Telle est la description du crochet dont on se sert communément dans la pratique des accouchements laborieux, lorsqu'avec la main ou d'autres moyens plus doux que le crochet, on n'a pu faire l'extraction de l'enfant. Voyez FORCEPS. Mais le crochet dont nous parlons, quoique destiné uniquement à tirer un enfant mort, en entier ou par parties, comme nous l'avons dit ailleurs, a des inconvénients considérables. Si les parties sur lesquelles on l'a implanté, n'offrent pas assez de résistance à l'effort nécessaire pour l'extraction (ce qui arrive souvent, surtout lorsque l'enfant a séjourné longtemps dans la matrice depuis sa mort, et qu'il tend à une putrefaction parfaite), alors la prise venant à manquer, on risque de blesser dangereusement la mère. C'est pour prévenir cet accident, presqu'inévitable dans l'usage du crochet ordinaire, que M. Levret a imaginé depuis peu un crochet à gaine, dont on peut lire la description et voir la figure dans la suite de ses observations sur les accouchements laborieux ; mais la tige de cet instrument est droite, et M. Mesnard accoucheur de réputation à Rouen, avait remarqué que cette direction n'était pas favorable au but qu'on se propose : ses corrections sur cet instrument ont été adoptées par les plus habiles accoucheurs de l'Europe.

La tige des crochets de Mesnard est courbe depuis la partie moyenne jusqu'à l'extrémité où est le crochet proprement dit. Cette figure permet de porter la pointe du crochet jusqu'à la nuque, et de le fixer dans la base du crâne, ce qui est impossible avec un crochet dont la branche est droite. Secondement, Mesnard dit avec raison que pour que l'extraction se fasse surement et commodément, il faut absolument avoir deux crochets qu'on place en partie opposée. Le manche de l'un a une vis assez longue du côté intérieur, et le manche de l'autre est percé pour recevoir cette vis, que l'on assujettit extérieurement avec un écrou. Ces crochets courbes ainsi réunis, ont l'avantage de ne pouvoir jamais blesser la mère, puisque leur pointe ne peut porter contre la matrice, quand la prise viendrait à manquer.

Il importe peu par lequel de ces deux instruments on commence l'introduction ; mais il faut que le doigt d'une main serve de conducteur à la pointe du crochet, qui doit couler de côté jusqu'au-delà de la tête de l'enfant, pendant que son manche est tenu de l'autre main ; de manière que quand on fait l'introduction de la pointe, le manche soit élevé du côté du ventre de la femme, afin de lui faire faire un demi-tour en le conduisant par-dessus le pubis, pour le faire aller vers la cuisse opposée au côté où l'on a fait l'introduction ; et cela afin que la pointe de ce crochet se trouve tournée du côté du crâne de l'enfant. On doit prendre les mêmes précautions pour introduire l'autre crochet dans le vagin du côté opposé. On choisit pour l'extraction de l'enfant, le temps d'une des douleurs expulsives de la mère, dans la supposition qu'elle en ait encore.

Il faut bien connaître les cas où il est indispensable d'avoir recours aux crochets ; car les ignorants abusent de ce moyen dans les accouchements laborieux, dont plusieurs peuvent se terminer sans en venir à cette extrémité : il ne suffit pas même que l'opération soit jugée nécessaire, il faut encore qu'elle soit possible. L'accoucheur observera donc si la malade a des forces suffisantes pour supporter l'opération : la faiblesse du pouls et de la voix, les yeux éteints, le froid des extrémités, les sueurs froides, les défaillances, peuvent empêcher le chirurgien d'opérer ; et s'il y a encore une lueur d'espérance, il fera son pronostic de l'état fâcheux de la malade, et lui fera administrer les secours spirituels, si cela est possible.

On se sert principalement des crochets, lorsqu'on a été obligé d'ouvrir la tête d'un enfant, comme nous l'avons expliqué au mot couteau à crochet. On peut aussi s'en servir utilement dans les accouchements où la tête de l'enfant a été séparée de son corps resté dans la matrice, principalement lorsque l'enfant est à terme. Il est utîle néanmoins d'observer que dans ce dernier cas on peut situer la malade de façon que ses fesses soient beaucoup plus élevées que sa tête, et dans cette situation on portera la main dans la matrice, pour tirer l'enfant par les pieds. Si cette façon de terminer l'accouchement ne peut avoir lieu, il faut absolument avoir recours aux crochets ; ces instruments ne peuvent être regardés comme dangereux que par des personnes qui n'ont point d'expérience, ou qui ne sont pas suffisamment instruites. (Y)

CROCHET A CURETE, instrument de Chirurgie, d'acier poli, de figure pyramidale, allongé et évasé par sa partie antérieure en forme de cuillere, dont le dos et les bords sont arrondis et fort polis, et dont une partie de la cavité est garnie de trois rangs de dents en façon de râpe, pour mieux accrocher et retenir les pierres. Cette cuillere est longue d'environ trois travers de doigt, sur un demi-pouce de large dans son milieu ; elle est un peu recourbée en manière de crochet, ce qui lui en a fait donner le nom. L'extrémité est une pointe fort arrondie, pour ne pas blesser, et s'engager facilement derrière les pierres. La tige du crochet est engagée par une soie carrée dans un manche de bois taillé à pans, long d'environ trois pouces et demi. Tout l'instrument peut avoir sept pouces de longueur. Voyez Planche XI. fig. 7.

Cet instrument sert pour tirer les pierres dans le petit appareil ; on peut s'en servir dans toutes les méthodes, lorsqu'une pierre est enclavée au passage. On porte la pointe de l'instrument derrière la pierre en passant par-dessus ; et lorsqu'on l'a engagée on relève le manche de l'instrument, et on tire à soi pour faire l'extraction du corps étranger qui résiste. (Y)

CROCHET, voyez l'art. BAS AU METIER.

* CROCHETS, instruments servants aux Blanchisseurs de toiles, à les mesurer, afin que l'aulnage y soit fidèlement observé : la longueur en est déterminée par les règlements.

CROCHET ou AILE, voyez travail des chandelles moulées à l'article CHANDELLE.

CROCHET DE FER, est chez les Charpentiers, un outil fait d'un bout en queue d'aronde, et denté à la partie la plus large ; et de l'autre bout coudé à l'équerre, comme une tige carrée et en pointe : c'est par cette extrémité qu'il entre dans un morceau de bois carré qu'on appelle la boite de l'établi. La boite est placée au bout dudit établi, et elle ne l'excède que suivant l'épaisseur des bois que l'on met dessus pour les dresser, et où le crochet les arrête, pour les empêcher d'avancer lorsqu'on pousse la varlope. Voyez la vignette de l'établi des Menuisiers, dans les Planches du Menuisier.

CROCHETS, (Fonderie en caracteres) pièces du moule servant à fondre les caractères d'Imprimerie. Ce sont deux fils d'archal de deux pouces environ de long, et crochus par un bout ; l'autre bout qui est pointu, est piqué et enfoncé dans le bois du moule. Lorsqu'on a fondu la lettre et qu'on a ouvert le moule, ces crochets servent à séparer la lettre dudit moule, ce qui s'appelle décrocher. Voyez DECROCHER, et Pl. II. du Fondeur de caractères d'Imprimerie, fig. 1. et 2. a, b.

CROCHET, outil de Fourbisseur ; c'est une meche de lame d'épée, avec environ un doigt de la lame, elle est faite en crochet un peu tranchant du côté de la meche : elle sert à décoller le cuir du fourreau pour y placer le crochet, après y avoir fait une petite entaille avec le couteau.

CROCHET, en terme de Fourbisseur ; c'est une petite attache qui est montée sur le fourreau, à une petite distance de son extrémité supérieure, et qui arrête l'épée dans le ceinturon.

CROCHET ou ESCHOPES, espèce de burin ou d'outil tranchant, trempé fort dur, dont les Horlogers se servent pour creuser différentes pièces sur le tour. Voyez Pl. XIII. de l'Horlogerie, fig. 22. La seconde sert particulièrement à creuser les drageoirs des barillets de ces figures.

Quand on remonte une répétition fort basse, ou dont les roues sont cachées, on se sert d'un petit outil auquel on donne aussi le nom de crochet : par son moyen, en poussant ou tirant les tiges des roues, on met les pivots dans leurs trous. Voyez Pl. XVI. de l'Horlogerie fig. 73. (T)

On appelle encore crochet, en Horlogerie, des pièces très-différentes par leurs figures, mais dont la fonction est à-peu-près la même ; ainsi on appelle crochets de la chaîne, les pièces T, F, Planche X. d'Horlogerie, fig. 54. dont l'une sert à la faire tenir au barillet, et l'autre à la fusée : ainsi on nomme crochet de petites éminences fort semblables à la dent d'un rochet, qui sont rivées sur la circonférence de l'arbre d'un barillet, et dans la circonférence interne du barillet, de manière qu'elles retiennent fixement les deux extrémités du ressort. Voyez RESSORT, OEIL DE RESSORT. On appelle encore crochet de la fusée, cette partie C, figure 46. qui sert à l'arrêter par le moyen du guide-chaine, lorsque la montre est remontée tout au haut. Voyez FUSEE, GUIDE-CHAINE, etc. (T)

CROCHET ou CROCHETS, termes d'imprimerie. Les crochets sont au nombre des signes dont on se sert dans l'écriture, autres que les lettres. Les crochets sont différents des parenthèses ; celles-ci se font ainsi (), au lieu que les crochets se font en ligne perpendiculaire, terminée en-haut et en-bas par une petite ligne horizontale [ ]. On met entre deux crochets un mot qui n'est point essentiel à la suite du discours, un synonyme, une explication, un mot en une autre langue, et autres semblables. On appelle aussi crochets certains signes dont on se sert dans les généalogies, dans les abrégés faits en forme de table ; ce qui sert à faciliter la vue des divisions et des subdivisions. (F)

CROCHETS, voyez CROCHETEUR.

CROCHET, terme de Mégissier ; c'est un outil de fer crochu emmanché d'un long bâton, dont ces ouvriers se servent pour tirer avec des seaux l'eau et la chaux des plains qu'ils veulent vider. Voyez Pl. du Mégissier, fig. 7.

CROCHET D'ÉTABLI, (Menuiserie) est un morceau de bois qui s'attache contre le devant de l'établi, plus près du bout que la boite, et qui sert à arrêter les planches lorsqu'on les dresse sur le champ. Voyez Pl. de Menuiserie, fig. 36.

CROCHET DE FER, (Menuiserie) c'est le même que celui du charpentier. Voyez CROCHET en Charpenterie. Sa queue entre dans la boite de l'établi, et sert à tenir l'ouvrage. Voyez Planche de Menuiserie, fig. 36.

CROCHET ou ÉMERILLON, terme de Passementier-Boutonnier ; c'est un petit outil de fer de trois ou quatre pouces de longueur, recourbé et pointu par un bout, et garni d'un manche de bois par l'autre ; il sert à faire les cordons de chapeau et les chaînettes, à appliquer les fleurs sur le haut des crépines, et particulièrement à doubler et tordre ensemble les différents fils de poil de chèvre et de soie qui doivent être employés en boutons poil et soie. Voyez les Planches et leur explication.

CROCHET, outil de Potier d'étain. Cet outil sert à tourner l'étain, c'est tout son usage ; mais il en faut un certain nombre, parce que le même ne peut pas servir à tout : il y en a pour la vaisselle, pour la poterie, pour la menuiserie ; les uns plus gros, les autres plus petits. Ce qu'il s'agit de considérer, c'est la forme du taillant ; il y en a de carrés, de demi-ronds, de pointus, etc. C'est un morceau de fer plus ou moins long, plus plat qu'épais, d'environ un pouce de large, et acéré sur la planche du côté où il est courbé, ce qui fait le taillant ; l'autre bout est pointu, pour y mettre un manche. Voyez la fig. 2. du métier du Potier d'étain.

Les crochets dont on se sert pour commencer à tourner, et qui coupent le plus, s'appellent ébauchoirs ; ceux dont on se sert après, qui coupent moins et rendent l'étain plus brun, parce qu'on les frotte de temps en temps sur la potée d'étain, s'appellent planes. Voyez TOURNER L'ÉTAIN.

CROCHET, instrument d'usage dans les Salines ; il sert à tirer les fagots de dessus la masse. Voyez l'art. SALINE, et les Planches des fontaines salantes.

* CROCHET : c'est un instrument dont les Serruriers se servent pour ouvrir les portes, quand on n'en a pas les clés ; il est fait d'un morceau de fer battu, plat, fait en anneau par la poignée, et coudé sur le champ par l'autre bout, de la longueur à-peu-près du panneton de la clé : on l'introduit par l'entrée de la serrure ; on le tourne dedans, et l'on tâche d'attraper le ressort et les barbes du pêle, afin de le faire sortir de la gache.

CROCHET, instrument de fer qui se met à l'extrémité d'un établi, qui est semblable à celui des menuisiers, et qui a le même usage.

* CROCHET, (Manufacture en soie) Crochet de devant le métier des étoffes de soie. Ces petits crochets sont montés sur une bande de fer de la largeur d'un pouce environ, et de la longueur proportionnée à la largeur de l'étoffe. On les attache à l'ensuple, au moyen de plusieurs bouts de ficelles qui, en forme de boucle, tiennent d'un côté à ce crochet, et de l'autre à la verge qui entre dans la chanée de l'ensuple. Ces crochets servent dans les cas où l'on veut commencer l'étoffe sans perdre de la soie.

Il y a de ces crochets qui, au lieu des bouts de ficelle dont il est fait mention ci-dessus, sont cousus à une grosse toîle que l'on fait tenir à l'ensuple, comme l'étoffe.

* CROCHETS de derrière le métier des étoffes de soie. On se sert aujourd'hui de cordes moyennes auxquelles on donne le nom de gancettes, parce qu'il n'est pas possible de placer des espolins avec des crochets de devant.

Ces crochets sont de moyenne grosseur, et sont attachés à un bois rond proportionné : on s'en sert lorsque la chaîne est sur sa fin, et qu'il n'y a plus rien sur l'ensuple de derrière. On commence par faire autour de ces ensuples plusieurs tours d'une grosse corde à deux bouts, à chacun desquels il y a une boucle ; on y passe les crochets ; et on met la verge sur laquelle est la chaîne, dans ces crochets ; et à mesure que l'ouvrier emploie sa chaîne, et qu'il roule son étoffe sur l'ensuple de devant, la corde qui est sur l'ensuple de derrière se dévide, ce qui facilite l'emploi du restant des chaînes.

CROCHET, en terme de Raffineur de sucre ; c'est une verge de fer recourbée par un bout, garnie de l'autre d'une douelle où entre son manche. Ce crochet sert à mettre des piles de formes tremper. Voyez TREMPER et FORMES. On met ces formes dans l'eau, la patte en en-bas ; &, pour plus grande facilité, pendant que la main de l'ouvrier conduit la tête de la pile, il la plonge doucement dans le bac, en la soutenant avec le crochet. Voyez BAC A FORMES. Il y en a encore d'autres qui sont beaucoup plus courts, qui s'attachent aux deux bouts d'une corde, et servent à descendre les esquisses par les tracas. Voyez ESQUISSES et TRACAS.

CROCHET, (grand) en terme de Raffineur de sucre, ne diffère du stoqueur, (voyez STOQUEUR), que par un coude qu'il forme à son extrémité en se recourbant d'environ deux pouces et demi. Il sert aussi à arranger les feux sous les chaudières, et à en tirer les mache-fers.

CROCHET, en terme de Raffinerie de sucre, est une branche de fer plate, pliée à-peu-près comme une pincette, dont on se sert pour arrêter le blanchet sur les bords du panier. Voyez BLANCHET et PANIER A CLAIREE.

CROCHET, (Tondeur de draps) est un morceau de fer recourbé par les deux bouts, dont les Tondeurs se servent pour attacher leurs étoffes sur les tables à tondre.

* CROCHET, (Verrerie) tringle de fer de neuf lignes de diamètre, courbée et pointue par le bout, avec laquelle le fouet arrange les bouteilles dans le four à recuire. Il y a d'autres crochets dont on se sert pour mettre les pots dans le four ; ils ont sept pieds et demi.

* CROCHET, (Verrerie) Il en faut trois, de peur qu'ils ne se cassent ; ils ont neuf pieds et demi de longueur, onze lignes de diamètre : les angles en doivent être rabattus, ce qui les met à six pans. Le grand crochet est une barre dont on se sert à l'ouvroir, pour lever et tenir le pot sur le siège, et le placer comme il convient. On verra à l'article VERRERIE, l'usage des autres. Ce dernier a dix pieds de long sur un pouce dix lignes d'équarrissage.