Il y a deux faces, une externe, et une interne ; l'externe se trouve convexe dans la plus grande partie de son étendue, et l'interne est concave.

On découvre dans la partie inférieure de sa face externe, cinq apophyses, dont quatre sont angulaires, parce qu'elles répondent aux angles des yeux ; quelques-uns les appellent orbitaires, et les distinguent en internes et en externes ; la cinquième apophyse nommée nasale, sert d'appui aux os propres du nez, et dans quelques sujets, fait une partie de sa cloison osseuse. On remarque encore dans la face externe de l'os frontal, deux enfoncements qui font partie des orbites, et au bord supérieur des orbites, deux trous nommés sourciliers, lesquels le plus souvent ne sont que des échancrures ; ces trous sont quelquefois doubles. La partie inférieure et moyenne de l'os frontal se trouve échancrée, pour loger l'os ethmoïde. On observe à la jonction de ces deux os, principalement du côté des orbites, un trou de chaque côté, auquel on donne le nom de trou orbitaire interne.

On considère dans la face interne du frontal, deux fosses dites coronales, une épine, une scissure, un trou nommé borgne ou épineux, et plusieurs enfoncements superficiels, qui répondent aux inégalités des lobes du cerveau : enfin on y remarque des sillons pour le passage des vaisseaux sanguins. En appliquant le trépan dans cet endroit, l'hémorrhagie est à craindre, et l'on court le danger de blesser la dure-mère.

Ajoutons que l'os frontal est composé de deux tables et du diploé : au milieu de la partie inférieure de cet os, les deux tables sont ordinairement écartées l'une de l'autre, pour former les deux cavités, qu'on appelle sinus frontaux ou sinus sourciliers. Voyez FRONTAUX (SINUS) ; et les pièces ainsi écartées sont encore composées de deux tables, ou pour le moins ont chacune deux surfaces, ce qui fait quatre surfaces ou quatre tables en tout.

Mais pour avoir une idée juste de la vraie situation de toutes les parties de l'os frontal, il est bon qu'en l'examinant et en le démontrant, on le tienne de la même manière qu'il est situé dans une tête osseuse élevée droite à son attitude naturelle. Par-là, on verra que la partie supérieure de l'os frontal panche un peu en-arrière, et que la circonférence de ses bords est dans un plan incliné.

Il contient les lobes antérieurs du cerveau, et une portion du sinus longitudinal ; il forme le front, la partie supérieure des orbites, et une portion des tempes.

Il s'articule par en-haut avec les pariétaux, et par en-bas avec l'os ethmoïde, l'os sphénoïde, les os lacrymaux ou unguis, les os propres du nez, les os maxillaires, et ceux de la pomette.

Quoique l'os frontal ne soit pas exempt de jeux de la nature au sujet de son épaisseur en particulier, puisqu'on voit quelquefois des cranes où il est épais d'un travers de doigt, néanmoins il est généralement si mince vers la partie supérieure des orbites, qu'il y parait de la transparence. Aussi l'on peut dans cet endroit, c'est-à-dire à la partie supérieure de la paupière, au-dessus du globe de l'oeil, porter de bas en-haut un coup mortel avec un instrument pointu, et ne faire en même temps qu'une fort petite plaie à la peau. En effet, un coup semblable un peu violent, percerait l'os, atteindrait les méninges, le cerveau même, et causerait la mort.

J'ai remarqué en commençant cet article, que l'os frontal était séparé dans les enfants en deux pièces égales, par une suture qui s'efface lorsque les os ont pris leur accroissement. J'ajoute ici que cette suture reste quelquefois dans les adultes, et même pendant toute la vie : M. Palfin en faisant une incision cruciale au milieu du front à un religieux âgé de quarante ans, s'aperçut que cette suture s'était conservée ; et ce n'est pas le seul exemple qu'en fournissent les observations anatomiques. Il faut donc s'en ressouvenir quand on examine une plaie de tête, afin de ne point prendre une telle suture pour une fracture. On découvrira la cause de cette division de l'os frontal par la suture sagittale, en remontant jusqu'à l'état des os du crane dans l'enfance. Dans ce temps-là, cet os est toujours partagé en deux parties latérales ; ainsi la même séparation qui se trouve entre les deux pariétaux, se rencontre aussi entre les deux pièces qui composent alors le frontal : les deux pièces du frontal commencent à s'unir entre elles par des dents, ensuite elles se soudent ensemble, et la suture disparait. Cette soudure qui se fait pour l'ordinaire de bonne heure, se fait aussi presque entre tous les autres os du crane, mais seulement dans la vieillesse. Au reste on voit quelquefois des cranes d'enfants dont le frontal et les deux pariétaux sont soudés ensemble, sans qu'il reste le moindre vestige de leur ancienne séparation. (D.J.)

FRONTAL, s. m. (Therapeutique) médicament appliqué sur le front et sur les tempes.

Le cataplasme, l'épitheme sec et liquide, l'onguent, le liniment, le baume, prennent le nom de frontal, dès qu'ils sont appliqués sur ces parties.

Si on emploie le frontal aux usages immédiats et propres de tous ces médicaments extérieurs, il n'en diffère point essentiellement ; le frontal n'est qu'un cataplasme, qu'un liniment, etc.

On ne l'emploie plus du tout dans la vue de remédier à des affections intérieures. (b)

FRONTAL et DOUBLE FRONTAL, outils dont les Facteurs de clavecins se servent pour faire les ornements appelés treffles, qui sont à la partie antérieure des touches. Ces outils consistent en un fer aceré a b, Pl. de Lutherie ; l'extrémité a de ces fers qui est à deux biseaux, est profilée comme le dessein que l'on veut faire. Les fers sont emmanchés dans une pièce de bois b c, semblable à celle qui tient les meches des vilbrequins. On monte de même les frontal et double frontal sur le fust de ce dernier instrument, en faisant entrer les queues c dans les boites de vilbrequin. Voyez VILBREQUIN. On se sert de cet outil, ainsi monté, pour commencer les treffles des touches ; pour cela on appuie la pointe du frontal au centre des arcs qui composent le treffle, et on tourne le fust du vilbrequin comme si on voulait percer un trou : par ce moyen, l'outil trace un ornement circulaire, comme si la pièce avait été tournée. Voyez Planche XVII. de Lutherie, fig. 16 et 17.

FRONTAUX, (MUSCLES) Anat. voyez FRONT.

FRONTAUX, (SINUS) Anat. Les sinus frontaux ou sinus sourciliers, sont deux grandes cavités situées entre les deux tables de l'os frontal, immédiatement au-dessus du nez et des sourcils, qui s'ouvrent par deux trous dans les narines. Ils sont séparés par une cloison osseuse, qui quelquefois manque, quelquefois est percée, et quelquefois n'est pas entière.

Ils varient beaucoup en divers sujets par rapport au nombre, par rapport à l'étendue, qui quelquefois est très-petite, et par rapport à la forme, qui souvent est très-irrégulière et en manière de cellules. On les a Ve manquer tout à fait ; et dans ce cas, la cavité du nez parait plus ample en-dedans. On a encore Ve que l'un d'eux ne s'ouvrait pas dans le nez, et qu'il communiquait seulement avec l'autre.

Bartholin dit que l'on rencontre rarement les sinus frontaux dans ceux qui ont le front aplati, et il n'a pas tort ; il ajoute qu'ils ne se rencontrent point dans ceux qui ont l'os du front divisé au milieu par une suture, et cette dernière décision n'est pas toujours vraie ; car Riolan a trouvé ces sinus dans des cranes qui avaient l'os du front plat, et partagé par une suture.

Les deux sinus frontaux communiquent quelquefois avec l'apophyse, nommée crista galli, quand cette apophyse n'est pas creusée intérieurement. Dans certains sujets, ces cavités sont si grandes, qu'elles s'étendent jusqu'à la moitié du front, et s'avancent même sur toute la partie supérieure de l'orbite. Ruysch dans la dissection publique qu'il fit à Amsterdam d'un homme de sept pieds, trouva que ces sinus frontaux s'étendaient même entre les pariétaux, ce qui est entièrement contre l'ordre naturel. Enfin, quelquefois il n'y a qu'un sinus frontal au côté droit, d'autres fois au côté gauche, et en d'autres cranes presque au milieu ; en un mot, c'est ici que les jeux de la nature sont infinis.

Cependant quand les sinus frontaux existent dans l'ordre naturel, ils sont entre les deux tables, tapissés d'une membrane parsemée de vaisseaux sanguins qui rampent dans la partie spongieuse de l'os qu'on nomme communément le diploé, et ils séparent un suc huileux. Cette membrane est une extension de la pituitaire ; les trous des sinus frontaux qui s'ouvrent dans les narines, sont percés de manière que l'humeur mucilagineuse qui les abreuve, peut couler dans les cavités du nez, lorsque l'homme a la tête droite. Quelques anatomistes ajoutent que lorsqu'un des sinus frontaux est percé, les mucosités séparées dans le sinus qui est bouché, passent dans l'autre par le trou qui est à la cloison, et se déchargent dans le nez avec les mucosités du sinus qui est ouvert. (D.J.)

FRONTAUX, (SINUS) Chirurg. Il est avantageux aux Chirurgiens d'avoir une connaissance exacte de la structure des sinus frontaux, afin de n'y pas appliquer le trépan, parce que l'ulcère resterait toujours fistuleux, et afin de ne pas prendre la membrane qui les revêt pour la dure-mère.

Il est quelquefois arrivé au sujet des plaies pénétrantes dans les sinus frontaux, que la mucosité qu'ils fournissent étant de couleur grisâtre, abondante, trop épaissie, et s'échappant par la blessure, des chirurgiens ignorants ont pris cette humeur glutineuse pour la substance corticale du cerveau, et en conséquence ont appliqué le trépan au grand détriment du malade.

On peut connaître que les plaies pénètrent dans les sinus frontaux, 1°. quand l'humeur muqueuse sort par la plaie ; 2°. quand la bouche étant fermée et l'air poussé avec force, la chandelle que l'on tient allumée près de la plaie est tellement agitée, qu'elle est prête à s'éteindre ; 3°. si l'on verse dans la blessure une liqueur amère, ou d'une autre saveur, elle se fait sentir dans la bouche ; 4°. enfin si l'on seringue quelque liqueur dans la même plaie, elle s'écoulera par le nez. Au surplus les plaies qui pénétrent dans les sinus frontaux, se guérissent difficilement, et dégénèrent d'ordinaire en fistules et en ulcères malins ; parce qu'il s'amasse dans ces parties une humeur huileuse, laquelle venant à se corrompre, ne manque pas de carrier les os qui sont dans le voisinage.

Fallope non-seulement confirme cette vérité, mais il prétend même que les fractures pénétrantes dans les sinus frontaux ne se consolident point, tant à cause de la sécheresse de l'os, qu'à cause de l'air que l'on respire, qui s'échappe sans-cesse par l'ouverture de la plaie ; et il assure n'avoir jamais Ve une plaie de cette nature se fermer qu'à un seul enfant, dans lequel la cavité du sinus fut remplie d'une chair fongueuse.

Enfin les plaies qui pénètrent dans les sinus frontaux ont, avec les yeux, une si grande communication, que Fabrice de Hilden dit avoir Ve (centur. ji. observ. 400.) que le pus acre qui découlait d'une plaie de ce genre dans les cavités frontales, tomba sur la conjonctive, et poussa l'oeil hors de sa place. (D.J.)