ou plutôt sans aspiration, ETRURIE, s. f. Etruria, (Géographie ancienne) ancien nom d'une contrée de l'Italie, qui répond en grande partie à la Toscane des modernes ; elle était séparée de la Ligurie par la rivière de Magra, et s'étendait de là jusqu'au Tibre. Ce pays a souvent changé de nom ; les Cimbriens en furent chassés par les Pelasges ; ceux-ci en furent dépossédés à leur tour par les Lydiens, dont un roi de Lydie fit donner aux habitants de l'Hétrurie le nom de Tyrrhéniens, parce qu'il y avait envoyé une colonie, à la tête de laquelle il avait mis son fils Tyrrhène ; ensuite ces mêmes peuples, à cause de leurs rites pour les sacrifices, furent appelés dans la langue des Grecs, Thusci ; nous en avons formé le nom moderne du pays, la Toscane, et celui du peuple, les Toscans. La mer de cette côte a conservé le nom de mer Tyrrhénienne ; les Grecs nommaient l'Hétrurie, .

Anciennement, et avant la grande puissance des Romains, l'Hétrurie était partagée en douze peuples ; Tite-Live parle de ces douze peuples, l. IV. c. xxiij. c'était autant de villes, qui chacune avait son territoire ; ces villes ont été indiquées par Cluvier et Holstenius ; le P. Briet en a donné la table fort détaillée, avec les noms modernes, et même ceux des endroits ruinés.

Toutes ces villes furent conquises par les Romains ; et sous les Césars, le nombre en fut augmenté jusqu'à quinze, si l'on en croit deux inscriptions rapportées par Gruter. Avant ce temps-là, l'Hétrurie ne contenait que douze peuples, dont chacun avait son lucumon, ou chef particulier. Voyez LUCUMON.

Il résulte de la table du P. Briet, dont je viens de parler, que l'ancienne Hétrurie comprenait entiérement, 1°. le duché de Massa, et ce qui est entre ce duché et l'Apennin ; 2°. la Carsagnana ; 3°. l'état de la république de Lucques ; 4°. tout le grand duché de Toscane ; 5° le Pérusin ; 6°. l'Orviétan ; 7°. le patrimoine de S. Pierre ; 8°. le duché de Castro et Ronciglione ; 9°. lo stato de gli Presidii.

Telle était l'Hétrurie après que les Gaulois furent établis en Italie ; car avant leur arrivée, les Hétrusques avaient des établissements au-delà de l'Apennin, mais ils en furent aisément dépouillés par des peuples guerriers, auxquels une nation amollie par l'aisance et le repos, n'était pas en état de résister longtemps.

On conçoit de ce détail, que ce serait se tromper grossièrement, que de traduire toujours l'Hétrurie par la Toscane ; car quoique cet état, qui comprend le Florentin, le Pisan et le Siennais, soit une partie considérable de l'ancienne Hétrurie, il faut y en ajouter huit autres pour faire l'Hétrurie entière. Voyez TOSCANE.

Ce furent les Hétrusques qui instruisirent les premiers Romains, soit parce qu'eux-mêmes avaient été éclairés par des colonies grecques, soit plutôt parce que de tout temps, une propriété de cette belle terre a été de produire des hommes de génie, comme le territoire d'Athènes était plus propre aux arts, que celui de Thèbes et de Lacédémone.

Il ne nous reste pour tout monument de l'Hétrurie, que quelques inscriptions épargnées par les injures du temps, et qui sont inintelligibles. En vain Gruter a publié l'alphabet de toutes ces inscriptions dans ses tables Eugubines, on n'en est pas plus avancé ; les savants hommes de Toscane, particulièrement ceux qui ont travaillé à éclaircir les antiquités de leur pays, comme Vincenzo Borghini, auteur très-judicieux, l'ont ingénuement reconnu.

Ils ont eu d'autant plus de raison d'avouer cette vérité, que par le témoignage des anciens Grecs et Latins, il parait que les Hétrusques avaient une langue et des caractères particuliers, dont ils ne donnaient la connaissance à aucun étranger, pour se maintenir par ce moyen plus aisément dans l'honorable et utîle profession où ils étaient, de consacrer chez leurs voisins, et même dans des contrées éloignées, les temples et l'enceinte des villes, d'interprêter les prodiges, d'en faire l'expiation, et presque toutes les autres cérémonies de ce genre. (D.J.)