Les Hollandais s'en sont servis de fer blanc ; on leur en prit de cette espèce à la bataille de Fleurus.

Il y a encore des pontons de cuir bouilli. Ceux qui n'approuvent pas ces derniers pontons, dit M. le chevalier de Folard, prétendent que les vers s'y mettent aisément, que les souris s'en accommodent, et qu'ils se gersent par l'ardeur du soleil ou par la sécheresse ; mais on répond à cela, ajoute-t-il, qu'il serait aisé de remédier à cet inconvénient, par le moyen d'une graisse qui put les garantir de tous ces défauts. Suivant cet auteur, cette graisse est trouvée ; il en avait le secret d'un des plus savants officiers généraux de l'Europe. Il est à souhaiter que ce secret, dont le service pourrait tirer de grands avantages, ne soit pas perdu. Voyez dans les mémoires d'artillerie de Saint-Remy, tome II. seconde edition, p. 366 et suivantes, les différentes dimensions des pontons. Ils sont voiturés à la suite des armées, sur des haquets construits pour cet effet. Le poids d'un ponton entièrement construit, est d'environ 700 livres.

Ponton est encore un vaisseau dont il est fait mention dans les commentaires de César, et dans Aulugelle ; mais ces auteurs parlent d'un vaisseau carré servant à passer les rivières, et propre à recevoir les chevaux et voitures : c'est ce qu'on appelle maintenant bac. Le mot de ponton vient du latin ponto, qui signifie un bac. (Q)

PONTON, s. m. (Marine) c'est une machine dont on se sert quand on a quelques bras d'eau à passer. C'est proprement un pont composé de deux bateaux qui sont à quelque distance l'un de l'autre, et tous deux couverts de planches, ainsi que l'intervalle qui est entre deux. Ils ont des appuis et des garde-fous ; et la construction en est si solide, que cette sorte de pont peut transporter du canon et de la cavalerie.

Ponton, voyez BAC.

Ponton, c'est un grand bateau plat qui a trois ou quatre pieds de bord, qui porte un mât, et qui sert à soutenir les vaisseaux quand on les met sur le côté pour leur donner la carene ; auquel effet, à défaut d'un pont, on peut se servir d'un vaisseau. Le ponton est garni de cabestants, de vis, et autres machines, qui servent à coucher et à relever les grands vaisseaux, à nettoyer les ports, en tirer la vase, les pierres, ancres, bris de vaisseaux, et autres choses qui les pourraient combler. Le ponton sert aussi à mâter, la machine à mâter n'étant même qu'une espèce de ponton.

Les pontons ont ordinairement 60 pieds de long, 16 pieds et demi de large, et six pieds et demi de creux.

PONTON à recreuser les canaux et les ports de mer. Les pontons destinés à cet usage sont de deux espèces ; les plus simples servent seulement à diriger et à retrécir le passage d'une eau courante, pour l'obliger à entraîner des dépôts qui s'y seraient arrêtés. On les échoue à côté de l'endroit qu'on veut recreuser, et au-dessus, dans le lieu le plus propre à y jeter les eaux. Si leur action n'est pas encore assez grande, on peut l'augmenter par d'autres pontons placés à flot au-dessus du recreusement à faire, et chargés jusqu'à ce qu'ils tirent assez d'eau pour, en resserrant celle qui est dessous, lui donner une vitesse suffisante. Le service de ces pontons est plus commode sur les ports de l'Océan que partout ailleurs, parce que la marée fournit un moyen aisé de les échouer pendant quelque temps, et de les remettre ensuite à flot pour les changer de place. Il serait inutîle d'entrer dans le détail de la manière dont ils peuvent être construits ; leur usage suffit pour faire connaître ce qu'il y a de nécessaire dans la forme qu'ils doivent avoir.

Avec les pontons de la première espèce, on n'emploie d'autre agent que l'action de l'eau ; ainsi son courant est absolument nécessaire. Au contraire dans ceux de la seconde espèce l'agent étant pris d'ailleurs, l'eau ne sert qu'à porter la machine, et son mouvement est plus incommode qu'utile. Un bateau plat soutient l'équipage nécessaire pour faire mouvoir deux grandes cuillers de fer qui se chargent alternativement des matières à déblayer, et les vident de même dans une barque destinée à les transporter. Ces machines sont d'un grand usage, sur tout dans les ports de la Méditerranée, et sur les canaux faits en Languedoc dans les étangs voisins de cette mer. Comme leur construction est bien plus compliquée que celle des premiers pontons, nous rapporterons la manière dont on les fait dans le port de Cette. Ils diffèrent peu de ceux qu'on exécute à Toulon et à Brest, suivant les descriptions qu'en a données M. Belidor dans le dernier volume de son architect. hydraul. après celles des pontons de la première espèce.

Le bateau a environ 54 pieds de longueur de l'étrave à l'étambor ; sa plus grande largeur est de 20 pieds, et le creux de cinq. Le tillac est bordé de chaque côté par 10 poteaux debout, couronnés à sept pieds de haut par un cours de lisses ou de chapeaux de 46 pieds de longueur, sans compter une saillie de six pieds au-delà de la poupe, qui est soulagée par un onzième poteau en décharge. Cette saillie est surmontée par une grosse pièce de bois qui sert de grue, pour la manœuvre de la cuiller ; son extrémité porte une poulie de dix-huit pouces de diamètre, sur neuf pouces d'épaisseur, serrée à la circonférence avec des bandes posées en-travers, et garnie au centre d'une boite de cuivre qui reçoit un boulon de 20 lignes de grosseur.

Les deux cours de chapeaux sont entretenus par quatre traverses qui vont de l'un à l'autre ; ils portent deux roues à tympan, l'une de 26 pieds de diamètre, l'autre de 13, dont les centres sont à la même hauteur ; en sorte que la petite roue est en entier au-dessus du tillac, tandis que la grande descend jusqu'à quatre pouces du fond de cale, en traversant une écoutille de 22 1/2 pieds de longueur, sur 6 1/2 pieds de largeur.

L'aissieu de la grande roue est de bois ; il est placé à 23 pieds de la poupe : sa grosseur est de 14 pouces ; et cependant comme il fait quelquefois un très-grand effort, indépendamment des lisses qui en portent les bouts, il est encore soulagé tout près de la roue de chaque côté, par un autre support en forme de chevalet, composé d'un chapeau et de trois poteaux, un debout, et deux en décharge. Les deux parties de l'aissieu qui sont de chaque côté de la roue entre les deux supports, sont grossies jusqu'à dix-huit pouces par un revêtement de planches reliées avec des cordages. Sur ces deux parties sont roulées en sens contraire deux chaînes de fer de 90 pieds de longueur, dont chacune après avoir passé sur la poulie de la grue qui lui répond, se divise en deux branches de trois pieds de longueur, pour s'attacher des deux côtés au devant de la cuiller, près de la traverse qui porte l'extrémité de son manche.

L'aissieu de la petite roue est aussi de bois ; il est placé à 43 1/2 pieds de la poupe ; il a 8 pouces de diamètre, et 28 pieds de longueur, en sorte qu'il excède de chaque côté d'environ quatre pieds les lisses qui lui servent de support. Autour de ces deux parties en saillie sont roulés en sens contraire deux libans ou cordes de jonc d'environ deux pouces de diamètre, nommées tire-arrière ; l'extrémité de chacun de ces libans est attachée au milieu d'une chaîne de six pieds de longueur, dont les bouts sont fixés des deux côtés derrière la cuiller, aux tiers de sa hauteur.

Sur la face extérieure de chaque lisse est attachée une galerie ou châssis de dix-huit pouces de saillie, et de 13 pieds de longueur, porté par deux corbeaux assemblés, le premier au poteau qui est sous l'aissieu de la grande roue, et le second au troisième poteau, à compter de la poupe. Ces galeries sont formées par deux jumelles qui laissent entr'elles un intervalle d'environ 9 pouces de largeur, dont la longueur est réduite à 10 pieds par un rouleau placé près de chaque extrémité : elles servent à contenir le manche de la cuiller, en lui laissant le jeu nécessaire.

Ce manche, qui est de bois, a environ 40 pieds de longueur, sur 4 pouces de diamètre au petit bout, et 10 pouces au gros bout par lequel il est attaché à la cuiller au moyen de deux mains de fer, l'une ronde, l'autre carrée, scellées à deux travers de gros fer. Toutes les principales pièces de la cuiller sont de fer de même force ; le reste est un grillage de fer méplat, doublé de planches de peuplier. Sa coupe en long est un triangle rectangle de 4 1/2 pieds de longueur, sur 3 1/2 pieds de hauteur ; le derrière est un carré long de 4 pieds de largeur, sur 3 1/2 de hauteur, dont le tiers vers le haut est arrêté à demeure, et les deux tiers restants sont fermés par une porte suspendue à deux gonds, et accrochée dans le bas à un mantonnet par un gros loqueteau à ressort.

Un ponton, pendant le temps du travail, est monté de neuf hommes, un patron et huit matelots ; il est fixé au-dessus de l'endroit qu'on veut recreuser, par quatre amarres qui répondent à autant d'ancres ou d'arganaux. Six matelots marchent dans la grande roue pour la faire tourner : par ce mouvement la chaîne qui se roule sur l'aissieu fait avancer sa cuiller, tandis que l'autre chaîne qui se dévide laisse à la seconde cuiller la liberté de reculer et d'obéir à la corde qui la tire en arrière par l'action de deux matelots qui marchent dans la petite roue, dont le mouvement donne aussi la liberté à la première cuiller de faire chemin.

Lorsque la cuiller commence de mordre dans le fond, son manche est panché vers la poupe, et il porte sur le rouleau qui est au bout du châssis de ce côté. Le patron saisit une corde appelée carguière, attachée à la partie supérieure du manche ; il lui fait faire deux tours sur un taquet assemblé en-travers au quatrième poteau de poupe, et il roidit cette corde jusqu'à ce qu'il juge que la cuiller est chargée. Bientôt après la cuiller avançant toujours, son manche panche dans un sens contraire au premier, et Ve s'appuyer sur le rouleau du châssis vers la proue. Enfin la cuiller s'élève hors de l'eau ; le bateau qui doit recevoir les matières qu'elle a enlevées passe dessous ; le patron ouvre avec une gaffe le loqueteau qui tient la porte fermée, et dès que la cuiller est vuidée, il referme la porte en la poussant avec la même gaffe. Une manœuvre qui ne diffère de la précédente qu'en ce que les hommes marchent dans les roues et les font tourner en un sens contraire au premier, enlève la seconde cuiller, et ainsi de suite alternativement.

Le bateau qui reçoit les déblais au sortir des cuillers, et qui les transporte au loin dans la mer, est une petite tartane montée de quatre hommes, dont la plus grande longueur est d'environ 44 pieds, la largeur de 14, et le creux de 5 1/2 pieds. A 13 pieds de la poupe commence une casse en forme de trémie, dans laquelle les cuillers se vident ; elle a 9 pieds sur chaque face au tillac, 4 pieds 4 pouces dans le bas, et 5 1/2 pieds de hauteur, en sorte qu'elle contient 250 pieds cubes. Le fond de cette caisse est fermé par une porte suspendue d'un côté à deux gonds par deux longues pentures, et de l'autre attachée aux deux branches d'une chaîne qui monte au-dessus du tillac : un levier au bout duquel cette chaîne est accrochée, sert à ouvrir, à fermer et à assujettir la porte au moyen d'une corde amarrée à l'autre bout du levier, et à un taquet ou à un arganeau. Cette porte a fait donner au bateau le nom de trébuchet ; elle épargne beaucoup de peine et de temps lorsqu'il faut le vider.

On ne travaille dans le port de Cette que depuis l'équinoxe du printemps jusqu'à celui de l'automne. La profondeur varie depuis 12 jusqu'à 24 pieds : la moyenne est de 18. Les ouvriers du ponton gagnent 30 sols, et ceux du trébuchet 22 sols, ce qui fait en tout 52 sols pour chaque caisse pleine qui contient une taise cube un sixième. Ainsi la taise cube revient à 44 sols 7 deniers. Le travail commence grand matin ; la journée ordinaire est de 10 caisses ou trébuchets. Dès que cette quantité est faite, les ouvriers fatigués se retirent, quand même il ne serait que midi ou une heure, quoique tout ce qu'ils feraient de plus leur fût payé sur le même taux.

La valeur et l'entretien des machines n'est pas compris dans ce marché : on estime un ponton neuf avec tous ses agrêts, 10000 livres, et un trébuchet 2500 livres. Il faut trois trébuchets pour le service de deux pontons ; et l'entretien annuel de deux pontons et de trois trébuchets, avec celui de tous leurs agrêts, est estimé 5000 livres.

Le poids du fer d'une cuiller est d'environ seize quintaux, et celui de sa chaîne en diffère peu.