreur pour fondement ; il ne faut donc pas croire avec quelques modernes, que ce fût une forêt continue, quoiqu'elle le fût réellement beaucoup plus que de nos jours, et les raisons n'en sont pas difficiles à trouver. (D.J.)