Les habitants blancs et noirs des îles Antilles ont beaucoup perfectionné la composition du ouicou ; ils ajoutent à une quantité d'eau suffisante et de beau syrop de sucre mêlés ensemble, des patates et des bananes coupées par morceaux, quelques racines de gingembre fraiches et écrasées, le suc et l'écorce d'un certain nombre de citrons et un morceau de cassave grillée, ou une croute de pain rôtie sur les charbons ; ils laissent fermenter ces substances pendant deux ou trois jours dans un grand pot de terre non-verni et uniquement destiné à cet usage, plus il a servi mieux il vaut. La force de la fermentation fait monter le marc vers l'orifice du pot, c'est alors qu'il faut l'écumer bien proprement, après quoi on passe la liqueur à deux ou trois reprises au-travers d'une chausse de laine, et on l'enferme dans des bouteilles bien bouchées, dans chacune desquelles on a eu soin de mettre un ou deux clous de gerofle. Il est dommage que cette boisson ne puisse pas se conserver plus de trois ou quatre jours, elle est infiniment plus agréable que du cidre mousseux, à quoi elle ressemble beaucoup par la couleur et le pétillement, et même un peu par le gout. On l'estime rafraichissante en supprimant les épices ; mais comme elle occasionne des flatuosités, et qu'un long usage pourrait nuire à l'estomac, on y ajoute comme correctifs le gingembre et le gerofle en quantité modérée par l'expérience. (M. LE ROMAIN. )