Les Anatomistes, etc. distinguent quatre sortes de graisse dans le corps d'un animal : la première qui se lie, et qui après qu'on l'a fondue, se refroidit et acquiert beaucoup de consistance, se nomme suif. On la trouve en grande quantité dans le bas-ventre et autour des reins.

Le P. Lecomte fait mention d'un arbre qui vient dans la Chine, et qui porte le suif. Voyez ARBRE A SUIF.

SUIF, (Pharm. et Mat. médic.) espèce de graisse qui ne mérite une considération particulière, quant à ses usages pharmaceutiques, qu'à cause de sa consistance ferme et cassante jusqu'à un certain point, à laquelle on doit avoir égard lorsqu'on l'emploie dans des compositions pharmaceutiques, dont il modifie la consistance générale par cette qualité. Le suif n'a d'ailleurs que les qualités médicinales communes des graisses. Voyez GRAISSE, Chimie, etc.

On distingue dans les boutiques le suif de bélier, celui de mouton, celui de bouc, celui de bœuf, et celui de cerf.

On demande dans la Pharmacopée de Paris le suif de bélier pour l'onguent de la mère, pour le mondificatif d'ache et pour le sparadrap ; le suif de mouton, pour l'emplâtre appelé ciroène, et pour l'onguent de litharge ; le suif du bouc, pour le baume d'Arceus et pour l'emplâtre de mélilot composé ; le suif de bœuf, pour l'emplâtre de mélilot simple ; et le suif de cerf, pour l'emplâtre de Nuremberg ; mais il est très-sur (& c'est assurément une infidélité très-pardonnable) que les Apoticaires emploient tous ces suifs fort indifféremment, à la réserve seulement du suif de cerf, qu'ils se gardent bien d'employer, au-moins dans les contrées où cette drogue est rare et chère. Des quatre autres suifs moins magnifiques, celui de bouc est le plus beau et le plus ferme, mais ses qualités méritent cependant fort peu de préférence dans l'usage pharmaceutique. (b)

SUIF, bois de, (Histoire naturelle) on trouve à la Chine un arbre qui fournit une substance parfaitement semblable à du suif. Le fruit de cet arbre est renfermé dans une enveloppe qui, lorsque le fruit est mûr, s'ouvre d'elle-même comme celle de nos châtaignes, il en sort deux ou trois fruits de la grosseur d'une naisette, dont la pulpe a les mêmes propriétés que le suif, et qui, fondue avec un peu d'huîle ou de cire, devient propre à faire des chandelles, dont on fait usage dans tout l'empire de la Chine. Pour séparer cette espèce de suif de son fruit, on le pulvérise, après quoi on le fait bouillir dans de l'eau, à la surface de laquelle il surnage une substance semblable à de l'huile, qui se condense lorsqu'elle est refroidie, et qui prend la même consistance que le suif. On mêle dix parties de cette substance avec trois parties d'huîle de lin et avec un peu de cire, afin de lui donner de la solidité, et pour l'empêcher de s'attacher aux doigts. Les Chinois donnent la forme d'un segment de cône aux chandelles faites de cette substance, que l'on y colore quelquefois en y incorporant des couleurs avec des parfums, pour en rendre l'odeur plus agréable. Les meches que l'on y met sont de coton.

Le bois de suif a précisément l'odeur du suif ordinaire.

SUIF-NOIR, (Marine) c'est un mélange de suif et de noir, dont les corsaires frottent le fond de leurs bâtiments, afin qu'il ne paraisse pas qu'on l'a suivé.

SUIF, mettre les cuirs en suif, terme de Corroyeur et de Hongrieur, qui signifie imbiber les cuirs avec du suif chaud par le moyen d'une espèce de tampon de laine, appelé gipon.