(Grammaire et Théologie) se dit d'une chose particulièrement offerte et destinée à Dieu, ou attachée à son culte par des cérémonies religieuses et des bénédictions. Voyez CONSECRATION.

Les rais, les prélats, les prêtres sont des personnes sacrées. Les abbés sont seulement bénis. Le soudiaconat, le diaconat et la prêtrise sont des ordres sacrés, qui impriment un caractère saint, et qui ne se perd jamais. Voyez ORDRE.

La coutume de consacrer les rois avec de l'huîle sainte vient, selon Guntlingius, des Hébreux. Grotius est du même sentiment ; mais il ajoute que chez ce peuple on ne sacrait que les rois qui n'avaient pas un droit évident à la couronne. On croit que les empereurs chrétiens ne se firent point sacrer avant Justin, de qui les Goths empruntèrent cette coutume, que les autres nations chrétiennes d'Occident imitèrent depuis. Voyez ONCTION et ROI.

Ce terme s'applique aussi à tout ce qui regarde Dieu et l'Eglise. Ainsi la terre des églises et des cimetières est tenue pour sacrée, c'est pourquoi ce mot locus sacer signifie en droit la place où quelqu'un a été enterré, et c'est un crime capital que de violer les sépultures. Les vases et les ornements qui servent au sacrifice sont également nommés vases et ornements sacrés, avec cette différence que les vases ont ce nom d'une manière plus particulière, servant à recevoir et à renfermer le corps de Jesus-Christ ; aussi punit-on du feu les voleurs et autres qui les profanent. On donne aussi au collège des cardinaux le titre de sacré collège.

On appelle l'empereur et le roi d'Angleterre sacrée majesté, sacra majestas. Titre qui mal à propos a scandalisé quelques écrivains qui l'ont traité de blasphême. L'Ecriture ne nous apprend-elle pas que les rois sont les images de Dieu, qu'ils lui sont spécialement consacrés, et ne les appele-t-elle pas les oints du Seigneur ?

Les anciens regardaient comme sacrée une place où le tonnerre était tombé. Voyez BIDENTAL, FULGURITUM et TONNERRE.

SACRE, adj. ce qui appartient à l'os sacrum. Les nerfs sacrés passent en partie par le grand trou antérieur de l'os sacrum, et par les échancrures latérales de l'extrémité de cet os et du coccyx : ils sont au nombre de six paires. La première est fort grosse, la seconde l'est moins, et les autres diminuent successivement. Les quatre premières paires s'unissent ensemble dès leur entrée dans le bassin pour former le nerf sciatique : elles fournissent outre cela plusieurs filets aux vésicules séminales, aux prostates, à l'uterus, aux trompes de Fallope, à la vessie, au rectum, au corps caverneux, à leurs muscles, et aux autres parties voisines.

Les deux dernières paires des nerfs sacrés sont très-petites, et se distribuent à l'anus et au tégument voisin.

Les artères sacrées sont des rameaux de l'aorte inférieure et de l'hypogastrique ; elles se distribuent à l'os sacrum.

SACRE, cap, (Géographie ancienne) sacrum promontorium, nom commun à plusieurs caps, dont l'un est, selon Ptolémée, un cap de Lusitanie, aujourd'hui le cap de S. Vincent en Portugal.

Un autre de ce nom est en Irlande, dans la partie méridionale de la côte orientale, selon le même Ptolémée, l. II. c. IIe Ce cap est aujourd'hui nommé Concarne sur les cartes.

Un troisième est dans l'île de Corse, au nord de la côte orientale. C'est aujourd'hui cabo Corso.

Un autre est dans la Sarmatie en Europe. C'est la pointe orientale de la langue de terre, que les anciens appelaient Achilleos dromos, la course d'Achille.

Un cinquième est en Asie dans la Lycie, entre l'embouchure du fleuve Limyros et la ville d'Olympe, selon Ptolémée, l. V. c. IIIe Sophien l'appelle cabo Chelidoni, d'où les interpretes ont pris leur caput Chelidoniae.

Un sixième est à l'entrée du Pont-Euxin, selon Zozime, l. II. à 200 stades de Chalcédoine, c'est-à-dire à 25 milles anciens, qui font 5 lieues, de 4000 pas géométriques ; d'autres le nomment Hieron Oros. (D.J.)

SACRES jeux, (Antiquité grecque et romaine) c'était ainsi qu'on nommait chez les Grecs et chez les Romains tous les jeux faits pour rendre un culte public à quelque divinité. Comme ces jeux ou spectacles entraient dans les cérémonies de la religion, c'est pour cela qu'on les appelait sacrés et divins. Tels étaient les quatre principaux jeux de la Grèce, appelés olympiques, pythiques, néméens et isthmiques : tels étaient chez les Romains les capitolins, les apollinaires, les céréaux, les martiaux, etc. Les honneurs divins ayant été déférés dans la Grèce aux empereurs ; les Grecs firent célébrer en l'honneur de ces princes des jeux sacrés sur le modèle de ceux qui avaient été primitivement institués en l'honneur des dieux. (D.J.)

SACREE année, (Art numismatiq.) , et année nouvelle sacrée, , inscriptions qu'on lit sur plusieurs médailles frappées par des villes grecques de l'Orient.

Les villes d'Orient offraient des sacrifices, des vœux publics, et donnaient des spectacles magnifiques à l'avénement des empereurs au commencement de leur année civile, et aux jours anniversaires de leur avénement à l'empire.

Ces villes donnaient le nom d'année sacrée à leurs années, à cause de la solennité des sacrifices et des jeux qui faisaient partie du culte religieux.

Elles appelaient à l'exemple des Romains année nouvelle première le jour de l'avénement des princes en quelque mois de l'année qu'il arrivât, comme Séneque l'assure de l'avénement de Néron, et comme une médaille de la ville d'Anazarbe le prouve pour l'avénement de Trajan Dece.

Elles distinguaient la solennité du commencement de l'année civile, et la solennité anniversaire de l'avénement à l'empire par l'inscription de l'année nouvelle sacrée, et par l'inscription de l'année sacrée que l'on gravait sur les médailles que l'on faisait frapper pour-lors. (D.J.)

SACREE chose, (Antiquité romaine) les lois romaines ont divisé les choses en sacrées, religieuses et saintes. Celles qui avaient été consacrées aux dieux solennellement par les pontifes, ou qui avaient été dédiées au culte des dieux étaient appelées sacrées. Les devoirs rendus aux morts, et tout ce qui concernait la sépulture, étaient du nombre des choses religieuses. L'on appelait choses saintes celles qui étaient en quelque manière sous la protection des dieux, comme les murs et les portes d'une ville. On a indiqué dans cet ouvrage la formule qu'on employait pour la consécration des choses qu'on dévouait au service des dieux, et nous avons une infinité d'inscriptions qui font connaître que les sépulchres rendaient sacré le lieu où ils étaient élevés. (D.J.)

SACREE guerre, (Histoire grecque) il y a eu trois guerres sacrées. La première éclata contre les Crisséens, qui exigèrent de gros droits des pélerins de Delphes, et pillèrent le temple d'Apollon ; la guerre leur fut déclarée par l'ordre de l'oracle et des amphyctions ; ils soutinrent un siege de dix ans dans leur ville, qui fut enfin emportée d'assaut. La seconde guerre sacrée s'éleva contre les Phocéens et les Lacédémoniens ; elle dura neuf ans, et finit par la mort de Philomélus, chef des Phocéens, qui voyant son armée défaite, se précipita du haut d'un rocher. La troisième guerre sacrée, autrement nommée la guerre des confédérés, se renouvella entre les mêmes peuples ; les Phocéens soutenus d'Athènes et de Lacédémone, s'unirent contre les Thébains et les Thessaliens ; et ces derniers appelèrent à leur secours Philippe de Macédoine, qui, par son génie et son habileté, devint maître de toute la Grèce. Diodore de Sicîle et Pausanias ont eu l'art de nous intéresser à leurs descriptions de toutes ces guerres, comme si elles se faisaient de nos jours. (D.J.)

SACREE colline, (Géographie ancienne) sacer collis ; colline d'Italie, au bord du Teveronne. Elle était, selon Tite-Live, l. II. c. xxxij. à 3 milles de Rome, et à l'autre bord du Teveronne. Il l'appelle sacer mons, et il panche plus pour ceux qui croient que le peuple romain s'y retira, lorsqu'il se brouilla avec ses magistrats, que pour ceux qui disent que ce fut sur le mont Aventin. Valere Maxime, l. VIII. c. ix. nomme aussi la colline sacrée en parlant de cette sédition du peuple. Il dit : Regibus exactis, plebs dissidents à patribus, juxtà ripam Anienis, in colle qui sacer appelatur, armata consedit. (D.J.)