POSTE D'HONNEUR à la guerre, c'est celui qui est jugé le plus périlleux. On donne les postes d'honneur aux plus anciens ou aux premiers régiments. Les flancs des lignes dans la formation de l'armée étant les endroits les plus exposés et les plus dangereux, sont les postes d'honneur de l'armée.

Il y a dans l'infanterie quatre postes d'honneur.

Le premier est la droite de la première ligne ; le second est la gauche de cette même ligne ; le troisième, la droite de la seconde ligne ; et le quatrième, la gauche de cette ligne. Cependant, par un ancien usage, le régiment des gardes, qui est le premier régiment de France, se place toujours au centre de la première ligne.

A l'égard de la cavalerie, comme elle est divisée en deux corps, savoir de la droite et de la gauche, elle a huit postes d'honneur, dont les quatre premiers sont les mêmes que ceux de l'infanterie ; le cinquième est la gauche de la première ligne de l'aîle droite ; le sixième est la droite de la première ligne de l'aîle gauche ; le septième, la gauche de la seconde ligne de l'aîle droite ; et le huitième est la droite de la seconde ligne de l'aîle gauche.

Dans les différentes brigades de l'armée, les régiments suivent la même règle entr'eux, c'est-à-dire que le premier ou le plus ancien se met à la droite de la brigade ; le deuxième à la gauche, le troisième et le quatrième, s'il y en a un quatrième, se mettent au centre.

Dans les brigades qui ferment la gauche des lignes, la gauche est alors le poste d'honneur ; ainsi le premier régiment occupe cette place, et le second la droite, etc. (Q)

POSTE, s. f. (Histoire ancienne et moderne) les postes sont des relais de chevaux établis de distance en distance, à l'usage des couriers chargés de porter les missives, tant du souverain que des particuliers ; ces relais servent aussi à tous les voyageurs qui veulent en user, en payant toutefois le prix réglé par le gouvernement.

La nécessité de correspondre les uns avec les autres, et particulièrement avec les nations étrangères, a fait inventer les postes. Si l'on en croit plusieurs historiens, les hirondelles, les pigeons et les chiens ont été les messagers de quelques nations, avant que l'on eut trouvé des moyens plus surs pour aller promptement d'un lieu dans un autre.

Hérodote nous apprend que les courses publiques, que nous appelons postes, furent inventées par les Perses ; il dit que de la mer grecque qui est la mer Egée, et la Propontide jusqu'à la ville de Suze, capitale du royaume des Perses, il y avait cent onze gîtes ou mansions de distance. Il appelle ces mansions basilicos stathmos, id est mansiones regias, sive diversoria pulcherrima : il y avait une journée de chemin de l'un à l'autre gite ou mansion.

Xénophon nous enseigne que ce fut Cyrus même qui, pour en rendre l'usage facile, établit des stations ou lieux de retraite sur les grands chemins, somptueusement bâties, assez vastes pour contenir un nombre d'hommes et de chevaux, pour faire en peu de temps beaucoup de chemin ; et ordonna aux porteurs de ses ordres qu'à leur arrivée à l'une des postes ou stations, ils eussent à déclarer le sujet de leur course à ceux qui y étaient préposés, afin que des uns aux autres les nouvelles parvinssent jusqu'au roi. Ce fut dans l'expédition de Cyrus contre les Scythes que ce prince établit les postes de son royaume environ 500 ans avant la naissance de Jesus-Christ.

On prenait aussi quelquefois les chevaux et les navires par force. Comme les chevaux destinés aux courses publiques étaient ordinairement poussés à grands coups d'éperons, et forcés de courir malgré qu'ils en eussent ; on donna le nom de cette servitude forcée aux chevaux de poste et aux postillons, lorsque les postes s'établirent chez les Romains. Les Perses appelaient angaries toutes les actions que l'on faisait par contrainte et avec peine. Les Latins adoptèrent ce terme angaria, pour signifier une charge personnelle, une corvée et un cheval de poste. Les Romains appelaient la poste cursus publicus ou cursus clavicularis.

Il n'est pas facîle de fixer l'époque, ni de citer les personnes qui instituèrent l'usage des postes chez les Romains. Selon quelques-uns, lors de l'état populaire, il y avait des postes sur les grands chemins que l'on appelait stationes, et les porteurs de paquets en poste statores ; dès-lors ceux qui couraient étaient obligés d'avoir leurs lettres de postes, que l'on appelait diplomata, sive evectiones, qui leur servaient de passe port pour aller avec les chevaux publics. On trouve dans quelques passages de Ciceron, qu'il donne le nom de stator à ceux qui portaient des paquets en diligence : mais les savants qui sont opposés au sentiment qui fixe dès-lors l'institution des postes romaines, remarquent que Ciceron n'a entendu parler que des messagers qu'il avait envoyés, parce qu'il a dit statores meos, et non pas statores reipublicae ; ce qui semble prouver que les couriers, dont parle Ciceron, étaient ses gens gagés par lui, et que ce n'étaient point des hommes au service de la république.

Il est à présumer que comme Auguste fut le principal auteur des grands chemins des provinces, c'est aussi lui qui a donné commencement aux postes romaines, et qui les a affermies. Suétone, en parlant de ce prince, dit que pour faire recevoir plus promptement des nouvelles des différents endroits de son empire, il fit établir des logements sur les grands chemins, où l'on trouvait de jeunes hommes destinés aux postes qui n'étaient pas éloignés les uns des autres. Ces jeunes gens couraient à pied avec les paquets de l'empereur qu'ils portaient de l'une des stations à la poste prochaine, où ils en trouvaient d'autres tous prêts à courir, et de mains en mains les paquets arrivaient à leurs adresses.

Peu de temps après, le même Auguste établit des chevaux et des chariots pour faciliter les expéditions. Ses successeurs continuèrent le même établissement. Chaque particulier contribuait aux frais des réparations des grands chemins et de l'entretien des postes, sans qu'aucun s'en put dispenser, non pas même les vétérants ; les seuls officiers de la chambre du prince appelés praepositi sacri cubiculi, en furent exemtés.

Au reste, on ne pouvait prendre des chevaux dans les postes publiques sans avoir une permission authentique que l'on appela d'abord diploma, et dans la suite littera evectionum, qui signifie la même chose que nos billets de postes, que l'on est obligé de prendre des commandants dans les grandes villes et dans les places de guerre pour avoir des chevaux ; cet usage s'observait si exactement, qu'au rapport de Capitolin, Pertinax allant en Syrie pour exercer la charge de préfet de cohorte, ayant négligé de prendre des billets de poste, il fut arrêté et condamné par le président de la province à faire le chemin à pied, depuis Antioche jusqu'au lieu où il devait exercer sa charge.

Les empereurs, dit Procope, avaient établi des postes sur les grands chemins, afin d'être servis plus promptement, et d'être avertis à temps de tout ce qui se passait dans l'empire. Il n'y avait pas moins de cinq postes par journée, et quelquefois huit. On entretenait quarante chevaux dans chaque poste, et autant de postillons et de palfreniers qu'il était nécessaire. Justinien cassa les postes en plusieurs endroits, et surtout celles par où l'on allait de Chalcédoine à Diacibiza, qui est l'ancienne ville de Lybissa, fameuse par le tombeau d'Annibal, et située dans le golfe de Nicomédie. Le même auteur, pour donner plus de ridicule à Justinien, avance qu'il établit la poste aux ânes en plusieurs endroits du Levant. C'en est assez sur les postes anciennes.

Quant aux postes modernes, je ne m'arrêterai qu'à celles de France, et je remarquerai d'abord qu'elles étaient bien peu de chose avant le règne de Louis XI. L'an 807 de Jesus-Christ, Charlemagne ayant réduit sous son empire l'Italie, l'Allemagne et partie des Espagnes, établit trois postes publiques pour aller et venir dans ces trois provinces. Les frais étaient aux dépens des peuples. Julianus Taboetius jurisconsulte en parle ainsi : Carolus magnus populorum expensis, tres viatorias stationes in Galliâ constituit, anno Christi octingentesimo septimo primam propter Italiam à se devictam, alteram propter Germaniam sub jugum missam ; tertiam propter Hispanias. Mais il y a toute apparence que les postes furent abandonnées sous le règne de Lothaire, Louis, et Charles le Chauve, fils de Louis le Débonnaire et petit-fils de Charlemagne, parce que de leur temps les terres dudit Charlemagne furent divisées en trois, et l'Italie et l'Allemagne séparées de la France.

C'est de Louis XI. que vient proprement l'établissement des postes en France, et non tel qu'il est aujourd'hui en Europe. Il ne fit que rétablir les veredarii de Charlemagne et de l'ancien empire romain. Il fixa en divers endroits des stations, des gîtes où les chevaux de poste étaient entretenus. Deux cent trente couriers à ses gages portaient ses ordres incessamment. Les particuliers pouvaient courir avec les chevaux destinés à ces couriers, en payant 10 sols par cheval pour chaque traite de quatre lieues. Les lettres étaient rendues de ville en ville par les couriers du roi. Cette police ne fut longtemps connue qu'en France. Philippe de Comines, qui a écrit l'histoire de Louis XI. dit qu'auparavant il n'y avait jamais eu de postes dans son royaume. Du Tillet, in chronico reg. Franc. en parle de même, et fixe l'institution des postes à l'an de Jesus-Christ 1477 : il écrit que stathmi et diversoria cursoriis equis à rege Ludovico XI. primum in Galliis constituta, ce qui s'entend des postes de France seulement ; car quant à celles instituées par Charlemagne, ce fut en qualité d'empereur qu'il les établit pour l'Occident, et non pour la France.

Pour ce qui est du nom de poste que l'on donne aux couriers publics, Dutillet assure que Louis XI. voulut qu'on les appelât ainsi, comme pour dire disposés à bien courir, stationarios cursores idiomate gallico postas, quasi bene dispositos ad cursum appelari voluit à graecis , cursores regii. Le nom de poste pourrait aussi venir, à positione, sive dispositione equorum cursui publico deputatorum.

L'histoire de Chalcondyle nous apprend que la poste chez les Turcs consiste à expédier des hommes dressés à la course qu'ils envoyent à pied, lesquels ont le privilège de faire descendre de cheval ceux qu'ils trouvent sur la route, et personne n'oserait désobéir s'agissant des affaires du grand-seigneur. Etant ainsi montés sur ces chevaux de hazard, ils les poussent à toute bride jusqu'à ce qu'ils en rencontrent d'autres ; ils font à ceux-ci pareil commandement, et leur laissent leurs chevaux fatigués ; c'est de cette manière que montés aux dépens d'autrui, ils arrivent au lieu de leur destination ; mais cet usage ne se pratique plus, le grand-seigneur a ses chevaux et ses couriers.

Les postes sont établies au Japon et à la Chine. Voyez POSTES de la Chine, STES du Japonapon.

Quand les Espagnols découvrirent le Pérou en 1527, ils trouvèrent un grand chemin de 500 lieues de Cusco jusqu'à Quito, avec des relais d'hommes fixés de lieue en lieue, pour porter les ordres de l'Inca dans tout son empire, (D.J.)

POSTES de la Chine, (Histoire de la Chine) les postes sont réglées dans tout l'empire de la Chine, l'empereur seul en fait la dépense, et il entretient pour cela une infinité de chevaux. Les couriers partent de Péking pour les capitales des provinces. Le viceroi qui reçoit les dépêches de la cour, les communique incontinent par d'autres couriers aux villes du premier ordre ; celles-ci les envoyent aux villes du second ordre qui sont de leur dépendance ; et de celles du second ordre aux villes du troisième ; ainsi toutes les provinces et toutes les villes ont communication les unes avec les autres. Quoique ces postes ne soient pas établies pour les particuliers, on ne laisse pas de s'en servir en donnant quelque chose au maître du bureau, et tous les missionnaires en usent avec autant de sûreté, et avec beaucoup moins de dépense qu'ils ne font en Europe.

Comme il est d'une extrême importance que les couriers arrivent à temps, les mandarins ont soin de tenir tous les chemins en état ; et l'empereur, pour les y obliger plus efficacement, fait quelquefois courir le bruit qu'il doit lui-même visiter certaines provinces. Alors leurs gouvernements n'épargnent rien pour en réparer les chemins ; parce qu'il y Ve ordinairement de leur fortune, et quelquefois de leur vie, s'ils se négligeaient sur ce point. Mais quelque soin que les Chinois se donnent pour diminuer la peine des voyageurs, on y souffre néanmoins presque toujours une incommodité très-considérable, à laquelle ils ne peuvent remédier.

Les terres qui sont très-légères et toujours battues par une infinité de gens qui vont et viennent à pied, et à cheval, sur des chameaux, dans des litières et sur des chariots, deviennent en été un amas prodigieux de poussière très-fine, qui étant élevée par les passants et poussée par le vent serait quelquefois capable d'aveugler, si on ne prenait des masques ou des voiles. Ce sont des nuages épais, au-travers desquels il faut continuellement marcher, et qu'on respire au lieu d'air pendant des journées entières. Quand la chaleur est grande et le vent contraire, il n'y a que les gens du pays qui puissent y résister. (D.J.)

POSTES du Japon, (Histoire du Japon) pour la commodité des voyageurs, il y a dans tous les principaux villages et hameaux du Japon une poste, qui appartient au seigneur du lieu, où l'on peut trouver en tout temps, à de certains prix réglés, un nombre suffisant de chevaux, de porteurs, de valets, &, en un mot, de tout ce dont on peut avoir besoin pour poursuivre son voyage en diligence. L'on y change aussi de chevaux et de valets, quand ils se trouvent harrassés du chemin, ou qu'on ne les a pas loués pour aller plus loin. Les voyageurs de tout rang et de toute condition se rendent à ces postes, appelés par les Japonais sinku, à cause de la commodité qu'ils ont d'y trouver prêt tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Elles sont à la distance les unes des autres d'un mille et demi, et au-dessus, jusqu'à quatre milles. Ces maisons ne sont pas proprement bâties pour loger du monde, mais simplement pour établir les chevaux et pour empêcher qu'en les changeant ils n'embarrassent les rues, il y a une cour spacieuse pour chacune. Le prix de tout ce qu'on peut louer à ces postes est réglé par tout l'empire, non-seulement suivant la distance des lieux, mais encore suivant que les chemins sont bons ou mauvais, que les vivres ou le fourrage sont plus ou moins chers, et autres choses semblables.

A toutes les postes il y a jour et nuit des messagers établis pour porter les lettres, les édits, les déclarations, etc. de l'empereur et des princes de l'empire, qu'ils prennent au moment qu'on les a délivrées, et qu'ils portent en diligence à la poste prochaine. Ces lettres, etc. sont renfermées dans une petite boite vernie de noir, sur laquelle il y a les armes de l'empereur, et le messager la porte sur ses épaules attachée à un petit bâton. Il y a toujours deux de ces messagers qui courent ensemble, afin qu'au cas qu'il arrivât quelque accident à celui qui porte la boite, l'autre put prendre sa place et remettre le paquet au prochain sinku. Tous les voyageurs de quelque rang qu'ils soient, même les princes de l'empire et leur suite, doivent sortir du chemin et laisser un passage libre à ces messagers, qui prennent soin de les en avertir à une distance convenable, par le moyen d'une petite cloche qu'ils sonnent et qu'ils portent pour cet effet toujours avec eux. (D.J.)

POSTES, s. m. pl. (Architecture) ornements de sculpture, plats, en manière d'enroulements, répétés et ainsi nommés, parce qu'ils semblent courir l'un après l'autre. Il y en a de simples et de fleuronnés, avec des rosettes. On en fait aussi de fer pour les ouvrages de serrurerie. (D.J.)