On prend à chaque roquet le bout de la soie qui y est dévidée, et le passant par l'anneau qui y correspond on les assemble, en les nouant ensemble par le bout pour n'en faire qu'un seul corps des 40 bouts.

L'ourdissoir est une grande cage, d'environ 6 pieds de haut, de forme cylindrique de 3, autant de circonférence environ, tournant dans une grenouille, sur un pivot qui est attaché au pilier du centre de la cage, au haut du pilier de la cage est une broche de fer, autour de laquelle tourne une corde.

Cette cage est enfermée dans quatre piliers, fixés par deux morceaux de bois mis en croix au-dessus et au-dessous de la cage ; la croix du dessous porte la grenouille au point de sa réunion dans laquelle tourne le pivot qui porte toute la cage. La broche de fer passe au-travers du centre de la croix d'en-haut ; à cette broche de fer est attachée une grosse corde-à-boyau tournée autour, laquelle en se développant par les tours de la cage, Ve se rendre à un anneau de bois suspendu directement au haut de l'un des piliers qui enferme la cage, et Ve chercher un morceau de bois carré qui monte et descend le long de ce même pilier, appelé plot, à fur et mesure que la cage déploie ou reploie la corde ; à ce plot sont attachées deux broches de fer très-polies, d'environ 9 à 10 pouces de long, servant à diriger la soie qui se distribue à mesure que la cage tourne en montant ou descendant. Au milieu de ce plot est une poulie en bois, fixée par une cheville de verre. Au bas du pilier gauche de la fermeture de la cage sont attachés deux morceaux de bois, d'environ 2 pieds, à un pied et demi de distance, liés à leur extrémité par un autre morceau de bois qui les assujettit : le morceau de bois supérieur est percé d'un trou, au travers duquel passe l'axe d'une roue qui appuie sur le morceau de bois d'en bas, au haut duquel axe est une manivelle qui sert à faire tourner la roue, autour de laquelle est une corde de laine, qui embrassant toute la cage, sert à la faire tourner en tous sens par le moyen de la manivelle.

Il y a de plus au haut de la cage, une des traverses qui est amovible, au milieu de laquelle, à l'extérieur, est placée une cheville ; la traverse de côté en tournant est encore amovible, et porte aussi deux chevilles. Dans la partie inférieure de la cage il y a de même une autre traverse qui est encore amovible, qui porte aussi deux chevilles : cette traverse peut se transporter plus haut ou plus bas, suivant le désir de l'ourdisseuse. Ces chevilles servent comme nous l'allons dire, à recevoir les commencements et fins de la pièce, et à en fixer les envergeures.

L'ourdisseuse ayant les bouts de soie ensemble à la sortie de la cantre, arrête le nœud sur la première cheville ; et de-là, après avoir envergé sa brassée de soie, la met sur les deux chevilles qui suivent la précédente, et tournant ensuite la manivelle de la petite roue qui fait mouvoir la cage, elle distribue la brassée de soie sur l'ourdissoir, à proportion de l'aunage qu'elle veut faire ; ce qui se connait par le nombre de tours de l'ourdissoir : et quand elle est arrivée au point où elle le veut, elle met une nouvelle traverse portant deux chevilles, autour desquelles elle tourne deux fois sa brassée, et en faisant mouvoir la cage en sens contraire, elle remonte sa brassée jusqu'aux deux chevilles d'en-haut, où elle renverge de nouveau fil par fil, et ensuite descend et remonte jusqu'à ce qu'elle ait fait le nombre de portées qu'il lui faut pour composer la chaîne, ce qui est arbitraire, et elle en arrête la fin par un nœud, comme elle a fait lorsqu'elle a arrêté le commencement sur la première cheville.

La chaîne étant entièrement distribuée sur l'ourdissoir, l'ourdisseuse arrête l'envergeure par une ficelle qu'elle passe aux soies divisées par les deux chevilles du haut de l'ourdissoir.

On commence à lever la chaîne de dessus l'ourdissoir par la partie qui en doit faire la fin, qui se trouve arrêtée à la cheville d'en-bas, et prenant la poignée de soie qui s'y trouve, on en fait une boucle en forme de chaîne, et continuant ainsi de boucle en boucle jusqu'au haut de l'envergeure : quand on y est arrivé, on l'arrête et elle se trouve en état d'être mise sur l'ensuple.