(Histoire moderne culte) c'est le nom sous lequel les habitants du royaume de Benin en Afrique désignent l'être suprême. Ils ont, suivant le rapport des voyageurs, des idées assez justes de la divinité, qu'ils regardent comme un être tout-puissant, qui sait tout, qui, quoique invisible, est présent partout, qui est le créateur et le conservateur de l'univers. Ils ne le représentent point sous une forme corporelle ; mais comme ils disent que Dieu est infiniment bon, ils se craient dispensés de lui rendre leurs hommages, qu'ils réservent pour les mauvais esprits ou démons qui sont les auteurs de tous les maux, et à qui ils font des sacrifices pour les empêcher de leur nuire. Ces idolâtres sont d'ailleurs fort superstitieux, ils croient aux esprits et aux apparitions, et sont persuadés que les ombres de leurs ancêtres sont occupées à parcourir l'univers, et viennent les avertir en songe des dangers qui les menacent ; ils ne manquent point à suivre les inspirations qu'ils ont reçues, et en conséquence ils offrent des sacrifices à leurs fétiches ou démons. Les habitants de Bénin placent dans la mer leur séjour à venir de bonheur ou de misere. Ils croient que l'ombre d'un homme est un corps existant réellement, qui rendra un jour témoignage de leurs bonnes et de leurs mauvaises actions ; ils nomment passador cet être chimérique, qu'ils tâchent de se rendre favorable par des sacrifices, persuadés que son témoignage peut décider de leur bonheur ou de leur malheur éternel. Les prêtres de Bénin prétendent découvrir l'avenir, ce qu'ils font au moyen d'un pot percé par le fond en trois endroits, dont ils tirent un son qu'ils font passer pour des oracles, et qu'ils expliquent comme ils veulent ; mais ces prêtres sont punis de mort lorsqu'ils se mêlent de rendre des oracles qui concernent l'état ou le gouvernement. De plus il est défendu sous des peines très-grieves aux prêtres des provinces d'entrer dans la capitale. Malgré ces rigueurs contre les ministres des autels, le gouvernement a dans de certaines occasions des complaisances pour eux qui sont très-choquantes pour l'humanité ; c'est un usage établi à Bénin de sacrifier aux idoles les criminels que l'on réserve dans cette vue ; il faut toujours qu'ils soient au nombre de vingt-cinq ; lorsque ce nombre n'est point complet, les officiers du roi ont ordre de se répandre pendant l'obscurité de la nuit, et de saisir indistinctement tous ceux qu'ils rencontrent, mais il ne faut point qu'ils soient éclairés par le moindre rayon de lumière ; les victimes qui ont été saisies sont remises entre les mains des prêtres, qui sont maîtres de leur sort : les riches ont la liberté de se racheter, ainsi que leurs esclaves, tandis que les pauvres sont impitoyablement sacrifiés.