Le corps de cet animal est allongé comme celui des langoustes ; il a deux cornes longues et menues de couleur jaune, celle du reste du corps est mêlée de rouge et de jaune. Ses yeux sont assez élevés ; sa bouche est entourée de petits filaments : il a deux longues pattes qui ont des serres courtes ; l'une de ces pattes est presque toujours plus grosse que l'autre. Rondelet prétend que la gauche est toujours la plus grosse : mais il y en a aussi qui ont au contraire la patte droite plus grosse que la gauche. Le bernard-l'hermite a de chaque côté deux autres jambes longues, courbes et pointues ; ce qui fait en tout six jambes, qu'il allonge en sortant à demi de sa coquille, et qu'il accroche quelque part lorsqu'il veut changer de lieu ; c'est aussi par le moyen de ces pattes, qu'il saisit les petits poissons ou les insectes dont il se nourrit. Cet animal a, outre ces six jambes, trois prolongements de chaque côté au-delà de la poitrine ; ces prolongements n'ont chacun que le tiers de la longueur de chaque jambe ; ils sont mous, et ils tiennent à la partie du corps qui n'est recouverte que par une peau très-mince. Le reste a une espèce d'écaille plus molle que celle des écrevisses. Rondelet a distingué les mâles des femelles par les œufs qu'il a Ve attachés au-dehors du corps de la femelle pendant l'été, lorsque le bernard-l'hermite sort au-dehors de sa coquille. Voyez Rondelet, lib. XVIII. des poissons, et les Mém. de l'Académie royale des Sciences, année 1710, pag. 465.

Il y a dans les îles de l'Amérique des bernard-l'hermite qui ont trois ou quatre pouces de longueur. On rapporte que cet animal vient une fois chaque année sur le bord de la mer, pour y jeter ses œufs et changer de coquille ; car il est obligé de quitter la coquille dans laquelle il s'était logé, parce qu'ayant grossi pendant l'année, il se trouve gêné dans cette coquille. Alors il se transporte sur le rivage, et il cherche une nouvelle coquille qui puisse lui convenir. Dès qu'il en a rencontré une, il sort de l'ancienne, il essaye son nouveau logement ; et s'il est convenable, il s'en empare et y reste : mais il est souvent obligé d'entrer dans plusieurs coquilles avant que d'en trouver une qui lui soit proportionnée. S'il arrive que deux bernard-l'hermite s'arrêtent à la même coquille, ils se la disputent ; le plus faible est contraint de la céder au plus fort. Cet animal fait un petit cri lorsqu'on le prend. Il faut éviter qu'il ne saisisse le doigt avec sa serre ; car il fait beaucoup de mal, et ne lâche que très-difficilement. Les habitants du pays le mangent, et le trouvent très-bon : mais on dit qu'il est pernicieux pour les étrangers. Voyez Hist. gén. des Antilles, par le P. du Tertre. Voyez CRUSTACEES. (I)