Les moutons n'ont pas la pétulance des béliers, ils sont même encore plus timides que les brebis, ils sont aussi très-stupides ; au moindre bruit extraordinaire, ils se précipitent et se serrent les uns contre les autres, cependant ils ne savent pas fuir le danger ; ils semblent même ne pas sentir l'incommodité de leur situation, car ils restent opiniâtrément où ils se trouvent, à la pluie, à la neige, ou à l'ardeur du soleil, etc. Ces animaux sont d'un tempérament très-foible, les voyages les affoiblissent et les exténuent ; dès qu'ils courent, ils palpitent et sont bien-tôt essoufflés. Ils sont sujets à grand nombre de maladies, la plupart contagieuses.

Les moutons varient beaucoup, suivant les différents pays, pour le goût de la chair, la finesse de la laine, la quantité du suif, la grandeur et la grosseur du corps. En France, le Berri est la province où ces animaux sont le plus abondants ; ceux des environs de Beauvais et de quelques endroits de Normandie, sont les plus gras et les plus chargés de suif, ils sont très-bons en Bourgogne, mais les meilleurs de tous sont ceux des côtes sablonneuses de nos provinces maritimes. On ne voit en France que des moutons blancs, bruns, noirs et tachés ; il y en a de roux en Espagne et de jaunes en Ecosse. Voyez BREBIS.

MOUTON, (Diète et Matière médicale) la chair de cet animal fournit à la plupart des peuples de l'Europe un de leurs aliments les plus usuels, les plus salutaires et les plus agréables. Elle convient également à tous les estomacs ; les gens vigoureux et exercés s'en accommodent aussi-bien que ceux qui sont aisifs et délicats. Elle est propre à tous les âges, et dans l'état de maladie, comme dans celui de santé ; elle est de facîle digestion, et selon l'observation de Sanctorius, elle transpire beaucoup plus que les autres aliments ordinaires des hommes. Les bouillons qu'on en prépare sont regardés même dans plusieurs pays, par exemple, dans les provinces méridionales du royaume, comme beaucoup plus convenables pour les malades que le bouillon de bœuf, qu'on y regarde comme échauffant : et réciproquement on a fort mauvaise idée à Paris du bouillon de mouton employé à cet usage, et on n'y conçoit point qu'on puisse faire un potage supportable avec du mouton seul. L'une et l'autre de ces opinions doit être regardée dans le fond, comme un préjugé ; elle est vraie cependant jusqu'à un certain point, si chacun de ces peuples n'entend parler que de son bœuf et de son mouton ; car de même que le bœuf est maigre, dur, et peut-être chaud en Languedoc, par exemple, de même la chair du mouton de Paris est chargée dans toutes les parties d'une mauvaise graisse approchant de la nature du suif, ordinairement coriace, sans suc, d'un goût plat et d'une odeur souvent désagréable, sentant le bélier, et n'y donne qu'un mauvais bouillon blanchâtre.

En général, le meilleur mouton est celui qui est élevé dans les pays chauds, et qu'on y nourrit dans les terrains élevés, secs et couverts de plantes aromatiques ou sur le bord de la mer ; tels sont les moutons communs de la basse Provence, du bas Languedoc, de la partie la plus tempérée des Cévennes, et du Roussillon.

Les moutons de Ganges, en bas Languedoc, et ceux de la Plaine de la Crau, en Provence, sont les plus renommés ; mais les jeunes moutons qu'on élève en ce pays dans les basses-cours, qu'on y nourrit à la main, qui croissent et qui engraissent prodigieusement, dont la chair devient par-là singulièrement tendre et délicate, et qu'on envoie au loin, comme des objets de luxe : ceux-là, dis-je, auxquels appartient précisément la célébrité, ne valent point à beaucoup près les moutons du même âge ; élevés tout franchement dans les landes des mêmes pays, et moins encore les moutons moins jeunes : c'est à trois ou quatre ans qu'ils sont les meilleurs qu'il est possible. Plus jeunes, comme les moutons domestiques de Ganges, qu'on mange à l'âge d'un an ou dix-huit mois, leur chair n'est pas faite ; plus vieux, elle commence à sécher, à durcir. Le mouton qu'on apporte à Paris, de Beauvais, des Ardennes et du Présalé, près de Dieppe, a le même défaut que le mouton engraissé de Ganges, que d'ailleurs il ne vaut point à beaucoup près ; il n'est que gras et tendre, au lieu que le bon mouton commun de nos provinces méridionales est en même temps tendre, succulent, et d'un goût agréable et relevé, et il donne du bon bouillon. On dit que les moutons des îles de l'Amérique, qu'on y élève sur le bord de la mer, surpassent encore les meilleurs dont nous venons de parler, en délicatesse, en saveur, et en fumet.

Tout le monde sait que la chair de mouton se mange rôtie, bouillie, grillée, et sous la forme de différents ragouts. De quelque façon qu'on l'apprête, c'est toujours une excellente nourriture ; les pieds, le foie, les tripes, le poumon et le sang de cet animal, qui sont aussi des aliments usités, ne méritent que les considérations diététiques générales qu'on trouvera aux articles, foie des animaux, pieds des animaux, tripes des animaux, poumons des animaux, sang, diete. Voyez ces articles.

La graisse solide ou suif de mouton est employée quelquefois à titre de médicament ; plusieurs auteurs en conseillent l'usage intérieur contre la dyssenterie, mais cette pratique est peu suivie. Ce suif entre dans la composition de quelques emplâtres et onguents, par exemple, dans l'onguent de la mer de la pharmacopée de Paris, etc. le fiel de mouton est recommandé contre les tayes des yeux : la laine et la graisse de cette laine ou oesipe sont comptés encore parmi les médicaments. Voyez LAINE et OESIPE. (b)

MOUTON DU PEROU, camelus peruanus glama, ou lhama dictus, animal quadrupede qui a beaucoup de rapport au chameau en ce qu'il rumine, qu'il n'a point de cornes, qu'à chaque pied il a deux doigts et deux ongles, et que la plante du pied est recouverte par une peau molle. Le mouton du Pérou a six pieds de longueur depuis le sommet de la tête jusqu'à la queue, et quatre pieds de hauteur depuis terre jusque sur le dos ; il a les oreilles assez longues, la tête allongée, la lèvre supérieure fendue, et les yeux grands : le train de derrière est plus élevé que celui de devant. Ces animaux sont blancs, noirs, ou bruns ; d'autres ont toutes ces couleurs. Les Péruviens donnent à ceux-ci le nom de moromoro. Voyez le règne animal divisé en six classes, par M. Bresson. Voyez QUADRUPEDE.

MOUTONS, s. m. pl. (Hydraulique) en fait de cascades, ce sont des eaux que l'on fait tomber rapidement dans des rigoles, et qui trouvant pour obstacle une table de plomb dans le bas, se relèvent en écumant. (K)

MOUTON, s. m. Machine à enfoncer des pieux en terre. Voyez les Pl. de Charp. et leur explic.

MOUTONS DE DEVANT, terme de Charron, ce sont les deux montants qui servent pour former le siege du cocher : ils sont enchâssés dans des mortaises pratiquées sur le lissoir de devant.

MOUTONS DE DERRIERE, terme de Charron, ce sont deux pièces de bois qui sont enchâssées par enbas dans le lissoir et qui sont surmontées par l'entretoise. Ces trois pièces assemblées sont tant pour l'ornement d'un carosse, que pour aider les domestiques à monter derrière, et leur servir de garde-fou. Voyez la figure Pl. du Sellier.

MOUTON (Fonte des cloches) forte pièce de bois à laquelle la cloche est suspendue par ses ances ; cette pièce est terminée par deux tourillons de fer qui roulent sur les crapaudines ou couettes placées dans le beffroi, en sorte que la cloche peut balancer librement. Voyez la fig. 6. Pl. de la Fonderie des cloches, et l'article FONTE DES CLOCHES.

MOUTON, (termes de riviere) c'est dans une sonnette un bout de poutre freté, ou un lourd billot de bois, et qu'on lève à force de bras. La haye est différente du mouton en ce qu'elle est plus pesante et qu'on la lève avec un moulinet.