NOYAU, (Histoire naturelle, Minéralogie) nucleus, ou metrolitus ; c'est ainsi que les Naturalistes nomment la substance, qui après avoir été moulée dans l'intérieur d'une coquille dont elle a pris la forme, s'est enfin durcie, et a pris la consistance d'une pierre. Ces noyaux sont de différente nature, suivant les différents sucs lapidifiques, et les différentes terres qui sont venues remplir la capacité de ces coquilles. Il y en a de calcaires, de silicées, de grais, etc. Ces noyaux ont aussi pris différentes formes, suivant les coquilles dans lesquelles ils se sont moulés.

L'on nomme aussi noyaux les pierres, soit mobiles, soit adhérentes, qui se trouvent dans les cavités des étites ou pierres d'aigle.

Enfin on appelle noyau, la partie la plus dure qui se trouve au centre de certains cailloux. (-)

NOYAU, en terme d'Artillerie, est une espèce de barre de fer longue et cylindrique, qui après avoir été revêtue d'un fil d'archal tourné en spiral, et recouvert d'une pâte de cendre que l'on fait bien secher, se place au milieu du moule d'une pièce de canon pour en former l'âme. Quand le métal a été coulé dans le moule, et que la pièce est fondue, on retire le noyau, et l'on alleze ensuite la pièce pour égaliser l'intérieur du canon, et lui donner partout la même épaisseur et le même calibre.

On couvre le noyau d'une pâte de cendre, afin d'empêcher que le métal ne s'y attache, et qu'on puisse le retirer aisément du milieu de la pièce lorsqu'elle est fondue.

Pour que le noyau soit placé exactement au milieu du moule, et que sa position ne puisse pas changer, on le soutient du côté de la culasse par des barreaux d'acier passés en croix, c'est ce qu'on appelle le chapelet, et du côté de la bouche de la pièce, par une meule faite de plâtre et de tuiles, dans laquelle est passé le bout du noyau.

Lorsque les pièces sont coulées massives elles n'ont point de noyau. On les fore après qu'elles sont fondues. Cette dernière méthode est plus avantageuse que l'ancienne, pour éviter les soufflures et les chambres. Voyez CANON.

On appelle encore noyau dans l'Artillerie, un globe ou une boule de terre sur laquelle se moule la chape des bombes, des grenades et des boulets creux. Entre cette chape et ce noyau se coule le métal ; et quand il est coulé on casse le noyau, et l'on en fait sortir la terre. Aux boulets on ne fait des noyaux que pour faire les coquilles qui sont ou de fer, ou de sable. Ces noyaux sont de la grosseur qu'on veut donner aux boulets. Voyez BOMBE, GRENADE, BOULET, etc. (Q)

NOYAU est aussi, dans l'Artillerie, une espèce de moule qu'on fait pour les bombes, grenades et boulets creux.

La grosseur du noyau répond au vide qu'on veut donner à la bombe ou à la grenade. C'est une boule de terre égale au vide. On y ajoute dessus une couche d'une autre terre plus douce, de l'épaisseur qu'on veut donner au métal de la bombe ou de la grenade. Dessus cette terre on fait la chape d'une autre terre encore plus forte, après quoi on ôte celle qui occupe l'espace que le métal doit remplir, et l'on rejoint la chape sur le noyau ; on coule ensuite la bombe ou la grenade. Voyez BOMBE. (Q)

NOYAU, s. m. (Architecture) c'est la maçonnerie qui sert de grossière ébauche pour former une figure de plâtre ou de stuc. On la nomme aussi âme. Selon M. Félibien, les anciens faisaient les noyaux des figures avec de la terre à potier, composée de bourre et de fiente de cheval, bien battues ensemble. Cela se pratique encore aujourd'hui, principalement pour les figures de bronze, parce que la terre résiste mieux à la force et à la violence de ce métal fondu, que toute autre matière. Mais pour les figures moyennes, et pour celles qu'on a à jeter en or ou en argent, on se sert de plâtre bien battu, avec lequel on mêle de la brique pilée et bien sassée qu'on emploie ainsi. On prend les premières assises du moule remplies des épaisseurs de cire qu'on assemble de bas en haut sur une grille de fer plus large de trois ou quatre pouces que la base de la figure. Cet assemblage se fait autour de la barre qui doit soutenir le noyau. On serre ensuite fortement ces épaisseurs de cire avec des cordes, de peur que les pièces ne se détachent, et on verse du plâtre détrempé bien clair et mêlé avec de la brique battue et sassée, sitôt qu'on a disposé la première assise du creux. Cette première assise étant remplie, on élève la seconde que l'on remplit de même ; c'est ainsi qu'on continue d'assise en assise à élever toutes les pièces du moule, et à former le noyau. Quand le creux est rempli, on défait toutes les parties du moule, en commençant par le haut, et alors on voit la figure de cire toute entière qui couvre le noyau qui est dedans. Voyez les principes d'Architecture de Félibien, etc. liv. II. ch. Ve

Noyau est aussi le nom de toute saillie brute, et particulièrement de celle de brique, dont les moulures lisses doivent être trainées au calibre, et les ornements postiches scellés. Les Italiens appellent ossatura l'un et l'autre des noyaux qui ont fait le sujet de cet article.

Noyau de bois. Pièce de bois, qui, posée à plomb, reçoit dans des mortaises le tenon des marches d'un escalier de bois, et dans laquelle sont assemblés les limons et appuis des escaliers à deux ou à quatre noyaux. Voyez ci-après noyaux d'escalier.

On appelle noyau de fond celui qui porte depuis le rez-de-chaussée jusqu'au dernier étage ; noyau suspendu, celui qui est coupé au-dessous des paliers et rampes de chaque étage ; et noyau à corde, celui qui est taillé d'une grosse moulure en manière de corde pour conduire la main. C'est de cette dernière façon qu'on les faisait autrefois.

Noyau d'escalier. C'est un cylindre de pierre qui porte de fond, et qui est formé par le bout des marches gironnées d'un escalier à vis. On appelle noyau creux celui qui étant d'un diamètre suffisant, a un puisard dans le milieu, et qui retient par encastrement les collets des marches. Tel est le noyau des escaliers de l'église de S. Louis des invalides à Paris. On donne encore le nom de noyau creux à un noyau fait en manière de mur circulaire, et percé d'arcades et de croisées pour donner du jour. Ce noyau est pratiqué aux escaliers en limace de l'église de S. Pierre de Rome, et à l'escalier du château de Chambor.

Il y a encore de ces noyaux qui sont carrés, et qui servent aux escaliers en arc de cloitre, à lunettes et à repos. Tel est le noyau du bout de l'aîle du château de Versailles, appelé l'aîle des princes, située du côté de l'orangerie. Vitruve appelle aussi noyau de plancher, une couche de mortier de six doigts d'épaisseur, faite de chaux avec deux fois autant de ciment, qu'on met sur un plancher, avant que d'y mettre le pavé. Vitruve, liv. II. chap. j. (D.J.)

NOYAU, terme de Fonderie. Le noyau que quelques-uns appellent l'âme d'une figure, est un corps solide dont on remplit l'espace renfermé par les cires. La manière dont il est composé doit avoir quatre qualités essentielles. Premièrement, il faut qu'étant renfermée dans les cires, elle ne puisse s'étendre ni se comprimer. En second lieu, il faut qu'elle puisse résister à la violence du feu lorsqu'on en fait le récuit sans se fendre ni se tourmenter. Il faut en troisième lieu qu'elle ait une qualité que les ouvriers appellent bouf, qui est, pour ainsi dire, une molle résistance, afin que le métal remplissant l'espace qu'occupaient les cires, le noyau ait assez de force pour résister à sa violence, et n'en ait pas trop en même temps pour s'opposer au métal qui travaille à mesure qu'il se refroidit dans le moule ; ce qui ferait gercer le métal dans plusieurs endroits. La quatrième qualité que doit avoir le noyau est, qu'il soit d'une matière agréable au métal, et qu'il le reçoive volontiers lorsqu'il coule, sans le retrancher, et y faire des soufflures ; ce qui pourrait arriver s'il y avait trop de plâtre dans sa composition.

On forme ordinairement le noyau d'une matière composée de deux tiers de plâtre et d'un tiers de brique bien battus et sassés, que l'on gâche ensemble, et que l'on coule dans les assises du moule, après que l'armature est faite, continuant ainsi jusqu'au haut de la figure. La brique qu'on mêle avec le plâtre l'empêche de pousser, et fait qu'il résiste à la violence du feu et du métal. Voyez FONDERIE et les fig. Pl. de la Fonderie des fig. équestres.

NOYAU, en terme de graveur en pierres fines ; c'est la partie de la pierre qui est entrée dans la charnière, sorte de bouterolle concave, représentée, figure, Pl. de la Gravure.

On détache ensuite le noyau, et la pierre se trouve par ce moyen, creusée, ou champlevée ; on grave ensuite ce que l'on veut dans le fond du creux que le noyau a fait, ce qui donne plus de relief aux empreintes, si la pierre est destinée à faire un cachet.

NOYAUX ou NOIX ; on appelle ainsi dans les orgues des morceaux de plomb représentés, fig. 53. A Pl. d'orgue, percés d'un trou que l'on soude, au bas des tuyaux des jeux d'anches, comme il est représenté en C, fig. 44. Ces noyaux, qui ont un talon a, sont formés dans un moule d'une grandeur proportionnée à celle du tuyau, et servent après qu'ils y ont été soudés, à tenir l'anche et la languette au moyen d'un petit coin de bois, dont on remplit le reste du trou. Ils ont aussi un autre petit trou par lequel passe la rosette, qui Ve appuyer sur la languette de l'anche. Voyez la fig. 44 et l'article TROMPETTE, et ORGUE, où la facture des jeux d'anches est expliquée.

NOYAU, c'est le nom que les Potiers d'étain donnent aux pièces de leurs moules, que les chapes qui composent ces mêmes moules enveloppent. Aux moules de vaisselle le noyau est convexe, et c'est ce qui forme le dedans, qui est creux ; à ceux de poterie, les noyaux sont enveloppés de chapes. Ils ont un cran, qu'on appelle portée, qui tient les chapes en respect. Voyez CHAPE, et les figures du Potier d'étain.