Ceux qui n'avaient pas ces connaissances et qui étaient bornés à montrer par état la pratique des premiers éléments des lettres, étaient appelés grammatistes.

Aujourd'hui on dit d'un homme de lettres, qu'il est bon grammairien, lorsqu'il s'est appliqué aux connaissances qui regardent l'art de parler et d'écrire correctement.

Mais s'il ne connait pas que la parole n'est que le signe de la pensée ; que par conséquent l'art de parler suppose l'art de penser ; en un mot s'il n'a pas cet esprit philosophique qui est l'instrument universel et sans lequel nul ouvrage ne peut être conduit à la perfection, il est à peine grammatiste : ce qui fait voir la vérité de cette pensée de Quintilien, " que la Grammaire au fond est bien au-dessus de ce qu'elle parait être d'abord " : plus habet in recessu quam in fronte promittit. Quintil. inst. orat. lib. I. c. IVe init.

Bien des gens confondent les Grammairiens avec les Grammatistes : mais il y a toujours un ordre supérieur d'hommes, qui, comme Quintilien, ne jugent les choses grandes ou petites que par rapport aux avantages réels que la société peut en recueillir : souvent ce qui parait grand aux yeux du vulgaire, ils le trouvent petit, si la société n'en doit tirer aucun profit ; et souvent ce que le commun des hommes trouvent petit, ils le jugent grand, si les citoyens en doivent devenir plus éclairés et plus instruits, et qu'il doive en résulter qu'ils en penseront avec plus d'ordre et de profondeur ; qu'ils s'exprimeront avec plus de justesse, de précision, et de clarté, et qu'ils en seront bien plus disposés à devenir utiles, et vertueux. (F)